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Les mères voilées pourront-elles participer aux sorties scolaires?

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Le Conseil d’État va rendre sa décision sur l'interdiction faite aux mères portant le voile islamique d'accompagner leurs enfants lors des sorties scolaires.

Les mères portant le voile pourront-elles bientôt accompagner leurs enfants lors des sorties scolaires? Le Conseil d'Etat s'apprête à rendre un avis sur cette question polémique, visant ainsi la circulaire Chatel de 2012 qui préconise une "neutralité" pour les parents d'élèves accompagnant leurs enfants lors des sorties et voyages.

Mais dans les faits, aujourd'hui, cette circulaire n'est pas strictement appliquée. Le texte est en effet suffisamment flou pour laisser aux directeurs d'école une certaine latitude. Résultat: sur le terrain, selon les écoles, la situation varie. Et la question devient une source de conflit pour les uns, et, au contraire, d'équilibre, pour les autres.

Application non uniforme

Ainsi, à la rentrée 2012, une mère de famille de Montreuil, rencontrée par BFMTV et qui a préféré rester anonyme, avait accepté d'accompagner la classe de son fils en sortie scolaire. "Au moment où l'on s'apprêtait à sortir, la directrice m'a interpellée pour me dire que je pouvais pas accompagner car je portais un signe ostentatoire de la religion", raconte-t-elle. "Une maman a attaché son voile à l'arrière, mais moi je ne me sens pas soumise. Ça m'a humiliée".

Depuis, cette jeune femme milite pour faire changer la circulaire Chatel, qui ne s’applique pas partout de manière uniforme. En effet, à quelques kilomètres de distance, les mères voilées peuvent accompagner leurs enfants lors des sorties scolaires.

"Cette année j'ai fait deux sorties avec mes deux enfants. Je pense que les enseignants et le directeur ont été assez intelligents pour savoir qu'en nous excluant, ce ne serait que mauvais pour les enfants", raconte Anissa Fati, membre du collectif "Mamans toutes égales".

Cas par cas

Pour autant, ces mères aimeraient les mêmes règles, partout. "Ils nous sollicitent, pour les fêtes, pour faire des gâteaux. Mais pas pour des sorties scolaires", regrette Yetto Souiri. "Comme ce n'est pas une loi, c'est du cas par cas", souligne Melanka Saoudi, également membre du collectif "Mamans toutes égales".

Ce fonctionnement au cas par cas est au contraire défendu par le principal syndicat d'enseignement. "Il y a une certaine clairvoyance de la part des directeurs d'écoles pour savoir ce qui pourrait relever du prosélytisme de la part de certains parents, et ce qui relève d'une bonne et nécessaire relation entre l'école et la famille", estime ainsi Sébastien Sihr, du syndicat SNUIPP-FSU.

A.S. avec Véronique Fèvre