Charles Pasqua, qui aimait les bons mots mais pas spécialement ceux de NTM ou du Ministère A.M.E.R. de Passi et StomY Bugsy dont il avait même cherché à faire interdire le premier album, ne devait pas pleinement goûter ceux des rappeurs des diverses générations successives qui usèrent à l'envi de son nom comme du symbole de la classe politique la plus droitière, des politiques sécuritaires, des lois anti-immigration et de malversations diverses. Même lorsqu'il n'est pas nommément cité, on ne peut s'imaginer qu'Assassin aient quiconque d'autre que l'ex-ministre de l'Intérieur à l'esprit lorsqu'en 1996 ils écrivent L'Etat assassine : «Et nous on nous reproche de semer la panique / Atteinte à la sûreté de l'Etat quand Rockin' s'excite / La jeunesse n'a pas besoin d'Assassin pour voir que l'Etat nous nique / Et toutes ces conneries me donnent envie de shooter un ministre / Zingue, zounge, zam le underground s'exprime / Pendant que jour après jour l'Etat assassine / Car l'Etat assassine, un exemple Malik Oussekine [...]»
Florilège, forcément lacunaire.
Fabe - Bienvenue à Paris (1996)
«Je te raconte Paris comme si je m’appelais Montand / Sauf que maintenant je décris le Paris de mon temps / Moi, sur mon ton à moi, tu entends ma voix ? / Mais crois-tu qu’ici-bas ma voix est un poids ? / Car je suis noyé dans la masse, un pion dans la populace / De la violence qui se passe là / Qui se place là / Maintenant Pasqua est là mais gars dis ça change quoi ?»
Shurik’n (feat. Faf la Rage) - Esprit anesthésié (1998)
« Un mal contre mal, pas d'extra-balles, fin de partie / Sentiment d'insécurité provoqué / Par les camions de police garrés dans chaque rue et chaque quartier / Loi Pasqua proposée, vivement huée, prises d'otages simultanées »
Diam's - Extrême minée (1998)
« Y s’passe quoi / Le Pen Pasqua / Les squales de la politique, mec casse-toi ! / Enfile un casque ou masque-toi / Qui que tu sois si t’es de leur côté / Dans notre rage notre haine, c’est sûr tu seras coté / Vous exterminer / Mais est-ce terminé ? Nan ! / Elles sont partout ces merdes innées/ Innées dans la connerie / Une attaque à la légion étrangère / Grosse connerie c’est ne pas savoir à qui ils ont affaire. »
Tandem - Explosif (2005)
«J’entends ce dos qui craque sous les coups de fouet de la caisse claire / Qui me rappelle que je ne suis pas chez moi / Alors que je remplis mon casse dalle, il me faut un passe droit / C’est de la faute à Pasqua si on en est là»
Rohff - L’Expression du malaise (2008)
«La violence est en cloque, leurs pilules ne passent pas / Parmi nous des crapules, comme parmi eux des Pasqua / Nique les vendus adeptes des milieux huppés / N'essaie pas de nous dupper, ton rap pue l'UMP.»
Rim'K - Illégal (2006)
«Prends ta dose et casse-toi / J'survivrai à Sarko j'ai traversé l'époque de Pasqua»
Booba (feat. Kaaris) - Kalash (2012)
«J'te nique ta life gratuit, y'a pas d'quoi ! / J'suis l'meilleur cela va d'soi B.2.O.B.A. escroc mafieux comme Charles Pasqua / Vulgaires fautes de grammaire.»
Bonus : 11’30 contre les lois racistes
En 1997, la plupart des stars du rap français (Akhenaton, Assassin, Freeman, Ministère A.M.E.R., Menelik, Mystik…) se rassemblaient sur une initiative de Jean-François Richet au sein d’un morceau entamé par ces mots très amènes :
«Lois Deffere, lois Joxe, lois Pasqua ou Debré, une seule logique.
La chasse à l'immigré. Et n'oublie pas tous les décrets et circulaires
Nous ne pardonnerons jamais la barbarie de leurs lois inhumaines
Un état raciste ne peut que créer des lois racistes.»