Plus intrusif, Spotify provoque un tollé chez les utilisateurs
La dernière mise à jour de ses conditions générales d'utilisation permet au service d'accéder aux contacts et photos de ses clients.
Par Alexandre Counis
Spotify serait-il sur le point de se montrer aussi intrusif qu'un de vos « ex » aveuglé par la jalousie ? C'est l'accusation portée par le magazine « Wired » contre le service de streaming musical après la dernière mise à jour de ses conditions générales d'utilisation et de protection de la vie privée. Une mise à jour qui a provoqué un véritable tollé auprès des utilisateurs : elle permet à Spotify, « avec leur permission, de collecter des informations stockées sur leur mobile, comme des contacts, des photos ou des fichiers médias ». Mais aussi des donnés GPS ou des informations sur les mouvements de leur téléphone.
Le service, qui enregistrait déjà les recherches de ses utilisateurs, s'autorise aussi désormais à garder en mémoire l'heure et la date de ces requêtes. La polémique, qui a enflé vendredi sur les réseaux sociaux, tombe au plus mauvais moment pour le suédois, qui compte plus de 75 millions d'utilisateurs actifs dont plus de 20 millions payants, mais est directement concurrencé depuis deux mois par le nouveau service Apple Music. « Nous présentons nos excuses. Nous aurions dû faire mieux pour communiquer sur ce que ces règles signifient et comment sera utilisée - ou pas - toute information que vous choisissez de partager », a lancé vendredi à ses clients Daniel Ek, le patron de Spotify, sur le site de la société.
Personnalisation accrue
« En tant que consommateur, j'ai toujours adoré votre service. C'est vous qui m'avez convaincu d'arrêter de pirater de la musique. S'il vous plaît, réfléchissez à ne pas devenir le Mal », avait twitté un peu plus tôt l'un des créateurs du jeu « Minecraft », Markus Persson, l'une des grandes figures de la tech en Suède, à ses 2,4 millions de « followers » en leur annonçant crânement qu'il résiliait son abonnement au service de streaming. Daniel Ek avait dû monter personnellement au créneau : « Vous avez lu notre blog ? Nous ferons une demande explicite avant d'utiliser votre appareil photo ou votre GPS », avait-il répondu sur Twitter.
Si Spotify prend le risque de se montrer aussi curieux, c'est qu'il souhaite pousser les feux sur la personnalisation de son service. S'il veut pouvoir collecter les données de l'accéléromètre de leur smartphone, c'est pour proposer à ses abonnés de la musique plus ou moins dynamique selon qu'ils marchent, courent ou restent immobiles (Spotify Running). S'il veut accéder aux photos de leur smartphone, c'est pour mieux personnaliser leurs playlists.
Quant à leur liste de contacts, Daniel Ek a précisé vendredi qu'il n'était pas question de la fouiller ou de l'importer sans leur permission. « A l'avenir, nous pourrions avoir envie de vous donner la possibilité de trouver vos amis sur Spotify en recherchant des utilisateurs parmi vos contacts si vous choisissez de le faire », a-t-il dit. Autant de précisions qui restent à intégrer dans les conditions générales d'utilisation du géant suédois du streaming musical...
A. C.