Les Nations unies ont relevé à son maximum mercredi 1er juillet le niveau d’urgence humanitaire au Yémen, ravagé par une guerre entre des rebelles chiites et le gouvernement. Seuls trois autres pays dans le monde sont placés à ce niveau 3 d’urgence humanitaire : l’Irak, la Syrie et le Soudan du Sud.
Selon l’ONU, plus de 21,1 millions de Yéménites ont désormais besoin d’assistance humanitaire — soit 80 % de la population —, 13 millions d’entre eux souffrent de pénurie alimentaire et 9,4 millions ont un accès réduit à l’eau. La semaine dernière, l’envoyé spécial des Nations unies pour le Yémen, Ismail Ould Cheikh Ahmed, avait alarmé sur le fait que le pays se trouvait « à deux doigts de la famine ». Le plan d’urgence de l’ONU prévoit de secourir en priorité 11,7 millions de Yéménites les plus nécessiteux, a précisé un porte-parole de l’organisation.
Combats incessants
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a réclamé en vain à de nombreuses reprises une trêve humanitaire dans les combats qui opposent depuis fin mars la coalition arabe menée par l’Arabie saoudite et les rebelles houthistes. Mercredi encore, à Aden, théâtre de combats incessants depuis plus de trois mois, les Houthistes ont tiré à l’aube une quinzaine de roquettes Katioucha sur le quartier résidentiel de Mansoura, a indiqué à l’AFP un porte-parole des forces pro-gouvernementales, Ali Al-Ahmadi.
Les premières roquettes se sont abattues sur une rue animée peu avant le début quotidien du jeûne musulman du ramadan, a-t-il dit. Les rebelles ont ensuite bombardé par intermittence le même quartier, touchant notamment des personnes qui enterraient les victimes des premiers tirs, selon ce porte-parole et des témoins. Le responsable du secteur de la santé à Aden a fait état d’au moins 31 morts et 103 blessés.
Dans la nuit, des positions rebelles à Dar Saad et Khor Maksar, deux autres quartiers d’Aden, ont été visées par une série de raids aériens lancés par la coalition arabe, sous commandement saoudien, selon des habitants. A Aden, la population manque de vivres et des maladies comme le paludisme, la typhoïde et la dengue, apparues avec la détérioration des conditions d’hygiène, ne peuvent être soignées, faute de médicaments.
1 200 détenus libérés
Dans la province voisine de Lahj, 13 rebelles ont été tués lorsqu’un raid de la coalition a touché un bâtiment tenu par des Houthistes et leurs alliés, des militaires restés fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh, a indiqué à l’AFP un responsable local.
A Taëz, 21 rebelles et 9 combattants pro-gouvernementaux ont péri en 24 heures dans des combats, selon des sources locales et médicales. Dans cette ville, des partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi, en exil en Arabie saoudite, poursuivaient mercredi leur traque de quelque 1 200 détenus, libérés selon eux la veille par des rebelles au moment où ces derniers perdaient le contrôle de la prison centrale au profit des forces pro-gouvernementales. « Cinq à huit membres d’Al-Qaida figurent parmi les prisonniers » qui se sont enfuis, a déclaré mercredi à l’AFP une source militaire.
L’envoyé spécial des Nations unies s’est malgré tout montré confiant quant à l’établissement d’une trêve humanitaire au cours des deux semaines restantes du ramadan, ce qui permettrait d’acheminer de l’aide à la population. « Nous restons optimistes quant à nos chances de l’obtenir », a-t-il déclaré à l’AFP. « Nous en discutons avec toutes les parties prenantes ». Le médiateur prévoit de se rendre dans la capitale yéménite Sanaa, contrôlée par les rebelles, pour mener des discussions avec les Houthistes et des membres du parti de l’ancien président Ali Abdallah Saleh.
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