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Libération
AVANT-MATCH

Finale du Top 14 : le péril jaune

par Johan Hufnagel, Directeur en charge des éditions @johanhufnagel
publié le 12 juin 2015 à 19h16

Quand l’ASM Clermont-Auvergne parvient en finale d’une grande compétition, ce qui arrive souvent - comme ce samedi soir face au Stade français, en finale du Top 14 -, les supporters auvergnats savent qu’ils vont devoir encaisser sarcasmes et quolibets. Et souvent des essais. On ne peut pas donner complètement tort aux moqueurs : la spécialité locale en matière de rugby est de collectionner les accessions en finale pour y échouer lamentablement.

Il n’existe aucune autre équipe, quel que soit le sport, et quel que soit le pays, à pouvoir se vanter d’un tel pedigree. Il aura fallu attendre 11 finales de championnat de France pour que les Auvergnats repartent enfin avec le titre. Il y a cinq ans, l’impossible est arrivé. Mais au moment où des milliers de supporters rassemblés autour de la statue de Vercingétorix, héros local trônant place de Jaude, s’enflammaient pour ce titre tant caressé, une légende mourait.

L’ASM n’était plus le mythique club de losers magnifiques, tétanisés par la victoire, incapables de tuer le jeu. Clermont devenait un champion comme un autre qui pouvait comparer sa cheminée avec celle des autres clubs : mais avec un seul titre à y poser, quand Toulouse, par exemple, en aligne 19. Toutefois le compteur était débloqué et on pariait sur un déclic psychologique pour rattraper le temps perdu. Tu parles ! Retour de hype pour la défaite. Trois demi-finales perdues, deux finales européennes gâchées en cinq ans. Sauf que le goût n’est plus le même. Il y en a marre de la glorieuse incertitude du sport à sens unique.

Il faut connaître le cœur des Clermontois - et il est énorme - pour comprendre comment la tendresse des supporters ne s’est pas transformée en colère. Car quand on a goûté à la victoire, la défaite ne passe plus. Jusqu’en 2010, faire partie de l’histoire romantique du sport, ça allait. Depuis, passer pour un club de bisounours à la cervelle de moineau, ça ne fait plus rire. Finalement, ce qui se joue samedi soir au Stade de France pour les Jaunards, c’est plus qu’un second bouclier de Brennus : ça s’appelle la fierté.

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