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AntiterrorismeNouveau filet pour piéger les djihadistes de retour en France

Les djihadistes font l'objet d'une traque sans relâche par les autorités françaises.

Au cours des premiers mois de l'insurrection syrienne, il était relativement facile de savoir ce qu'y faisaient (ou se vantaient d'y faire) les apprentis-jihadistes. Il suffisait de surveiller internet et les réseaux sociaux et de faire des captures d'écran sur lesquels ils apparaissaient souvent kalachnikov en main, juchés sur des blindés, l'index levé, ou brandissant des têtes tranchées.

«Cela nous servait de preuves, mais ils ont compris. Des preuves, il y en a de moins en moins», confie un haut responsable de la lutte antiterroriste, qui demande à rester anonyme. «Les chefs de l'État islamique aussi ont compris que c'était une mine d'or pour les services de renseignement du monde entier. Ils ont passé des consignes de silence, confisquent les portables».

«Alors maintenant, si on a des preuves d'exactions contre l'un d'eux, c'est la justice et la prison de suite. Mais si on n'en a pas, on essaie de le débriefer», poursuit-il. «On leur présente des albums-photo : Alors celui-là tu l'as vu. Qu'est-ce qu'il faisait? On essaie d'accrocher les gars par ricochets. Mais parfois, quand il n'y a rien, il n'y a rien...»

La méthode a récemment été confirmée par le juge antiterroriste Marc Trévidic. Dans un entretien à la chaîne de télévision France 2, il expliquait : «Avec le nombre de gens qui sont rentrés, on a fait des planches photo de Français et de Belges. En présentant ces photos à des personnes revenues, on demande à tout le monde Qu'est-ce qu'il a fait celui-là ? Qui tu reconnais sur la planche photo ? Ils répondent : Ah ben lui je l'ai vu, il était à Raqqa... Lui il était dans la police islamique, lui il a combattu, lui il a participé aux exécutions sur la place publique».

Stratégique

Devant les enquêteurs, ceux qui ont renoncé à l'hijra (émigration définitive dans un pays où s'applique la charia) et affirment avoir renoncé au jihad «Ils tiennent à peu près tous le même langage», explique le magistrat : «ils disent +nous sommes allés là-bas, nous avons vu des atrocités et ça nous a décidés à revenir+».

«Alors après on revient vers eux en disant : Il y a tes petits copains, là, qui nous disent que tu n'étais pas si dégoûté que ça... Ça t'es venu tardivement, on dirait, ajoute Marc Trévidic.

Si la grande majorité de ceux qui rentrent de Syrie, même s'ils peuvent garder des convictions islamistes radicales, ne vont pas passer à l'action violente et reprennent le cours de leur vie, une petite minorité, à l'image de Mehdi Nemmouche, auteur de la tuerie du musée juif de Bruxelles, peut choisir de frapper en Europe, estiment les enquêteurs. Toute la difficulté est de les trouver.

Les chiffres officiels, qui sont en fait plutôt des estimations, font état d'environ 430 Français présents dans la zone syro-irakienne tenue par le groupe Etat islamique ou d'autres groupes djihadistes et de plusieurs centaines déjà rentrés en France. Parmi eux, 190 font l'objet d'un placement sous contrôle judiciaire.

Mais les services spécialisés craignent qu'il ne s'agisse là que de la partie émergée de l'iceberg.

«Combien sont partis et revenus sans qu'on le sache?», s'interroge le même haut responsable.»Ce n'est pas difficile. Il faut éviter l'avion, sortir de France en voiture ou même à pied, par un petit chemin, à un kilomètre du poste-frontière. Ceux qui font ça sont les plus malins, donc potentiellement les plus dangereux. Ceux-là, ils sont dans la nature».

«De toute façon, face au nombre de personnes concernées, il y a un effet de masse», conclut-il.De nouvelles lois, les augmentations d'effectifs, c'est bien. Mais il faut accepter le fait qu'on ne pourra jamais tout contrôler, tout parer, mettre tout le monde sous écoutes. Il y aura d'autres attaques».

AFP