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Le marché préfère les dividendes à l'investissement

•Les sociétés qui investissent beaucoup ne sont pas récompensées en Bourse.•Les taux bas obligataires favorisent l'intérêt des investisseurs pour les dividendes.

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Par Marina Alcaraz

Publié le 15 juin 2015 à 01:01

N'en déplaise aux politiques et à certains économistes, le marché préfère les dividendes à l'investissement. Malgré les appels réguliers de certains grands gérants - comme BlackRock, qui pousse depuis deux ans les entreprises à la modération en matière de rémunération des actionnaires -, force est de constater que les sociétés qui investissent ne sont pas toujours bien récompensées en Bourse.

Plusieurs études récentes le prouvent. Ainsi, une note de la banque Barclays montre que les entreprises américaines qui investissent une grande partie de leur cash-flow (flux de trésorerie) en investissement font « significativement » moins bien en Bourse que celles qui ont tendance à verser d'importants dividendes ou font des rachats d'actions. Quand bien même cela peut sembler « injuste », observent les stratégistes de la banque.

Même constat pour Citi : le marché a tendance à accorder de meilleures valorisations aux sociétés qui affichent des niveaux d'investissement limités, en relatif. S'il y a quelques exceptions toutefois, notamment dans les secteurs de l'Internet ou des biotech, « aujourd'hui, du moins pour les grandes sociétés, le marché veut des "cash cows" [des vaches à lait, NDLR] », indiquent les stratégistes de Citi, autrement dit des entreprises généreuses avec leurs actionnaires. Et les directeurs généraux qui ignorent cela risquent de devenir la cible des investisseurs activistes. Qu'il ait raison ou tort, le marché, en général, finit par avoir ce qu'il désire, expliquent en substance les auteurs de l'étude.

De fait, l'investissement des sociétés mondiales cotées a baissé de 6 % en 2014, tandis que les dividendes et rachats d'actions ont progressé de 15 % selon les estimations de la banque. Une tendance qui devrait continuer.

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Investissement maîtrisé

Le scepticisme du marché à l'égard des investissements n'est pas totalement injustifié. L'abus d'investissement peut nuire à la profitabilité. « Lorsqu'une entreprise investit, elle incite d'autres du même secteur à faire pareil, d'où des pressions sur les prix et une baisse de la rentabilité. Le marché a eu des expériences très négatives, dans la technologie à la fin des années 1990 ou dans les matières premières il y a quelques années, explique Fabrice Theveneau, chez Société Générale. Parallèlement, les analystes ont progressivement changé leurs méthodes de travail en se concentrant davantage sur les cash-flows. Et, si une entreprise veut que ses cash-flows soient proches de ses résultats, elle a tout intérêt à maîtriser, entre autres, son investissement. »

Ajoutez à cela le pouvoir grandissant des investisseurs activistes et l'alignement des rémunérations des dirigeants sur les intérêts des actionnaires, et l'on comprend mieux le faible appétit des sociétés elles-mêmes pour l'investissement.

Enfin, l'appétit du marché pour les dividendes et rachats d'actions trouve aussi sa source dans l'environnement. « Le contexte de croissance économique faible et le manque de visibilité, en Europe surtout, limite les possibilités d'investissement. Dans un tel contexte, les sociétés recherchent plutôt à avoir un actionnariat stable, d'où le versement de dividendes ou les rachats d'actions pour les fidéliser », reprend Fabrice Théveneau. Et c'est d'autant plus vrai qu'au même moment, le recul des taux, conséquence des politiques monétaires des grandes banques centrales, pousse les investisseurs à rechercher du rendement dans les sociétés, donc des dividendes récurrents.

Il y a peu de chance que l'on observe un changement d'état d'esprit, tout de suite. « Tant que la croissance restera faible et les taux bas, il n'y a pas de raison de voir une inversion de tendance, appuie Fabrice Theveneau. En revanche, les entreprises devraient de plus en plus choisir la voie des fusions-acquisitions, qui est une autre façon de croître, sans exercer de pression sur les prix. » Ce qui a pour avantage de plaire, dans bon nombre de cas, aux actionnaires...

Marina Alcaraz

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