PACA et Corse championnes du phénomène Tanguy

Selon l’INSEE, c’est dans ces deux régions que les jeunes quittent le plus difficilement le foyer parental.À cause de la crise, des prix de l’immobilier.Mais pas seulement

Patrice MAGGIO (pmaggio@nicematin.fr) Publié le 26/12/2013 à 07:20, mis à jour le 26/12/2013 à 08:08
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Selon l’INSEE, c’est dans ces deux régions que les jeunes quittent le plus difficilement le foyer parental.À cause de la crise, des prix de l’immobilier.Mais pas seulement

Pour les jeunes Azuréens et Provençaux, ce n'est pas « Viens chez moi, j'habite chez une copine », titre d'une comédie, mais plutôt « Reste chez toi, j'habite chez mes parents », un film-vérité nettement moins drôle. On les savait déjà mal placés, au plan national, pour décrocher un emploi, plus précaires, moins diplômés que nos voisins de province.

L'INSEE nous apprend en prime que la région PACA est celle, après la Corse, où « les 16-29 ans vivent le plus souvent chez leurs parents » selon une étude publiée ce mois-ci. 48 % des moins de 30 ans (contre 44 % en moyenne) rentrent le soir chez papa-maman. La majorité d'entre eux attend 21-22 ans, un an plus tard que dans la plupart des autres régions, pour déménager.

Effet domino : le sud-est est l'endroit en France où la proportion de jeunes qui vivent en couple (26 %) est la plus faible. Les raisons semblent évidentes : un immobilier hors d'atteinte pour des salariés débutants payés au tarif plancher… quand ils ont un salaire.

53 % des garçons jouent les Tanguy

Les jeunes de PACA trouvent généralement un emploi avec un an de retard sur les autres. Ils sont également plus souvent en contrat précaire (60 % de CDI contre 62 % en moyenne). Et la précarité, les bailleurs n'aiment pas ça.

Pourtant, les statisticiens relèvent que « la situation au regard de l'emploi n'a qu'une influence modérée ». Que l'on travaille ou pas, la tendance est à « vivre plus souvent chez ses parents » qu'ailleurs. Est-ce dû au manque de logements sociaux ? 10 % des jeunes vivant dans « leur » logement habitent en HLM. C'est deux fois moins que dans le Nord ou en Ile-de-France. Dans le même temps, tous nos témoins disent préférer rembourser un crédit que payer un loyer « à fonds perdus ». Un jeune sur cinq seulement est propriétaire, un taux très faible.

Plus difficile, pour l'Insee, à expliquer : la forte différence entre les garçons et les filles. Ils sont 53 % à jouer les Tanguy, elles ne sont que 43 %, alors qu'elles sont plus nombreuses à pointer au chômage. Sans doute, est-ce lié « aux mouvements féministes et à l'évolution de la société », analyse la psychologue azuréenne Sandra Legendre. « Dès l'enfance, les mères les poussent à faire les choses par elles-mêmes. À 18-19 ans, elles sont plus au faîte des questions administratives, elles savent souvent comment payer un loyer, alors que les garçons sont beaucoup plus maternés».

La crainte du « nid vide »

Si la crise économique et l'éducation jouent un rôle, cette spécialiste du phénomène Tanguy met en garde contre les déductions simplistes : « Derrière une apparence de vie insouciante, se cache souvent une souffrance psychologique» (voir interview). La peur de l'avenir se conjugue parfois à la crainte du « nid vide », plus ou moins consciente chez les parents. Il y a aussi une dimension culturelle : au Danemark, « des bourses sont octroyées à tous les étudiants » et les familles s'entendent pour faciliter le départ du foyer familial au plus tôt. Au sud de l'Europe, « les civilisations méditerranéennes insistent sur la proximité physique et affective dans les relations familiales ». Il n'est pas rare, « en Italie et en Espagne, que l'on passe directement du domicile parental au foyer conjugal ». En résumé, pour que les Tanguy soient moins nombreux, il faudrait que tout le monde soit sur la même longueur d'ondes : l'État, les jeunes et leurs parents.

 

Un conseil : caf.fr pour connaître les aides au logement.

 

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