Combien de Français renoncent-ils à se soigner faute d'argent ?

En fonction de la formulation de la question, le taux de personnes répondant positivement passe de 21 à 36 %, selon une récente étude nationale.

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Les soins dentaires sont parmi ceux qui font le plus souvent l'objet d'un renoncement.
Les soins dentaires sont parmi ceux qui font le plus souvent l'objet d'un renoncement. © PIRARD/ISOPIX/SIPA

Temps de lecture : 2 min

De plus en plus, le taux de renoncement aux soins est devenu un indicateur permettant d'apprécier, "en complément des mesures habituellement utilisées (reste à charge, taux de recours, dépenses moyennes), l'accessibilité financière aux systèmes de santé", écrivent Renaud Legal et Augustin Vicard, en introduction du travail qu'ils ont récemment effectué pour la Drees (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques). D'où la nécessité, selon les auteurs, de s'interroger sur la manière dont le renoncement est mesuré. Selon eux, la question "Au cours des 12 derniers mois, avez-vous renoncé à un soin pour des raisons financières ?" est trop large pour donner une vision précise de ce grave problème.

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Ces auteurs expliquent que la notion de renoncement est éminemment subjective. Elle varie selon les individus, leurs histoires de soins et de vie, leur environnement, leur métier, leur niveau socioculturel... Ainsi, dans toutes les enquêtes concernant ce sujet, la part des femmes déclarant avoir renoncé à se soigner est supérieure à celle des hommes, ce qui montre que les attentes ne sont pas identiques en matière de soins. Quant aux agriculteurs, ils se plaignent moins souvent de ce problème que les autres groupes sociaux, notamment en ce qui concerne les soins dentaires ou optiques, sans que cela puisse être expliqué par des besoins différents.

Sous-estimation

L'étude menée par la Drees cherche à mesurer l'effet direct de la formulation de la question sur le taux de renoncement. Pour cela, l'échantillon de 4 000 personnes participant au baromètre d'opinion de cet organisme a été scindé en 4 groupes de taille identique et représentatifs. Résultat : lorsque le questionnement est le plus précis (avec le type de soins et les raisons financières précisés d'emblée), le taux global de renoncement aux soins pour des raisons financières est le plus élevé (36 %). C'est assez logique, notent les auteurs : "Plus on propose des modalités à l'enquêté, plus il a de chances de répondre positivement à une des modalités." À l'opposé, quand le questionnement est le plus général, le taux est le plus faible (21 %), car "on s'expose à un biais de mémoire", expliquent-ils. En clair, jusqu'à présent, le renoncement était sous-estimé.

D'autre part, en interrogeant sur la raison principale du renoncement dans un deuxième temps, "on gomme mécaniquement une partie du renoncement pour des raisons financières (chaque fois que ce motif n'est pas le principal)", peut-on lire. Enfin, le fait de préciser d'emblée "pour des raisons financières" augmente le taux de renoncement de huit ou dix points si le type de soins est décliné.

En revanche, l'enquête confirme que les déterminants sociaux du renoncement aux soins pour des raisons financières restent les mêmes, quelle que soit la formule adoptée. Ce qui aide à identifier les populations devant être aidées en priorité.

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Commentaires (4)

  • y

    Les soins, en particulier, les dents les yeux et les médicaments sont de moins en mois remboursés, de même que la visite chez certains médecins non conventionnés.

  • gjn

    L'assistanat à fait exploser les coûts des soins.
    rajoutons le dogme "état providence" pour celles et ceux qui ne paient pas...
    et on a ce résultat.

  • enolane

    ... J'ai renoncé à tous les soins qui ne relèvent pas d'une urgence, non par manque d'argent (la Sécu rembourse presque tout) mais par civisme, parce que continuer de prendre des médicaments (et les consultations qui vont avec) pour un mal de ventre ou un mal de crâne de quelques heures, un rhume, une blessure légère, et je ne sais encore combien d'autres exemples, n'est pas quelque chose qu'on devrait s'autoriser dans un système en faillite. Je ne parle même pas de toutes les homéopathies qui coûtent une fortune à la Sécu et dont l'efficacité n'a toujours pas été démontrée.

    Je pense que si tout le monde faisait de même et acceptait de prendre un peu sur soi en réalisant la chance qu'on a par rapport à d'autres pays, où certains ne peuvent même pas se faire opérer pour un problème grave, notre système de santé se porterait beaucoup mieux. Malheureusement, il est fait d'une manière qui déresponsabilise totalement les gens, ce qui est à la fois sa force et sa faiblesse. Surtout dans un pays où l'idée même de ne pas user au maximum de ses droits par civisme donne de l'urticaire...