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Vache folle : l’agent de la forme humaine transmissible par le sang

Des chercheurs de l'Inra démontrent que les globules et le plasma sanguins possèdent la capacité de transmettre l'infection.

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Publié le 12 décembre 2013 à 18h03, modifié le 12 décembre 2013 à 18h05

Temps de Lecture 3 min.

En août 2000, des  bêtes sont chargées dans un camion pour être conduites à l'abattoir après la découverte d'un vache atteinte de la maladie de la vache folle (EBS).

L’agent infectieux responsable du nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (nvMCJ) est bien susceptible d’être transmis par le sang de malades atteints de cette maladie dégénérative frappant le système nerveux central. En partenariat avec des collègues européens, l’équipe d’Olivier Andreoletti (Inra, Ecole nationale vétérinaire de Toulouse) en a fait la démonstration expérimentale sur un modèle animal. Les résultats de ses travaux sont parus en ligne, mercredi 11 décembre, en avant-première, dans la revue Emerging Infectious Diseases, publiée par les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) américains.

Affection neurodégénérative, la maladie de Creutzfeldt-Jakob est due à l’accumulation dans les tissus humains d’un agent infectieux, le prion, de nature protéique. Il s’agit d’une forme pathologique (PrPSC) qui ne diffère de la forme normalement présente dans l’organisme que par sa configuration dans l’espace : la protéine est mal repliée. La découverte en 1982 de ce type inhabituel de mécanisme infectieux (impliquant habituellement des organismes possédant un matériel génétique, comme les bactéries, les virus ou les champignons) a valu à Stanley Prusiner le prix Nobel de médecine en 1997.

A côté des formes familiales, d’origine génétique, et de celles dites « sporadiques », dont la cause est inconnue, existe une variante découverte en 1996. Cette dernière est provoquée par l’exposition par voie alimentaire à l’agent de la maladie de la vache folle (encéphalopathie spongiforme bovine). L’épidémie est apparue au Royaume-Uni, où les bovins ont été nourris par des farines animales dans la composition desquelles figuraient des bêtes infectées.

La possibilité de la transmission du prion pathologique a été évoquée dès 1997 sur la base de travaux sur des souris, amenant à de nouvelles mesures pour renforcer la sécurité transfusionnelle, après celles consécutives au scandale du sang contaminé par le VIH et par celui de l’hormone de croissance contaminée la forme classique du prion pathologique. C’est ainsi qu'en France, les personnes ayant été transfusées ont été exclues en 1996 de la possibilité de donner leur sang. Puis, la même mesure a été adoptée en 2000 à l’égard des individus cumulant plus d’une année de séjour au Royaume-Uni entre 1980 et 1996, en raison d’un risque majoré d’exposition à l’agent du nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. S’y ajoutaient des mesures de filtration permettant d’éliminer les globules blancs du sang (« déleucocytation ») afin de réduire le risque infectieux, mises en place en France en 1998 et, en 2000, au Royaume-Uni.

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Depuis 1996, la France a compté 27 cas de nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Sur les plus de 250 cas au Royaume-Uni, quatre cas (trois accompagnés de manifestations cliniques et un sans symptôme) résulteraient vraisemblablement d’une transmission par transfusion de sang n’ayant pas fait l’objet de mesures de déleucocytation. Un cinquième cas chez un patient hémophile pourrait être dû à une transfusion de plasma sanguin.

Jusqu’ici, les démonstrations expérimentales, par l’injection intracérébrale à une souris de morceaux de cerveau infecté se faisaient à une dilution beaucoup plus importante que celles reflétant les conditions de la vie réelle. L’équipe d’Olivier Andreoletti a développé une méthode possédant une sensibilité suffisante pour détecter la capacité du sang à transmettre l’infection à des niveaux très faibles chez des souris transgéniques ayant une grande susceptibilité aux prions pathologiques. Puis, ils ont injecté à leurs souris transgéniques des fractions du sang provenant de malades infectés par le nvMCJ (globules rouges, globules blancs et plasma).

« Comme dans les cas anglais, l’infectiosité par le biais des globules blancs et rouges a été mise en évidence et nous pouvons rétrospectivement nous féliciter des décisions prises dès 1998 par les autorités françaises. Mais, nous avons également mis en évidence la capacité du plasma (dépourvu de cellules) à transmettre l’infection, ce qui soulève un problème pour les médicaments dérivés du sang », constate Olivier Andreoletti.

Même si l’étude française portait sur un effectif limité (24 souris), elle représente une contribution significative à l’évaluation du risque de transmission par voie sanguine entre individus de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. « Il serait souhaitable de reprendre une évaluation de ce risque pour évaluer la pertinence des mesures en place pour prévenir la transmission de l’infection par le nvMCJ et poursuivre les recherches pour mettre au point un test de détection sanguin pour le prion pathologique », estime Olivier Andreoletti.

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