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FN et croix de Lorraine : un "contresens" pour les gaullistes

Florian Philippot, vice-président du Front national, utilise le symbole gaulliste de la croix de Lorraine pour sa campagne municipale. Une étape supplémentaire dans la récupération de la figure du général de Gaulle par le parti d’extrême-droite. Henri Guaino et Jean Charbonnel, ancien ministre de l’homme du 18-Juin, dénoncent au JDD.fr une confusion des genres.

Olivier Faye , Mis à jour le
Les défenseurs du gaullisme condamnent la reprise de la croix de Lorraine par le Front national.
Les défenseurs du gaullisme condamnent la reprise de la croix de Lorraine par le Front national. © PHOTOPQR/L'EST REPUBLICAIN

La flamme rouge et bleue du Front national vient lécher les deux traverses de la croix de Lorraine : pour sa campagne municipale à Forbach (Moselle), Florian Philippot, vice-président du FN, a décidé de mêler dans un même logo le symbole du gaullisme avec l’emblème de son parti, comme l’indiquait le JDD dans son édition de dimanche. Une étape supplémentaire dans la récupération de la figure du général de Gaulle, dont se revendique le bras droit de Marine Le Pen.

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"Je réagis avec indignation à cette initiative, c’est un contresens complet, s’émeut Jean Charbonnel, ancien ministre de la Coopération du général de Gaulle joint par leJDD.fr. Le gaullisme, c’est l’exaltation de la nation française, mais en rien le nationalisme. C’est la volonté d’ouvrir la France sur le monde. Le lepénisme, c’est une France rabougrie et fermée sur elle-même."

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Une confusion entre gaullisme et souverainisme

Depuis des mois, le parti frontiste se proclame seul héritier véritable de la politique menée par l’homme du 18-Juin. Début novembre, Marine Le Pen a ainsi déclaré que l’UMP avait "trahi" la mémoire du grand homme. "Comment des gens peuvent se dire héritiers du général de Gaulle en bradant au quotidien la souveraineté de la France?", s’était interrogée la présidente du Front national.

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Or, "le souverainisme et le gaullisme sont loin de se confondre", note le député UMP Henri Guaino, joint par leJDD.fr. "On peut défendre la souveraineté sans être gaulliste : les communistes aussi ont voté contre le traité de Maastricht ! Et si l’on avait dit au Général de Gaulle qu’il était souverainiste, il ne se serait certainement pas reconnu dans ce qualificatif. Pour lui la souveraineté n’était pas une fin en soi mais un moyen au service d’une certaine idée de la France."

Selon Jean Charbonnel, une confusion s’établit aujourd’hui entre les notions de gaullisme et de souverainisme : "Ce n’est pas la même chose, souligne l’ancien député-maire de Brive-la-Gaillarde (Corrèze). Il ne faut pas oublier que le Général a fait appliquer le traité de Rome, puis accordé une place à la politique agricole commune, qui supposait une délégation de souveraineté. En revanche, il n’aurait jamais accepté d’ordres émanant de la Commission européenne. Il aurait considéré cela comme un outrage à la France."

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Florian Philippot s’est rendu à Colombey-les-deux-Eglises sur la tombe du général peu après son intégration au parti en 2009. Un acte répété depuis. Ce qui n’est pas pour plaire à son président d’honneur, Jean-Marie Le Pen : "J’ai trouvé ce geste superflu, a déclaré aux Inrockuptibles en mars dernier l’ancien candidat à la présidentielle. Je pense que c’était un relatif manque de discrétion par rapport à un parti politique dans lequel il venait juste d’entrer et à qui il imposait cet acte de communication. Ça a choqué une partie importante du mouvement, les pieds-noirs, les harkis, les gens de l’Algérie française, qui avaient de fortes raisons de ne pas être gaullistes."

Lire sur ce sujet : "Défilé de personnalités politiques à Colombey"

"Une mue idéologique permanente"

A sa création en 1972, le Front national constitue en effet un rassemblement de farouches antigaullistes, anciens de l’OAS (Organisation armée secrète) ou de la collaboration. "Tout au long de son histoire, le FN s’est construit contre le mouvement gaulliste, confirme au JDD.fr le journaliste David Doucet, auteur d’une Histoire du Front national. De plus, aucun gaulliste d’envergure ne les a jamais rejoints à ma connaissance."

C’est sous l’impulsion de Florian Philippot, éminence grise de Marine Le Pen, que le parti d’extrême-droite s’est peu à peu réclamé du gaullisme. "Ils sont dans une mue idéologique permanente, note David Doucet. Dans les années 80, le FN se disait libéral ; dans les années 90, avec Mégret, il se revendiquait plus identitaire ; aujourd’hui, avec Philippot, c’est le gaullisme."

Pour contrer cette mutation, Henri Guaino, auteur lundi dans Le Monde d’une tribune contre le FN , appelle à ne pas oublier les origines de ce parti : "Chaque groupe humain possède une culture, une origine, une histoire à imprimer à ce parti, une conception particulière du pouvoir. Certes, ce n’est plus un ramassis de fascistes ou de nostalgiques du nazisme réunis par un anti-gaullisme viscéral, mais cela n’en fait pas pour autant un parti gaulliste."

Retrouvez également la lettre des jeunes gaullistes publiée dimanche par leJDD.fr sur le sujet.

Source: leJDD.fr

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