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Irak

Irak: les témoignages d'habitants de Mossoul, «prison à ciel ouvert»

Il y a un an, Mossoul, deuxième ville d’Irak, tombait entre les mains des jihadistes. Depuis, sa population a fui massivement passant de quatre à deux millions d’habitants. Ceux qui sont restés se sentent piégés puisque Mossoul est devenue une prison à ciel ouvert. Le groupe Etat islamique leur interdit formellement de partir et les contraint à vivre sous le règne de la terreur. Un habitant de Mossoul en témoigne. Il vient de quitter la ville clandestinement. 

La ville irakienne de Mossoul a été conquise par les jihadistes du groupe Etat islamique il y a un an.
La ville irakienne de Mossoul a été conquise par les jihadistes du groupe Etat islamique il y a un an. REUTERS/Stringer
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Au téléphone, il insiste : son anonymat doit être préservé. Lui qui vient de quitter Mossoul dit craindre pour ses proches restés dans cette ville-prison, où la majorité des populations est privée des besoins les plus élémentaires. A Mossoul, conquise il y a un an par les jihadistes, il l’affirme, il n’y a plus de travail et les gens meurent de faim.

« La situation est vraiment, vraiment difficile. Les conditions de vie sont précaires. Les familles n’ont plus de moyens, plus d’argent pour s’offrir ne serait ce que le strict minimum. Les gens ne travaillent pas, il n’y a plus d’emplois. Les seuls qui disposent de moyens ce sont les jihadistes de Daech.

Du coup certaines familles tentent de quitter Mossoul mais elles n’y sont pas autorisées. Celles qui obtiennent le droit de partir doivent présenter des garanties de retour. Elles doivent donner des cautions, généralement ce sont leur propre maison voire tous leurs biens. »

La présence de civils à Mossoul limite les risques de bombardements, estime-t-il. « L’objectif de Daech est que la ville ne se vide jamais de sa population. Comme ça ils s’assurent qu’ils ne seront pas attaqués grâce à la présence des civils. Mossoul est une prison à ciel ouvert tenue par Daech. »

La situation de précarité qui pèse sur la population de Mossoul est, selon lui, voulue par le groupe EI dans un but bien précis : « A cause des problèmes économiques, certains jeunes rejoignent les jihadistes qui leur paient en contrepartie des salaires dérisoires de 150-200 dollars par mois. »

Les jihadistes sont « justes », selon un autre habitant

Mais cette position ne fait pas l’unanimité à Mossoul. Au sein des populations sunnites, jusque là marginalisées par le pouvoir central de Bagdad, l’arrivée des jihadistes a été vécue comme une libération. Abou Mahmoud est un jeune irakien de Mossoul.

« Je vous le jure, avec les jihadistes, il y a une justice. Je vous le jure, vraiment, je vous le jure. Je ne les apprécie pas particulièrement mais au moins ils sont justes. Lorsqu’on porte plainte, même si c’est contre l’un des leurs, ils le punissent. »

Abou Mahmoud parle également de justice sociale. Le groupe Etat islamique aiderait financièrement toutes les familles pauvres de Mossoul. Mais Abou Mahmoud l’avoue, interdiction formelle de quitter la ville. Les seuls autorisés à partir sont les chrétiens, envers qui, il l’assure, Daech ne commet pas d’exactions.

« Nos frères chrétiens vivent parmi nous à Mossoul. Le groupe Daech affirme qu’il respecte les préceptes de l’Islam. Donc les chrétiens sont considérés comme des gens du livre, qui ont un prophète, Jésus, fils de Marie. Ils sont comme nous et notre prophète Mahomet. Donc il n’est pas question de faire de leurs femmes des esclaves sexuelles.

Daech leur dit ne vous mêlez pas de nos affaires et vous pourrez rester parmi nous, si cela ne vous convient pas, vous pouvez partir. Donc les chrétiens peuvent quitter Mossoul contrairement aux musulmans, qui n’y sont pas autorisés. »

En revanche, les Yézidis, une minorité monothéiste, eux, ne sont pas tolérés par le groupe Etats islamique. « Daech ne les considère pas comme des gens du livre parce qu’ils n’ont pas de prophète. Ils sont considérés comme des satanistes adorateurs du feu. Donc les jihadistes font de leurs femmes des esclaves sexuelles », confie Abou Mahmoud.

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