LeoT (avatar)

LeoT

Abonné·e de Mediapart

7 Billets

0 Édition

Billet de blog 26 août 2015

LeoT (avatar)

LeoT

Abonné·e de Mediapart

Au Venezuela, Nicolás Maduro expulse les colombiens par centaines.

LeoT (avatar)

LeoT

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Alors que l'Europe connaît une crise migratoire sans précédent, en Amérique Latine aussi les problèmes migratoires existent. Depuis le 22 août dernier, le Venezuela de Nicolás Maduro expulse les ressortissants colombiens par centaines.
Dans l'objectif de « lutter contre les groupes paramilitaires », le président de la république bolivarienne a décidé de fermer « indéfiniment » la frontière colombo-vénézuélienne. La raison initiale ? Une embuscade contre une patrouille militaire vénézuélienne sous fond de contrebande. Cinq communes de l'état de Táchira (au nord du Venezuela) placées en état d'urgence pour 72 heures initialement le sont toujours. Depuis l'instauration de la constitution vénézuélienne en 1999, l'utilisation de l'état d'urgence est une première.

Expulsions et destruction de maison. 

Au-delà d'une simple fermeture de frontière, la garde nationale vénézuélienne expulse par centaines les colombiens présents dans l'état de Táchira. Le quotidien colombien El Tiempo relaie notamment le témoignage Navarro, expulsé du Venezuela avec son épouse et ses trois enfants. 

Selon le gouvernement de Nicolás Maduro, 791 colombiens en situation illégale auraient été expulsés. Le gouverneur de l'état de Táchira parle de 1012 expulsions. Des chiffres non officiels, relayés par les médias colombiens, évoquent quant à eux plus 2000 expulsions depuis le début de la crise. Parmi ces expulsions, quelques 170 mineurs, dont 34 auraient été séparés de leur famille.
Outre les expulsions, dans les cinq municipalités concernées, la garde nationale vénézuélienne marque chaque maison d'une lettre : "R" pour "vérifiée", "D" pour "à démolir". Fruit de deux grands flux migratoires (un premier lié à la crise pétrolière des années 1970, un second lié au conflit armé colombien au début des années 2000), la diaspora colombienne au Venezuela représente plusieurs millions d'individus. Pour la plupart peu qualifiés, ces ressortissants colombiens sont régulièrement l'objet d'attaques de la presse vénézuélienne.

Crise humanitaire à Cúcuta. 

A Cúcuta, ville colombienne frontalière de l'état de Táchira, les autorités colombiennes font tant bien que mal face à l'afflux de migrants colombiens. La mairie de Cúcuta avoue ne pas être préparée à l'arrivée massive des colombiens expulsés du Venezuela. La crise humanitaire y est majeure. « Aucune ville n'est prête à recevoir une telle quantité de déportés et d'expulsés » a affirmé Donamaris Ramírez, maire de Cúcuta, au journal La Opinión.

La sécurité comme pretexte.

Alors que la contrebande, la guérilla, les paramilitaires et les narcotrafiquants sont toujours présents à la frontière colombo-vénézuélienne, cette fermeture de frontière intervient peu à après l'annonce par Nicolás Maduro de la création du plan « Libération et Protection du Peuple » visant à combattre les paramilitaires infiltrés en territoire vénézuélien.

Interrogé par El Espectador, Carlos Vecchio, coordinateur politique de Voluntad Popular (premier parti d'opposition vénézuélien), estime que la motivation de Nicolás Maduro est davantage liée aux élections législatives vénézuéliennes du 6 décembre prochain. Alors que le Parti Socialiste Unifié du Venezuela au pouvoir est en difficulté – et ce particulièrement dans l'état de Táchira – ses opposants l'accuse de vouloir faire diversion. La situation économique du Venezuela est en effet précaire avec une inflation proche de 200 % en 2015.

Un dialogue de sourd. 

Ce mardi, Juan Manuel Santos, président colombien, a qualifié d'« inacceptable » le traitement réservé aux citoyens colombiens : « Le moment est venu de travailler avec fermeté, bon sens et efficacité pour résoudre cette situation et défendre la vie et la dignité de nos compatriotes ». 

De son côté, le gouvernement vénézuélien renvoie la balle, la Ministre des Affaires Étrangères de la République Bolivarienne désirant la présentation d'un « plan de solutions aux problèmes du Venezuela » par le gouvernement colombien.  

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.