Face à la Russie, les Etats-Unis déploient des chars en Europe de l'est

 

Face à la Russie, les Etats-Unis déploient des chars en Europe de l'est

    Washington a décidé de montrer les muscles face à la menace russe, tout en réfutant l'idée d'une nouvelle guerre froide. Les Etats-Unis ont annoncé mardi le déploiement temporaire de leurs armements lourds sur le flanc Est de la «zone» Otan, sans mobiliser de troupes, au moment où les affrontements semblent s'intensifier en Ukraine.

    «Nous allons temporairement stationner des armements pour une brigade, comprenant des véhicules de combats et des équipement associés, dans les pays de l'Europe centrale et orientale», a déclaré mardi à Tallinn, en Estonie, le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, à la veille d'une réunion des ministres de la Défense de l'Otan.

    «Nous ne cherchons pas la guerre froide, et encore moins la guerre chaude avec la Russie, nous allons défendre nos alliés», a déclaré mardi à Tallinn Ashton Carter, en précisant que les Etats-Unis allaient déployer leur matériel dans les pays baltes, en Pologne, en Bulgarie et en Roumanie.

    90 chars déployés dans les pays membres de l'OTAN

    Selon le Pentagone, les 250 pièces d'armement lourds se répartissent en 90 chars lourds Abrams, 140 véhicules blindés Bradley, et 20 canons auto-moteurs. C'est la première fois que des armes lourdes américaines seront ainsi déployées dans ces pays qui ont adhéré à l'Otan et qui, avant la chute du mur de Berlin, appartenaient à la sphère d'influence de l'Union soviétique.

    «Les Américains adressent ainsi un signal clair, à la fois à la Russie, aux alliés des Etats-Unis et aux autres grandes puissances, pour montrer que les USA restent une puissance mondiale, capable de contenir la menace russe dans la région, qu'ils ne sont pas une puissance sur son déclin», a déclaré Marcin Terlikowski, analiste à l'Institut polonais des Affaires internationales (PISM).

    A Bruxelles, l'ambassadeur des Etats-Unis à l'Otan, Douglas Lute, a souligné qu'il s'agira de «chars vides» et de «véhicules vides» que des soldats pourront utiliser pour leurs exercices.

    Selon le diplomate américain, «cette approche respecte entièrement les engagements de l'Otan», y compris vis-à-vis de la Russie, et «ne devrait susciter aucune réaction hostile de quiconque».

    La Russie réplique en gonflant son arsenal nucléaire

    Le plan américain a pourtant déjà provoqué la colère du président russe Vladimir Poutine, qui a annoncé en réponse le renforcement de son arsenal nucléaire, avec le déploiement de plus de 40 nouveaux missiles intercontinentaux d'ici à la fin de l'année. Le président russe a également ordonné mercredi la prolongation jusqu'en juin 2016 de l'embargo sur la plupart des produits alimentaires décrété par Moscou contre les pays occidentaux en réponse aux sanctions économiques à son encontre. L'Union européenne a prolongé mardi, jusqu'à fin janvier 2016, les lourdes sanctions économiques décrétées contre la Russie pour son rôle présumé dans le conflit en Ukraine.

    Les pays baltes et d'autres pays d'Europe de l'Est se montrent très inquiets depuis l'annexion de la Crimée par Moscou et les combats en Ukraine.

    Cette annonce intervient aussi alors que le conflit entre forces ukrainiennes et séparatistes pro-russes, qui a fait plus de 6400 morts depuis avril 2014, focalise à nouveau l'attention internationale. Au cours des dernières 24 heures, un soldat ukrainien a été tué et 12 autres ont été blessés, selon le porte-parole militaire Andriï Lyssenko. Et trois civils ont été tués dans la république populaire autoproclamée de Donetsk (DNR).

    Les chefs de la diplomatie russe, ukrainienne, française et allemande, réunis mardi soir à Paris, ont appelé à une «désescalade rapide» et un «cessez-le-feu immédiat» dans l'est de l'Ukraine et réaffimé leur «attachement à la mise en oeuvre intégrale» des accords de paix de Minsk.

    Ils ont exprimé dans un communiqué commun leur «vive préoccupation quant à l'aggravation de la situation sécuritaire dans le Donbass». Les quatre ministres ont également appelé «toutes les parties au respect total du retrait des armements lourds».

    L'OTAN calme le jeu

    L'Otan «ne sera pas entraînée dans une course à l'armement mais nous devons garder nos pays en sécurité», a assuré mercredi à Bruxelles son secrétaire général Jens Stoltenberg, estimant que le renforcement militaire de l'Alliance actuellement en cours est une réponse aux «actes agressifs en Europe» de la Russie.

    «Annexer une partie d'un territoire n'est pas défensif, c'est un acte d'agression», a-t-il fait valoir à propos de la Crimée. «La Russie continue d'envoyer des troupes, des forces, des équipements pour déstabiliser l'est de l'Ukraine. Il n'y a aucun doute que la Russie est responsable d'actes agressifs en Europe», a asséné Jens Stoltenberg.

    «L'Otan doit répondre quand l'environnement sécuritaire change», a-t-il dit, rappelant que la donne avait changé à l'est de l'Alliance, mais aussi au sud avec l'émergence du groupe jihadiste Etat islamique notamment.

    L'organisation a décidé depuis septembre 2014 d'un renforcement militaire sans précédent, en multipliant les exercices, en mettant sur pied une force très réactive qui devra être déployable en 48 heures, et en plus que doublant la taille de sa force de réaction (NRF).