Qui virer du Panthéon pour faire de la place aux femmes ?

Qui virer du Panthéon pour faire de la place aux femmes ?

Hollande veut faire entrer une femme au Panthéon. Avec 72 hommes pour 2 femmes, on est en effet loin de la parité. Rue89 vous propose une appli pour mieux connaître les panthéonisés et savoir qui, selon vous, mériterait d’en sortir.

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François Hollande l’a promis : la prochaine personnalité inhumée au Panthéon sera une femme. C’est qu’il y a de la marge. Seules Marie Curie et Sophie Berthelot reposent au sein du « Temple de la patrie ». A côté de 70 hommes. Et encore, Sophie Berthelot n’est là que pour sa « vertu conjugale ». Ne faisant qu’accompagner son mari, le chimiste Marcellin Berthelot, elle n’est pas à proprement parler « panthéonisée ».

Les associations féministes ont adressé à François Hollande une pétition pour pousser, entre autres, les dossiers de Louise MichelSimone de BeauvoirGermaine TillionOlympe de Gouges et de la Mulâtresse Solitude. Avant d’inciter à voter pour l’une de ces dernières via la consultation lancée le 2 septembre sur le site du Centre des monuments nationaux. 

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Les résultats du vote devraient être connus à la fin du mois de septembre, avant une éventuelle décision du président de la République.

Trop de comtes d’Empire

Mais à force de faire entrer des gens au Panthéon, on finit par se demander si la montagne Sainte-Geneviève ne va pas déborder d’ossements, de cœurs en urnes, de cendres et de cercueils pleins ou vides. Le temps ne serait-il pas venu de faire un peu de place pour faire entrer des femmes ? 

A-t-on besoin, par exemple, d’un tel bataillon de comtes d’Empire ? Sous Napoléon, ils sont une quarantaine de dignitaires, pour la plupart morts dans leurs sièges de sénateurs, a avoir été placés dans les caveaux du bâtiment. 

Jean-François Decraene, auteur du « Petit dictionnaire des grands hommes du Panthéon », a un avis tranché sur la question :

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« Personnellement, je pense qu’ils n’ont rien à faire là. Le Panthéon étant le réceptacle des vertus civiques, valeurs exemplaires de l’unité nationale. »

Reprise des expulsions

Et puisqu’on est lancé, pourquoi ne pas retirer les restes de Soufflot, Schoelcher et Berthelot qui, eux aussi, sont inhumés là pour des raisons toutes différentes de celles évoquées dans le décret fondateur (datant du 4 avril 1791) ?

  • Soufflot est l’architecte du Panthéon. C’est lui qui a demandé a y être inhumé. Ce qui fut fait en 1829. Sans « panthéonisation » ;
  • Schœlcher : on ne parle pas de Victor, figure de l’abolition de l’esclavage, mais de Marc, son père. Ce dernier partage une sépulture avec son fils. En loucedé ;
  • n’en déplaise à la parité, Sophie Berthelot n’a rien à faire là. D’autant que la mention « vertu conjugale » en irrite beaucoup.

Tant qu’on y est, on bloquera également l’arrivée du crâne de Descartes. Le transfert du philosophe a bien été décidé par les révolutionnaires, mais le décret ne fut jamais mis en application. Depuis, la chose est disputée par François Fillon et des parlementaires amateurs de « panthéonade ».

D’un seul coup, on passe de 72 personnes inhumées à une petite trentaine. De quoi rétablir plus facilement la parité.

Trop plein en 2697

Arrêtons cette pulsion « table rase » un instant. Louis-Philippe Ier a porté le nombre de places disponibles dans le bâtiment à 300. Il reste donc 228 emplacements disponibles. A raison d’une inhumation tous les trois ans (moyenne depuis 1791), le bâtiment ne débordera qu’en 2697. Le temps de voir venir.

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Qu’importe. Voici d’autres sépultures que l’on pourrait sucrer : 

  • celle de Condorcet  : son tombeau est vide car son corps, jeté dans une fosse commune, n’a jamais été retrouvé. N’en déplaise à ce grand philosophe, père de la notion de progrès, une plaque sur un mur pourrait suffire. C’est d’ailleurs ce à quoi on eu le droit Henri Bergson, Aimé Césaire et Saint-Exupéry ;
  • même chose pour le résistant Jean Moulin : il est peut-être l’un de ceux qui méritent le plus d’y être, mais ses restes n’ont jamais pu être identifiés. Ce sont ses cendres « présumées » qui se trouvent au Panthéon. 

On pinaille injustement. D’autant que d’autres sépultures sont aussi biens légères (celles de Voltaire et Rousseau, ouvertes en 1897 par le chimiste Marcellin Berthelot).

« Le premier entré, le premier sorti »

Impossible d’enlever des urnes ou des cercueils ? Pourtant cela s’est déjà fait (sous des conditions un peu particulières, il est vrai) :

  • Mirabeau fut éjecté du bâtiment après la découverte de sa correspondance avec Louis XVI et l’Angleterre. « Le premier entré, le premier sorti », commente Pascal Monnet, administrateur aux Monuments nationaux ;
  • le révolutionnaire Marat, jugé un peu trop tranchant pour coller à la mystique républicaine, a lui aussi été retiré ;
  • les restes de Louis-Joseph-Charles-Amable d’Albert de Luynes, aristo rallié au Tiers Etat, ont été rendus à sa famille (à sa demande) ;
  • même chose pour Louis-Michel Le Peletier de Saint-Fargeau, « premier martyr de la Révolution ».

Et vous, riverains, qui retireriez-vous du Panthéon pour faire un peu de place ?

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