Décès d'une grande ballerine russe

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DanseDécès d'une grande ballerine russe

La danseuse classique Maïa Plissetskaïa est décédée à l'âge de 89 ans, a annoncé samedi le directeur du théâtre du Bolchoï à Moscou Vladimir Ourine.

Maïa Plissetskaïa avait reçu la Légion d'honneur en 2012.

Maïa Plissetskaïa avait reçu la Légion d'honneur en 2012.

«Elle est morte d'une crise cardiaque. Les docteurs ont tout essayé, mais ils n'ont rien pu faire», a annoncé M. Ourine cité par l'agence de presse russe TASS. Son décès est survenu en Allemagne, a-t-il précisé. Il a encore ajouté avoir été informé par le mari de la ballerine, le compositeur russe Rodion Chtchedrine.

Vladimir Poutine a exprimé ses condoléances aux proches de la danseuse dans un communiqué publié par son service de presse.

Née le 20 novembre 1925 à Moscou, Maïa Plissetskaïa a très peu connu ses parents. Son père, ingénieur, avait été fusillé en 1938 sous Staline, et sa mère, actrice de cinéma, avait été envoyée dans un camp au Kazakhstan comme «membre de la famille d'un traître à la patrie». Maïa avait ensuite été recueillie par son oncle et sa tante.

Allergique à Staline

La danseuse est entrée au Bolchoï en 1943, où elle s'est très vite imposée comme l'une des meilleures danseuses de sa génération. Brillante dans les grands classiques du répertoire du Bolchoï, elle s'est également distinguée pour avoir défié le régime soviétique, qui qualifia de scandaleuse son interprétation de certains ballets.

Un soir, Joseph Staline a décidé de célébrer son anniversaire au Bolchoï. «J'avais peur. J'étais morte de trac et le parquet était une véritable patinoire. Je scrutais sans cesse le public, cherchant qui était responsable du malheur de ma famille», se souvenait Maïa Plissetskaïa dans ses mémoires.

Elle restera jusqu'au bout méfiante face au pouvoir dans son pays, exprimant en 2000 son «aversion» face à la décision du président Poutine de rétablir l'hymne stalinien avec de nouvelles paroles.

«Ave Maïa» de Béjart

Maïa Plissetskaïa dansera pendant presque 50 ans au Bolchoï, dépassant de loin l'âge de la retraite habituellement observé par les ballerines russes. En 2005, à l'âge de 80 ans, elle avait interprété au Kremlin «Ave Maïa» que lui avait dédié Maurice Béjart.

«Maïa Plissetskaïa a assimilé la grande tradition, l'a digérée, ce qui lui a permis de gagner la liberté. Quoiqu'elle danse, je sens en elle une force vitale énorme, la sensualité, mais avant tout la modernité», avait dit d'elle Maurice Béjart. Pour le chorégraphe, Maïa Plissetskaïa était la «dernière légende vivante de la danse».

«L'essentiel est d'être une artiste et de comprendre pourquoi tu es sur scène. Il ne suffit pas de bien lever la jambe», assurait la danseuse pour expliquer le secret de son succès.

Elle était l'une des deux seules ballerines de l'ex-URSS à avoir été sacrée «Prima ballerina assoluta» (danseuse étoile absolue). (ats)

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