POLITIQUE - Les Français n'ont plus confiance dans la parole publique. Cette phrase n'est pas seulement une idée reçue. C'est un réalité que l'on peut voir sur le deuxième baromètre de la confiance. Elle est parfaitement illustrée par le deuxième baromètre de la confiance dans la parole publique, réalisé par le cabinet Occurence pour l'association Communication publique et publié mardi 30 juin (voir les résultats en bas de l'article).
Si les auteurs notent une petite amélioration par rapport à la première édition réalisée en 2013, la progression est trop faible, surtout si on la compare à la confiance envers le secteur privé. "La deuxième vague présente un état moins sombre mais la parole et l'action publique souffrent toujours de la comparaison avec leurs homologues du secteur privé auréolé d'un certain a priori d'efficacité et de réactivité.", note Christelle Furney, du cabinet Occurence.
La prime aux experts, bien devant les politiques
Lorsque l'on demande aux Français à quels organismes publics ils font confiance, la hiérarchie n'a que peu bougé en deux ans: les Français donnent une prime aux experts (les établissements culturels et scientifiques arrivent nettement en tête), devant les acteurs de proximité (villes, départements et régions). Les instances étatiques (ministère et Etat) ferment la marche.
De quoi accréditer la thèse d'une rupture avec les dirigeants politiques nationaux illustrée également par la perte de vitesse des partis politiques dont les Français se détournent et par l'abstention qui croît scrutin après scrutin.
"La faible crédibilité de la parole publique renvoie à la perte de légitimité des émetteurs, décideurs élus ou administratifs. C'est alarmant parce qu'il en va de la cohésion de notre société", déplore Jean-Paul Delevoye, président du Conseil économique social et environnemental (Cese) invité à réagir aux résultats de l'étude. L'Etat et les ministères se retrouvent même derrière la parole de l'Europe qui n'ont pourtant pas bonne presse auprès de nos compatriotes.
Les résultats sont d'autant plus terribles qu'il reste très peu de valeurs que les Français associent prioritairement au secteur public. Sur les 13 items recensés dans l'étude, il n'y en a qu'un seul pour lequel le public fait mieux que le privé: l'égalité. En termes de performance, d'expertise, d'innovation ou de disponibilité, les différences sont même abyssales, au détriment de la sphère publique.
Les campagnes de com' mieux perçues que les institutions
Il y a pourtant une (petite) lueur d'espoir pour les responsables d'administrations publiques ou les dirigeants politiques: les Français peuvent être séduits par les actions de communication qu'ils lancent. "Les institutions les moins bien jugées a priori, comme les ministères, sont beaucoup mieux perçues au regard de leurs actions d'information et de communication", note Christelle Fumay dont le cabinet a testé une dizaine de campagne. Ainsi, celle pour la Sécurité routière reçoit un accueil positif de 73% des personnes interrogées et celle sur le gaspillage alimentaire de 72% alors que seulement 34% des Français ont confiance dans les ministères.
"Les Français plébiscitent la communication de service ou sur de nouvelles dispositions légales plutôt que la communication de notoriété et d'image dans lesquelles ils se projettent moins facilement. Si l'étude s'efforce de positionner le débat sur la parole des institutions et des entreprises, il s'avère que ce que les Français ont en tête en répondant touche essentiellement à la dimension du service", insiste l'experte. En clair, ce n'est qu'au prix de services plus efficaces que la parole publique retrouvera grâce aux yeux des Français.
Baromètre 2015 de la confiance dans la parole publique