Le prélèvement s’invite dans les paiements en magasin

Régler ses achats à la caisse d’un magasin par prélèvement comme on réglerait sa facture d’électricité ? Si cet usage est développé en Allemagne, il est quasi inexistant en France, où les consommateurs plébiscitent la carte bancaire. Sentenial, spécialiste irlandais de la gestion des mandats de prélèvement au standard européen (Sepa) pour les grandes entreprises, affiche l’ambition de modifier nos habitudes. Et par la même occasion de grignoter un peu plus la chaîne de valeur des paiements en s’invitant dans le commerce de proximité.

Le groupe s’est, pour ce faire, allié à Natural Security Alliance afin d’en utiliser le standard d’authentification biométrique. L’idée est de simplifier le processus d’autorisation du prélèvement en magasin. Ce feu vert passera ainsi par la reconnaissance des empreintes digitales du client au travers d’un petit objet connecté comparable à un porte-clefs disposant d’un lecteur biométrique et fonctionnant avec la technologie sans contact NFC. Un premier pilote doit intervenir chez un grand distributeur à la fin de l’année pour un déploiement en 2016.

« Alors que les études montrent que les Français s’inquiètent du niveau de sécurité du NFC, ces mêmes utilisateurs plébiscitent l’utilisation de la biométrie pour le paiement. Celle-ci peut donc faire décoller le paiement sans contact en levant les freins des utilisateurs. D’autant que dans l’offre de Sentenial le montant des transactions n’est pas limité à 20 euros », anticipe Cédric Hozanne, directeur général de Natural Security Alliance. C’est en tout cas le pari de la société irlandaise, qui compte ainsi faire d’une pierre deux coups : augmenter les volumes de prélèvement traités et élargir sa base d’entreprises clientes – au début de l’année, Sentenial espérait rallier 15.000 entreprises en deux ans.

Plusieurs freins

Cela étant, l’installation du prélèvement exigera du client d’enregistrer à l’avance ses coordonnées bancaires sur le site du commerçant avant de pouvoir utiliser ce nouveau moyen de paiement en magasin. Et le coût de l’objet connecté, qu’il devra en outre avoir sur lui pour payer, n’est pas clair. Natural Security promet l’arrivée rapide d’autres services liés à la sécurisation des données des clients, de nature à les convaincre d’adopter son objet connecté biométrique. Quant aux commerçants, contrairement à la carte, le prélèvement est révocable, donc moins sûr. « Chaque opération est validée par le client », rappelle toutefois Michael McManus, responsable de Sentenial France. Surtout, pour le commerçant, l’encaissement par prélèvement revient beaucoup moins cher qu’un paiement carte : sur un panier moyen de 150 euros,les frais s’élèvent à une dizaine de centimes d’euro, contre près de deux euros pour une transaction par carte. » C’est sans doute l’argument le plus solide dans le contexte de chasse aux coûts tous azimuts.