Qatar : la loi pour protéger les droits des travailleurs immigrés repoussée

Malgré les promesses du gouvernement qatari, la loi de protection des travailleurs immigrés n'est pas entrée en vigueur ce 18 août. Son application a été repoussée à une date indéterminée, pour donner du temps au 50 000 entreprises concernées.Â

Qatar : la loi pour protéger les droits des travailleurs immigrés repoussée

    Les forçats du désert Qatari devront prendre leur mal en patience. Le pays a repoussé la loi qui devait assurer à ses travailleurs immigrés le minimum vital : un salaire versé tous les mois. Les quelques 250 000 hommes, venus principalement d'Inde Å?uvrent, dans un environnement hostile, pour faire sortir du sable, notamment, les infrastructures qui accueilleront la coupe du Monde de 2022.

    «Réforme significative»

    Face aux critiques de plusieurs ONG internationales, sur les conditions de travail réservées à la main d'Å?uvre dont il a tant besoin, le Qatar avait promis de légiférer. Oui, mais voilà, pas facile de faire avaler la pilule aux 50 000 entreprises concernées. Le nouveau système de protection des salaires (WPS), présenté par les autorités comme une réforme «significative» qui devait entrer en vigueur a été reporté sine die. Une période de six mois avait pourtant déjà été accordée aux employeurs pour leur permettre de s'organiser.

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    Dans les médias locaux, la rumeur bruisse que l'entrée en vigueur se fera le 2 novembre prochain. Des titres comme The Peninsula ou Al Sharq assurent que la nouvelle loi sera appliquée à partir de l'automne, une information confirmée par l'avocat des sociétés internationales, Michael T Palmer citant ses échanges avec le ministère du Travail : «La date d'application a été confirmée verbalement comme étant le 2 novembre.» Malgré les demandes incessantes, les autorités se refusent à tout commentaire et ne s'engagent sur aucune date précise.

    «Esclavage moderne»

    Cette nouvelle réglementation prévoit, dans le cas où les entreprises ne paierait pas leurs petites mains, des amendes allant jusqu'à 6 000 riyals (1 485 euros) et des peines de prison pour les patrons indélicats.

    Dans un rapport publié en mai, Amnesty International accusait le Qatar d'avoir failli à son engagement, pris en 2014, d'introduire des réformes dans des domaines cruciaux, dont le versement des salaires ou encore l'abolition de la Kafala, sorte de parrainage qui interdit à un employé de rechercher un travail ou de sortir du territoire sans l'accord de son patron. Le ministère du Travail avait alors affirmé que le WPS incarne les

    «changements significatifs» introduits dans le richissime petit émirat et qu'il «n'était pas nécessaire de se presser» pour supprimer la kafala.

    Selon le quotidien britannique The Guardian, qui qualifie ces conditions d'« esclavage moderne », 400 ouvriers népalais et 500 ouvriers indiens seraient morts sur les chantiers en 2014.

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