Migrants : vive les maires de France !
Édiles de gauche comme de droite, ils sont les premiers à monter en première ligne pour gérer la crise, en attendant que le gouvernement agisse.
Par Jérôme CordelierTemps de lecture : 2 min
Quel silence ! Lors des attentats de janvier dernier, les leaders politiques nationaux, tous camps confondus, président de la République en tête, avaient réagi au quart de tour – à juste titre. En ce moment, une foule chaque jour croissante de migrants, dont nombre de réfugiés politiques, déferle sur l'Europe et c'est peu dire que nos politiques restent sur une réserve assourdissante, comme le souligne l'éditorialiste Laurent Neumann. Quelques déclarations de principe et des appels à des rassemblements républicains (pour la gauche)... Bref, service minimum. Les appareils et leurs responsables paraissent tétanisés par la crise majeure, historique, qui se déroule sous nos yeux et, surtout, plus préoccupant, incapables d'émettre un début de réponse. Parce qu'un Français sur deux paraît, selon un sondage, opposé à l'accueil des migrants ? Parce qu'à l'approche des régionales et surtout de la présidentielle, alors que la montée du Front national anesthésie le débat politique, les « présidentiables » ont peur du faux pas ?
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve convoque les maires volontaires pour accueillir des migrants – ah bon, il n'y a plus de préfets en France ? Le Parti socialiste s'en remet à un réseau ad hoc de « villes solidaires » lancé autour de Toulouse par le député de Haute-Garonne et hiérarque PS Christophe Borgel, et l'ancien maire de la Ville rose, Pierre Cohen. Car, une fois de plus, les politiques qui ont été les plus prompts à réagir sur cette affaire, ce sont les fantassins de la République : les maires. Ces édiles ont pourtant déjà à gérer en première ligne la crise économique et sociale, combat dans lequel ils sont entravés par la restriction drastique des dotations budgétaires.
Mais, quitte à prendre à rebrousse-poil certains de leurs concitoyens, ils sont chaque jour un peu plus à se porter volontaires pour accueillir des réfugiés. Des villages aux plus grandes villes, gérées par des socialistes (Paris, Lille, Strasbourg) mais aussi par des membres des Républicains, à l'instar des jeunes maires de Caen et de Saint-Étienne. L'édile stéphanois, Gaël Perdriau, qui pourtant respecte la discipline partisane et n'a rien d'un franc-tireur, se dit « écoeuré » par la timide mobilisation des leaders nationaux et mondiaux, de gauche comme de droite. Le courage en politique, ce sont ces maires qui l'incarnent.