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Les énergéticiens allemands, plus gros pollueurs d’Europe

L’abandon progressif du nucléaire outre-Rhin a conduit l’Allemagne à augmenter la production de ses 130 centrales à charbon.

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Publié le 18 juin 2015 à 19h33, modifié le 19 juin 2015 à 12h47

Temps de Lecture 2 min.

La centrale thermique RWE de Hamm en Allemagne, le 14 novembre 2013.

Encore un classement où les Allemands caracolent en tête. Mais cette fois-ci, pas de quoi se vanter. En 2014, les énergéticiens RWE et E.ON ont été le premier et le troisième plus gros pollueur d’Europe, selon une étude portant sur les émissions de dioxyde de carbone (CO2) des entreprises de l’Union soumises au système d’échanges de quotas d’émissions, publiée jeudi 18 juin par le cabinet londonien Carbon Market Data. La deuxième place est occupée par le Suédois Vattenfall, qui possède également de nombreuses centrales outre-Rhin.

En 2014, le conglomérat RWE, numéro deux germanique de la production d’électricité, a envoyé 141,4 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, ce qui représente près de 9 % des émissions de ce gaz à effet de serre rejetées par les gros industriels de l’Europe des Vingt-Huit, hors Chypre et Malte. Vattenfall a produit de son côté 95,6 millions de tonnes de CO2 et E.ON 67 millions de tonnes. L’italien Enel (66,9 millions) et le français EDF (59 millions) complètent le palmarès.

Sept sites ultrapolluants

« La présence de nombreuses centrales à charbon explique la forte représentation des Allemands dans ce classement, assure Cédric Bleuez, analyste chez Carbon Market Data. De plus, le prix du charbon a baissé l’an dernier, ce qui a incité les producteurs d’électricité à le préférer au gaz, pourtant deux fois moins polluant. »

L’abandon progressif du nucléaire outre-Rhin, débuté par Gerhard Schröder puis confirmé par Angela Merkel après la catastrophe de Fukushima en 2011, est aussi pointé : la fermeture immédiate de huit réacteurs a conduit l’Allemagne à augmenter la production de ses 130 centrales à charbon. Et ce n’est sans doute pas fini puisque l’arrêt de la dernière centrale nucléaire allemande n’est prévu qu’en 2022.

Cette domination germanique se retrouve dans le classement des sites les plus polluants d’Europe : sept sur quinze se trouvent de l’autre côté du Rhin, selon Carbon Market Data. A elle seule, la centrale de Neurath que possède RWE près de la frontière hollandaise, a généré 32,4 millions de tonnes de dioxyde de carbone en 2014, plus de la moitié des émissions de l’ensemble des centrales thermiques d’EDF !

Parmi les autres sites européens les plus polluants, trois se trouvent en Grande-Bretagne, deux en Italie, un en Grèce, un en Estonie et un en Pologne, qui occupe la première place du classement. Aucun site français ne fait partie de ce classement, mais EDF occupe la quinzième place pour la centrale à charbon et au gaz que l’énergéticien tricolore exploite en Angleterre, à West Burton.

Charge financière importante

Outre leur impact environnemental, ces émissions de CO2 représentent une charge financière importante pour les producteurs d’électricité. Depuis 2005, l’Union européenne attribue en effet aux entreprises des droits à polluer pour les inciter à diminuer leurs émissions. Concrètement, chaque usine qui consomme plus de 20 mégawatts par an se voit attribuer un quota d'émissions de CO2 en fonction de son activité. Si elle ne les utilise pas, elle peut les revendre à d'autres entreprises qui, elles, n'ont pas réussi à diminuer leur consommation d'énergie.

Or les énergéticiens dépassent systématiquement leur quota d’émissions, tandis que d’autres, comme les industriels de la sidérurgie, sont en excédent, principalement du fait de la crise et de la diminution de leur production. En 2014, RWE, Vattenfall et Enel ont ainsi été les trois groupes les plus déficitaires, l’Allemand affichant à lui seul un manque de 139 millions de tonnes de droits à polluer. « Au prix actuel de la tonne de carbone [7,45 euros], cela représente une charge de plus d’un milliard d’euros pour RWE », précise M. Bleuez.

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