DIPLOMATIEGrèce, Libye, Syrie... Nicolas Sarkozy fustige la politique étrangère du gouvernement

Grèce, Libye, Syrie... Nicolas Sarkozy fustige la politique étrangère du gouvernement

DIPLOMATIELe président des Républicains estime que François Hollande fait un diagnostic erronné de la situation de la Grèce...
Nicolas Sarkozy à Madrid le 29 juin 2015.  AFP PHOTO / JAVIER SORIANO
Nicolas Sarkozy à Madrid le 29 juin 2015. AFP PHOTO / JAVIER SORIANO - AFP
Delphine Bancaud

D.B.

Jamais avare de bons mots et d’objections au gouvernement, le président des Républicains s’en est donné à cœur joie dans une interview au Monde parue ce mercredi.

Revenant sur la crise grecque, Nicolas Sarkozy ironise d’abord sur le « pronostic isolé » de François Hollande, qui avait déclaré en début de semaine que la France n’avait « rien à craindre » de la crise grecque. « Qui peut penser qu’il n’y a pas de risque pour l’économie française déjà fragilisée par une politique économique et fiscale à contre-courant de ce qui se fait partout en Europe ? La dernière chose dont l’économie française ait besoin, c’est un surcroît d’instabilité dans la zone euro ! », lance l’ancien Président.

La visite de Tsipras à Paris, un mauvais point

Avant d’enfoncer le clou : « Depuis janvier, qu’a-t-on fait ? Grosso modo rien, si ce n’est recevoir en grande pompe AlexisTsipras en France, en lui laissant croire qu’il aurait satisfaction alors qu’on savait bien que ce ne serait pas le cas », ajoute-t-il, en allusion à la visite du Premier ministre grec à Paris, le 3 février dernier.

Pour lui, « il faut aujourd’hui convoquer un conseil des 18 chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro pour préparer le message qu’il va falloir adresser aux économies du monde entier afin de protéger la stabilité de la zone euro et de faire en sorte que les marchés n’attaquent pas un prochain maillon faible ».

« Nous n’avons plus de temps, il faut agir en élisant un président du gouvernement économique européen dont la mission sera d’harmoniser les économies européennes, en désignant un secrétaire général qui soit le directeur du Trésor européen, en transformant le Mécanisme européen de stabilité en Fonds monétaire européen capable de prendre des initiatives par lui-même, car il est un peu désolant de voir l’Europe à la traîne du FMI », affirme-t-il.

Il souligne l’inaction de la France dans plusieurs dossiers

Interrogé sur l’intervention de la France en Libye en 2011, Nicolas Sarkozy déclare ne pas la regretter et fustige l’inaction de son successeur sur ce dossier : « En juillet 2012, quand je quitte le pouvoir, la Libye est libérée et les modérés sont au pouvoir. A partir de ce moment et, de façon incompréhensible, la communauté internationale, y compris la France, s’est désintéressée de la situation et le chaos s’est installé », déclare-t-il.

Idem concernant la Syrie, Nicolas Sarkozy estime que la France et la communauté internationale auraient dû réagir lorsque Bachar Al-Assad a utilisé les armes chimiques en 2013. Il se déclare d’ailleurs favorable à l’envoi d'« experts au sol » pour lutter contre le groupe Etat islamique en Syrie et en Irak. « A partir du moment où l’on a pris la bonne décision de faire la guerre à Daech, il faut s’en donner tous les moyens et mener un combat sans merci », ajoute-t-il.

Des réactions offusquées

Comme à chaque interview de Nicolas Sarkozy, celle-ci a provoqué de vives réactions. Dans un communiqué diffusé ce mercredi, le Parti socialiste a dénoncé une « amnésie politique sans limites, ni frontières ». « Son attentisme sur la crise grecque et son refus de construire une réponse européenne et pérenne à cette situation ? Oublié ! Son manque de perception des conséquences de l’intervention en Libye ? Effacé ! Son insuffisance à renforcer l’Union européenne dans toutes ses dimensions ? Occultée », tacle le parti socialiste.

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