Sondage : les ouvriers en veulent à Edouard Martin

Selon notre sondage BVA exclusif, ils sont 58 % à penser que le syndicaliste, tête de liste PS pour les européennes dans le Grand Est, trahit ses camarades.

Sondage : les ouvriers en veulent à Edouard Martin

    Sorti mardi soir comme un joker par le PS pour mener la liste européenne de la région Grand Est, l'ancien syndicaliste, grande figure médiatique de la lutte contre la fermeture des hauts-fourneaux de Florange, a-t-il trahi ses camarades de combat? Cinquante-deux pour cent des personnes interrogées dans notre sondage exclusif BVA pour i>télé-CQFD et « le Parisien » - « Aujourd'hui en France » le pensent en effet contre 43% qui approuvent sa reconversion. Plus embêtant pour son image, la proportion des critiques grimpe à 58% chez les ouvriers. Si le recrutement politique de cette figure charismatique de Mittal-Florange était destiné à s'attirer leurs faveurs électorales, c'est donc plutôt raté!

    Pour autant, tout n'est pas perdu dans ce « coup » politique : les sympathisants des partis les plus à gauche (Front de gauche, Lutte ouvrière, NPA) sont 62% à considérer qu'en devenant eurodéputé Martin défendra plus efficacement ses positions (ils sont 74% à le penser, si on y inclut les partisans du PS). Globalement, les sympathisants de gauche approuvent (74%) Edouard Martin dont l'entrée en politique ravit même 81% des sympathisants PS.

    Sans surprise, ce nouveau venu dans le paysage déplaît à droite : les électeurs jugent à 77% que Martin trahit ses compagnons de lutte, dont 76% des sympathisants FN et 79% de sympathisants UMP.

    66 % des Français jugent les européennes « importantes »

    En acceptant de passer de l'autre côté de la barrière politique et de rejoindre ceux qu'il a tant critiqués quand il portait les couleurs de la CFDT pour leur incapacité à empêcher la fermeture des derniers hauts-fourneaux français, Edouard Martin laisse donc derrière lui un sentiment mitigé. Plusieurs de ses camarades ont du reste regretté ce choix qui, disent-ils, a « brouillé l'image de syndicat », en écornant son indépendance par rapport aux partis.

    Autre enseignement de l'enquête BVA : les élections européennes de mai prochain sont jugées « importantes » par 66% des personnes sondées. C'est le même niveau d'intérêt que celui porté aux régionales. Mais très en deçà de la présidentielle (96%), des municipales (94%) ou des législatives (86%). Seules les cantonales passionnent moins (49%). « Cela confirme le sentiment très ambivalent qu'entretiennent les Français à l'égard de l'Europe : ils réclament des avancées plus rapides dans sa construction mais nourrissent une grande méfiance à l'égard des institutions actuelles et de leurs élus », note Céline Bracq, directrice adjointe de BVA Opinion.