Gennevilliers : battue en pleine rue pour n'avoir pas dit bonjour

 

Gennevilliers : battue en pleine rue pour n'avoir pas dit bonjour

    C'est un déferlement de violence qui s'est abattu sur une jeune fille en pleine rue. La raison ? Ne pas avoir répondu à un homme qui lui a dit bonjour. Ce dernier a été jugé vendredi 17 juillet en comparution immédiate au tribunal de Nanterre. Il a été condamné à 8 mois de prison, dont six mois avec sursis et mise à l'épreuve pendant deux ans. Durant cette période, cet homme de 22 ans devra ne pas se rendre à Gennevilliers, ne pas chercher à voir la victime, l'indemniser à hauteur de 1 000 â?¬ et trouver une formation.

    Chaïnez a dû être soulagée en entendant la sentence, mais elle n'est pas prête d'oublier ce qui lui est arrivé ce dimanche 12 juillet en fin de journée, près du lycée Galilée, à Gennevilliers. « Je sortais de chez moi pour aller chez une copine quand je l'ai croisé sur le trottoir, raconte la jeune fille, filiforme. Il m'a dit : « ça va toi ? », avec un sourire de pervers. Je l'ai regardé mais je ne lui ai rien dit. » La sanction tombe immédiatement.

    « Il m'a tirée par les cheveux et fait tomber », poursuit-elle. Une pluie de coups s'abat sur elle. « Ã? chaque fois que je me relevais, il me frappait de nouveau », ajoute-t-elle. Elle saisit son téléphone portable et crie qu'elle va appeler sa mère et la police. Cela décuple la fureur de son agresseur. « Là, il a sorti sa ceinture et il a commencé à me fouetter avec », indique-t-elle, encore sous le choc.

    Deux hommes arrivent alors sur les lieux. Mais plutôt que de s'interposer, ils lui conseillent de crier moins fort, car à chaque fois qu'elle appelle au secours, l'homme augmente la cadence de ses coups. Il finit par s'en aller, peu avant qu'une voiture arrive, avec plusieurs amis de la jeune fille à bord. « Avant de partir, il m'a dit :  Ã?a t'apprendra, comme ça, la prochaine fois, tu me diras bonjour. »

    Elle s'en tire finalement avec quelques hématomes. « J'ai eu peur qu'il me défigure alors je me suis protégé le visage comme j'ai pu, relate Chaïnez. Ce qui m'a sauvée c'est que j'étais bien couverte. J'avais un jean épais et un gros sweat-shirt. » Restent les blessures non visibles : « Il m'a frappée comme si j'étais un animal, mais même un animal, on ne le frappe pas comme çaâ?¦ »

    Carole Tanqueret, directrice de l'Association des femmes relais de Gennevilliers : « On ne parle pas assez de ces violences faites aux femmes »

    Un collectif d'associations de femmes de Gennevilliers a réagi à cette agression par un communiqué. Elles manifestent leur solidarité à l'égard de la victime et « appellent tous les citoyens et citoyennes de Gennevilliers à condamner cet acte indigne ». « Quand on parle de banlieue, on parle toujours de trafic et des autres formes de violences mais pas de celles faites aux femmes. Ces actes bénéficient d'une trop grande tolérance dès lors que ça se passe en banlieue, estime Carole Tanqueret, directrice de l'Association des femmes relais de Gennevilliers. Il est inacceptable de se prendre des coups dans la rue parce qu'on n'a pas dit bonjour à quelqu'un. »