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Territoires Palestiniens

Match de foot historique entre des clubs de Gaza et de Cisjordanie

Pour la première fois depuis 15 ans, une équipe de Cisjordanie affrontait une équipe de Gaza, jeudi 6 août 2015 dans l'enclave palestinienne. Le club de Shajaya disputait le titre de champion de Palestine à l'équipe d'Hébron. La rencontre s'est soldée par un nul, 0-0. Elle a été suivie par plusieurs milliers de spectateurs gazaouïs, mais aussi dans les cafés de Cisjordanie. Les deux équipes se retrouveront prochainement pour le match retour à Hébron.

Le joueur Osama Shaban (G) de l'équipe d'Hébron en plein duel avec Salem Wadi (D) du club de Shajaya.
Le joueur Osama Shaban (G) de l'équipe d'Hébron en plein duel avec Salem Wadi (D) du club de Shajaya. REUTERS/Mohammed Salem
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Avec notre correspondant à RamallahNicolas Ropert

Dans un café de la vieille-ville de Ramallah, les Palestiniens fument la chicha et discutent. Sur la première moitié des écrans : des clips de pop arabe. Sur les autres : le match entre les joueurs d'Ahli d'Hébron et les Gazaouïs de l'Etihad Shajaya ! Attablé, un groupe de Palestiniens commente la rencontre. « Ces dernières années, le champion de Palestine était toujours de Cisjordanie. Mais pour la première fois, on peut déterminer quel est vraiment le meilleur club. Soit il sera de Gaza, soit de Cisjordanie », analyse Abu Ahmad.

Rami Saaleh, un fan du Real Madrid, a les yeux rivés sur l'écran. Il constate que les clubs palestiniens ont encore des progrès à faire, mais se dit fier que cette rencontre ait pu être finalement organisée (voir encadré). « Je pense que c'est important que ce match ait lieu. Cela permet aux habitants de Gaza d'oublier un instant la guerre qu'ils ont subie l'an dernier. Et puis, à Gaza, tout le monde aime le football. C'est un moment de joie et de détente. »

En Cisjordanie et à Jérusalem, le football est le sport numéro 1. Les enfants jouent à chaque carrefour vêtus de maillots des équipes européennes. Mais à Gaza, c'est effectivement encore plus flagrant. Dans l'enclave palestinienne, en partie détruite par la guerre l'été dernier, les distractions ne sont pas extrêmement nombreuses, alors on rêve en regardant des matchs à la télé.

Capitaine de l'équipe féminine de football, Claudie Salameh connaît bien les difficultés rencontrées par les joueurs et les joueuses de Gaza, quand il s'agit d'obtenir des autorisations pour venir jouer en Cisjordanie. « Connecter les joueurs des deux côtés du pays, c'est essentiel. Nous sommes tous des Palestiniens. Les joueurs de Gaza ont le droit de jouer avec ceux de Cisjordanie, et ils ont le droit aussi de partager des moments avec leur équipe nationale », estime-t-elle.

Chez les hommes, l'équipe nationale palestinienne stagne autour du 100e rang au classement mondial de la Fifa. Qualifiée pour la première fois pour la Coupe d'Asie des nations en Australie cette année, elle a été sèchement éliminée au premier tour de la compétition. Mais les joueurs ont su rebondir. Ils ont entamé une série de matchs qualificatifs pour la prochaine Coupe du monde et restent sur une victoire 6-0 contre la Malaisie à Kuala Lumpur.

En attendant de savoir si la Palestine sera un jour représentée dans un Mondial de football, Claudie Salameh devra aussi attendre le match retour en Cisjordanie pour connaitre le nom du club champion de Palestine. Mais elle est satisfaite. Elle regrette seulement qu'il n'y ait pas eu plus d'engouement pour la rencontre. Il faut dire qu'au moment du match, plusieurs établissements de Ramallah rediffusaient une rencontre du championnat anglais de l'an dernier...


■ Organiser un match entre Gaza et la Cisjordanie, pas une mince affaire

Faire se rencontrer les clubs d'Hébron et de Shajaya fut un travail long et laborieux. Au congrès de la Fifa de mai dernier, la Fédération de Palestine de football (PFA) menaçait de faire voter une résolution pour exclure Israël de la fédération internationale. Le feuilleton a duré plusieurs semaines avant que les Palestiniens n'enterrent finalement la hache de guerre contre quelques engagements israéliens. Parmi ceux-là : une circulation facilitée pour les joueurs de football entre Gaza, Jérusalem et le reste des Territoires palestiniens.

Forte de cette accord, la fédération palestinienne a alors décidé d'organiser une rencontre entre le champion de Cisjordanie et le champion de Gaza. Un match pour sacrer le champion de Palestine, comme on n'en avait plus organisé depuis l'an 2000. Mais la PFA n'était pas encore au bout de ses peines ; alors que le match aller était initialement prévu mardi à Gaza, les joueurs n'ont pas reçu les autorisations de se rendre dans l'enclave palestinienne de la part des autorités israéliennes. Raisons de sécurité. Les Palestiniens ont alors décidé de saisir la Fifa pour tenter de faire pression sur les autorités israéliennes.

Jibril Rajoub, le charismatique patron du football palestinien, a ainsi déposé plainte auprès de la Fifa. Il a aussi écrit à Michel Platini, à la tête de l'UEFA, dont Israël est membre. Des pressions qui ont obligé les autorités israéliennes à changer d'avis. Les permissions de voyage ont finalement été accordées et le match tant attendu a bien eu lieu, avec un peu de retard. Un match retour est prévu dimanche, si les joueurs gazaouïs obtiennent bien leur autorisation. Le vainqueur de cette double confrontation représentera la Palestine lors de la coupe d'Asie des clubs, une compétition régionale qui rassemble les meilleures équipes de la fédération asiatique.

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