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Début de fronde au sein de Syriza et dans le gouvernement contre le retour de la troïka

Dilemme Plusieurs ministres et de nombreux députés de Syriza expriment leur hostilité au plan d’austérité. Le premier ministre, Alexis Tsipras, devait s’exprimer hier soir à la télévision.

Publié le 15 juillet 2015

Athènes (Grèce), envoyée spéciale.

Un « traité de Versailles » pour la Grèce. L’ex-ministre des Finances Yanis Varoufakis ne mâche pas ses mots pour qualifier l’accord imposé dimanche à Bruxelles, sous la contrainte de l’étranglement financier, au premier ministre grec, Alexis Tsipras. Il n’est pas le seul. Alors que les premières mesures d’austérité exigées par les créanciers doivent être soumises dès ce soir en urgence à la Vouli, sur injonction de Bruxelles et de Berlin qui veulent des gages de « confiance », le ministre de l’Énergie et de la Reconstruction productive, Panayotis Lafazanis, a eu hier des mots très durs, dénonçant le « colonialisme » et le « terrorisme » des usuriers de la Grèce. « Le gouvernement et le premier ministre lui-même ont le droit et la possibilité de revenir sur cet accord » contraire au « mandat populaire et au non fier exprimé par les Grecs lors du référendum », fait valoir cette figure de la gauche de Syriza.

Un « nouveau mémorandum 
de soumission »

Le ministre délégué à la Sécurité sociale, Dimitris Stratoulis, un ancien syndicaliste, reste fermement opposé aux mesures concernant les retraites. Quant au ministre du Travail, Panos Skourletis, il doute à voix haute de la capacité du gouvernement à obtenir la confiance de sa majorité sur ce troisième mémorandum. Tous pourraient faire les frais d’un remaniement annoncé…

Accusée par l’opposition de faire entrave à la procédure d’urgence, la présidente du Parlement, Zoé Konstantopoulou, qui dénonçait déjà à la veille du sommet européen l’odieux chantage visant à imposer un « nouveau mémorandum de soumission », a prévenu : elle ne présidera pas la séance extraordinaire. Au sein du groupe parlementaire de Syriza, les députés sont divisés et, pour la plupart, déchirés entre leur loyauté à Tsipras et leur conscience. « Nous ne pouvons pas voter ce plan qui va à l’encontre de nos convictions, de nos principes, et qui entérine le retour d’une troïka chargée de contrôler tous nos faits et gestes. C’est un coup, institutionnel, financier, un coup d’État dans tous les sens du terme », confie une députée Syriza convaincue que « l’obsession de Merkel et Schäuble, depuis l’arrivée de Syriza au pouvoir, est de faire tomber le gouvernement Tsipras ».

La BCE n’a aucune intention de desserrer l’étau

Les Grecs indépendants, associés à la coalition gouvernementale, invoquent, eux, leur liberté de vote. Au point que le plan de Bruxelles pourrait n’être adopté qu’avec le secours de l’opposition. Au sein du parti aussi, ça tangue. Les réunions de la direction, hier, étaient houleuses. Dans la soirée, Neolaia Syriza, l’organisation de jeunesse, appelait à un rassemblement place Syntagma, avant celui prévu ce soir aux portes de la Vouli. Tsipras, lui, reste sous pression de la BCE, qui n’a aucune intention de desserrer l’étau avant le vote des mesures d’austérité attendues par l’UE. Dans l’entourage du premier ministre, on fait valoir que l’économie grecque, déjà exsangue, ne pourra surmonter une rupture. Le vote de ces mesures, plaide le ministre de l’Intérieur, Nikos Voutsis, est la condition d’un « retour à la normale » pour sauver le pays de l’asphyxie.

 

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