Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Irak : le Parlement, sous pression de la rue, vote des réformes anticorruption

Le Parlement a approuvé, mardi, les mesures anticorruption présentées par le chef du gouvernement.

Par 

Publié le 11 août 2015 à 03h47, modifié le 17 août 2015 à 00h37

Temps de Lecture 3 min.

Manifestation à Bassora, le 7 août.

Il aura fallu une vague de chaleur, plus de 50 degrés dans les rues de Bagdad, pour que soudain la guerre contre l’Etat islamique (EI) passe au second plan et pour que l’Irak refasse de la politique. Depuis le 31 juillet, des manifestations ont lieu dans la capitale, dans le grand port du Sud, Bassora, et dans les villes saintes chiites de Nadjaf et Kerbala. On y dénonce des coupures d’électricité insupportables par cette chaleur, et la corruption au sein de l’Etat, qui en est l’une des causes. Poussé par la rue, le premier ministre, Haïder Al-Abadi a présenté, dimanche 9 août, un ambitieux plan de réforme du fonctionnement de l’Etat. Le Parlement, sous pression, a approuvé, mardi 11 août, les mesures anticorruption présentées par le chef du gouvernement.

Ce plan prévoit la suppression immédiate des trois postes de vice-premiers ministres et de vice-présidents, attribués par convention à un chiite, un sunnite et un Kurde. Ce système de répartition du pouvoir selon des lignes confessionnelles et partisanes est un héritage de l’occupation américaine et un symbole du profond dysfonctionnement de l’Etat irakien. Déjà, le vice-premier ministre Baha Al-Aradji, membre du mouvement chiite Sadr, a présenté sa démission. Une enquête sur des soupçons de corruption a été ouverte à son encontre.

La principale victime de cette réforme serait le vice-président Nouri Al-Maliki, ex-premier ministre de 2006 à 2014, évincé quelques semaines après la conquête par l’Etat islamique (EI) de larges pans des provinces sunnites de l’ouest et du nord du pays. M. Maliki, secrétaire général du parti religieux chiite Dawa, auquel appartient M. Al-Abadi, reste puissant au sein de l’appareil d’Etat, dont il a contribué à façonner les travers autoritaires, clientélistes et confessionnels. C’est lui qui avait réprimé la première vague de manifestations spontanées d’inspiration libérale qu’avait connue l’Irak, fin 2011, en même temps que celles des zones sunnites. « On a l’impression que cette séquence pourrait tourner la page Maliki dans l’esprit de la population irakienne », estime Robin Beaumont, doctorant à l’EHESS.

M. Al-Abadi souhaite également remplacer de hauts fonctionnaires de l’administration centrale et des provinces, hors des quotas confessionnels et partisans usuels. Il fusionne des ministères pléthoriques, où l’on plaçait des amis politiques.

« Ils nous ont volés au nom de la religion »

Les manifestations qui lui ont donné ce mandat fort ont été organisées notamment sur les réseaux sociaux par des fonctionnaires, des journalistes, des membres de la société civile, souvent jeunes, qui dénoncent les partis religieux au pouvoir : « Ils nous ont volés au nom de la religion », scandent-ils.

Leur initiative a « pris » dans la population épuisée par la faiblesse de l’Etat, essentiellement parmi les chiites. « Depuis un an, tout est gelé au nom de la lutte contre Daech. Les services publics se délitent. Il n’y a plus de centre. C’est une lutte de tous contre tous pour des revenus qui baissent avec les prix pétroliers », analyse Loulouwa Al-Rachid, chargée de mission auprès de l’International Crisis Group en Irak.

Des proches de l’ayatollah Ali Al-Sistani, principale autorité chiite d’Irak, à la parole rare, se sont rangés derrière la grogne populaire lors du sermon de la prière du vendredi, à Kerbala. Ils ont enjoint M. Al-Abadi à « frapper d’une main de fer » les corrompus.

Les observateurs s’attendent à ce que Nouri Al-Maliki, qui s’est déclaré favorable à cette réforme, ne se laisse pas écarter aisément. Le risque est grand, même si les parlementaires l’approuvent, qu’une telle réforme s’enlise.

Le Monde Application
La Matinale du Monde
Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer
Télécharger l’application

Le mouvement est d’ores et déjà soumis à des tentatives de récupération par des groupes religieux. Vendredi, la milice Asaïb Ahl Al-Haq, pro-iranienne, défendait à Bagdad, parmi les manifestants, une « mobilisation civile », pendant de la « mobilisation populaire » armée contre l’EI. « On a réussi à empêcher les miliciens de harceler les vrais manifestants. On n’allait pas laisser faire. On a distribué des drapeaux et pour l’instant, ça marche », dit Anasse Azzaoui, un manifestant.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.