L'Iran rompt les négociations sur le nucléaire en raison de la «liste noire» américaine

L'Iran rompt les négociations sur le nucléaire en raison de la «liste noire» américaine

    La communauté internationale avait salué une entente «historique», le 24 novembre dernier. Il n'aura pas fallu beaucoup de temps avant que l'accord de Genève sur le nucléaire iranien ne patine. Retournement spectaculaire, ce jeudi : l'équipe d'experts iraniens a interrompu ses négociations qu'elle menait avec le groupe dit des «5+1», soit Chine, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Russie, France et Allemagne.

    Signé le 24 novembre dernier, après cinq jours de négociations intenses à Genève, entre l'Iran et les «5+1», l'accord préliminaire de Genève vise à garantir à la communauté internationale la nature purement pacifique de son programme nucléaire (voir encadré).

    Une liste noire «contraire aux accords»

    C'est la «black list» des Etats-Unis qui a exaspéré les Iraniens, à quelques semaines de la ratification de l'accord. En application de sanctions existantes, Washington a annoncé ce jeudi avoir ajouté à leur liste noire, née après le 11 septembre, une dizaine d'entreprises et d'individus, en majorité iraniens, soupçonnés de commercer illégalement avec l'Iran. Ces sociétés et dirigeants verront leurs éventuels avoirs aux Etats-Unis gelés, et toute société américaine ou faisant des affaires aux Etats-Unis a désormais interdiction de commercer avec eux.

    Les Etats-Unis maintiennent ainsi une pression sur l'Iran, traduisant une politique de fermeté. L'Iran dénonce cet acte, le jugeant «contraire à l'esprit de l'accord de Genève» sur le nucléaire iranien dans lequel les grandes puissances s'engagent à ne pas décréter de nouvelles sanctions contre l'Iran, estime le négociateur iranien Abbas Araghchi. «Nous examinons la situation et nous aurons une réaction appropriée», a-t-il ajouté, laissant planer le doute.

    Pour le secrétaire au Trésor américain, Jacob Lew, «l'allègement qui a été offert ne représente qu'une fraction des sanctions dont la pression continuera de se faire sentir durant les six prochains mois.» Jacob Lew, qui s'exprimait ce jeudi à Washington a prévenu : « Les PDG (...) ou les hommes d'affaires qui penseraient que c'est le moment de tester notre détermination devraient y réfléchir à deux fois ».

    L'accord de Genève : allègement des sanctions contre gel du nucléaire

    Un accord inespéré. Après plusieurs rounds de tractations, les 5+1 et l'Iran sont parvenus à une entente jugée jusque là improbable, le 24 novembre dernier. Téhéran s'engage à ne pas construire de nouveaux sites d'enrichissement, à ne pas produire, ni installer de centrifugeuses. L'Iran assure également qu'elle n'enrichira plus d'uranium au-delà de 5% d'isotope U235, la teneur nécessaire pour produire de l'électricité. Téhéran devra enfin démanteler dans les six prochains mois son stock de 186 kilos enrichi à 20 % qui préoccupait la communauté internationale.

    Un stock qui aurait facilement pu être enrichi à 90 %, soit la teneur requise pour concevoir une bombe atomique. En échange des engagements iraniens, les «5+1» ont soutenu qu'ils allégeraient les sanctions économiques. Une opportunité pour la République islamique : alors que cette dernière est financièrement asphyxiée par ses sanctions, cet accord pourrait soulager son économie.

    Avec 79 millions de consommateurs potentiels, les besoins de l'Iran sont immenses. Nul doute que l'Accord de Genève pourrait ouvrir la voie du marché iranien, riche en énergies (pétrole, gaz...) que les entreprises du groupe 5+1 considèrent déjà comme un «futur Eldorado».