La Russie s'approprie 50.000 km2 en mer d'Okhotsk, dans les eaux du Japon

Par la publication d'un nouveau décret révélée ce samedi, le gouvernement russe étend son territoire de 50 000 km² en mer d'Okhotsk, dans l'Extrême Orient russe. Au grand dam du Japon.

La Russie s'approprie 50.000 km2 en mer d'Okhotsk, dans les eaux du Japon

    La Russie, qui s'étend déjà sur plus de 17 millions de kilomètres carrés, continue de s'étendre. Selon un décret publié ce samedi par le gouvernement, le pays a maintenant acquis 50 000 km² en mer d'Okhtosk, au sud de la pointe orientale du pays. 50 000 km², c'est la surface de la région Midi-Pyrénées, la plus grande en France métropolitaine.

    Cette nouvelle zone, grande source d'hydrocarbures, représente un nouvel atout pour l'économie russe. Le Premier ministre Dimitri Medvedev ne s'en cache par. «Cela signifie que nous pouvons développer notre plateau continental où se trouvent d'abondantes ressources en matières premières et d'abondants gisements énergétiques».

    Le Japon courroucé

    Si le décret était en réalité daté du 15 août, le Premier ministre Dimitri Medvedev l'a rendu public au premier jour d'une visite dans les îles Kouriles, disputées avec le Japon et situées au sud-est de la mer d'Okhotsk, provoquant la colère de Tokyo. Cette décision a été validée l'an dernier par la commission de l'ONU chargée de déterminer les limites du plateau continental, a insisté le chef du gouvernement russe.

    Le problème, c'est que ces îles de la mer d'Okhotsk sont revendiquées par l'archipel nippon depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le ton est alors monté entre les deux capitales, brouillées actuellement à cause de la crise ukrainienne, au point que Moscou s'interroge sur la sincérité du Japon concernant la mémoire du conflit qui s'est achevé il y a 70 ans.

    «Nous apprécions le Japon mais cela ne doit rien avoir à voir avec les îles Kouriles, qui font partie de la fédération de Russie», a tranché Dimitri Medvedev, cité par les agences russes, «c'est pour cela que nous avons effectué, nous effectuons et nous effectuerons des visites aux îles Kouriles».

    Piqué au vif, le chef de la diplomatie japonaise Fumio Kishida a convoqué l'ambassadeur russe Evguéni Afanassiev. La visite de Medvedev «blesse les sentiments du peuple japonais et c'est extrêmement regrettable», a souligné Fumio Kishida. En conséquence, le gouvernement nippon a annulé une visite en Russie de son chef de la diplomatie envisagée pour septembre.

    Techniquement et malgré d'importantes relations économiques, les deux pays n'ont toujours pas signé de traité de paix depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale en raison de leur différend territorial.

    Une inexorable soif de conquête

    Sur fond de crise ukrainienne, la Russie n'en est pas à sa première extension arctique. Le droit de la mer fixe actuellement la zone économique exclusive d'un pays à 200 milles marins (environ 370 km) de ses côtes, lui donnant la souveraineté dans cette zone pour en exploiter les ressources. Au-delà, les eaux sont considérées juridiquement comme étant internationales.

    Cependant, un pays a le droit de revendiquer l'extension de sa zone économique exclusive au-delà des 200 milles traditionnels et jusque dans une limite de 350 milles, s'il peut justifier que les limites de son plateau continental s'étendent plus loin sous les eaux.

    C'est en vertu de ce droit que Moscou vient de réclamer à l'ONU la souveraineté sur plus d'un million de kilomètres carrés dans l'Arctique. Profitant de la fonte des glaces, la Russie a pu présenter de nouvelles preuves de légitimité à s'étendre en Arctique, près de quinze ans après le rejet de sa première requête.

    La zone nouvellement attribuée dans la mer d'Okhotsk se situe au-delà des 200 milles mais se trouve donc cernée de territoires russes, entre la péninsule du Kamtchatka et l'île de Sakhaline, très riche en hydrocarbures.