La rentrée politique, à Paris, lundi 6 janvier, doit être marquée par l'inauguration des permanences de deux candidates aux municipales dans le 5e arrondissement : celle du PS, Marie-Christine Lemardeley, en présence d'Anne Hidalgo ; celle de l'UMP, Florence Berthout, en présence de François Fillon et de Nathalie Kosciusko-Morizet. Pratiquement à la même heure…
Nous avons demandé à Dominique Tiberi, fils de Jean Tiberi, le maire sortant, ce qu'il en pensait. Candidat dans l'arrondissement, il est en voie d'exclusion de l'UMP pour dissidence, comme quinze autres candidats du parti à Paris.
Deux inaugurations, à droite et à gauche, en présence d'un ancien premier ministre et des chefs de file pour les municipales de mars : la bataille de Paris se jouerait-elle dans le 5e ?
Je voudrais d'abord souligner que ce n'est pas le seul point commun entre les deux candidates dans le 5e : elles sont toutes les deux des parachutées. L'une s'est précipitée pour y louer un studio, l'autre un meublé, afin d'y avoir une adresse. Je ne vois pas là le signe d'un enracinement profond dans l'arrondissement.
Par ailleurs, les deux grands partis politiques que sont l'UMP et le PS semblent avoir un problème avec le 5e. Le PS, mon véritable adversaire et qui devrait être le seul, a fait le choix de se séparer de Lyne Cohen-Solal pour des raisons judiciaires. Cela a été invoqué par Bertrand Delanoë lui-même. Mais les socialistes se sont dépêchés de la réintégrer en troisième position. Et ils ont choisi quelqu'un, la présidente de la faculté Censier, dont la première décision a été de supprimer cette université dans le 5e. En accord, bien entendu, avec le ministère de l'enseignement supérieur et la mairie de Paris.
Leur slogan c'est « Oser le 5e ». C'est sûr qu'il fallait oser. On dirait du Audiard. La candidate choisie par Nathalie Kosciusko-Morizet, maire adjointe du 1er arrondissement, n'est là que parce que la loi électorale a changé pendant l'été, sur injonction du Conseil constitutionnel. Il a fallu la recaser quelque part, puisque son siège de conseiller de Paris était supprimé. Elle habite le 16e arrondissement et elle est élue du 1er.
Que pensez-vous de la présence de François Fillon, député de la circonscription, à cette inauguration, lui à qui vous avez demandé plusieurs fois son soutien ?
La même chose que tout le monde dans le 5e et visiblement la même chose que l'ancien président Nicolas Sarkozy, qui l'a qualifié de « traître » selon Le Point.fr. Il y a trois maires d'arrondissement dans sa circonscription, qui couvre le 5e, une partie du 6e et une partie du 7e. Deux d'entre eux en disaient des horreurs : Rachida Dati (maire du 7e) et Jean-Pierre Lecoq (maire du 6e).
Je présente mes excuses à Jean-Pierre Lecoq pour ne pas avoir cru ce qu'il me disait de François Fillon. Là, nous ne sommes plus dans la politique. Nous sommes dans les rapports humains, qui sont les plus importants, pour moi. Venir inaugurer cette permanence dans le 5e, lundi soir, c'est indécent. M. Fillon n'est pratiquement pas venu dans l'arrondissement depuis son élection, en juin 2012, dans la circonscription qui était celle de Jean Tiberi. Et avant, pas davantage. Les habitants du 5e sont choqués par cette attitude. Beaucoup d'entre eux me disent leur incompréhension, voire leur indignation.
Qui viendra inaugurer votre propre permanence ?
Je n'ai pas prévu d'inauguration. Ma permanence est ancienne et elle fonctionne toute l'année.
La droite peut-elle encore se rassembler pour gagner à Paris ?
La droite avait toutes les conditions nécessaires pour gagner. Sur le plan de la politique nationale, la situation nous est favorable, car les promesses ne sont pas faciles à tenir quand on en fait beaucoup. « Moi président, moi président », cela ne suffit pas. Sur le plan local, on commence à prendre toute la mesure de la politique menée par Bertrand Delanoë, qui résulte de choix différents des nôtres. Dans le 5e, j'y insiste, et c'est l'objet de mon engagement, la mairie de Paris a mené une action négative sur tous les plans depuis 2001.
Je ne dirais pas que l'UMP a réussi en tout, ce serait faux et ce serait idiot. Mais, objectivement, dans le 5e, depuis treize ans, la majorité a supprimé très régulièrement des équipements créés par Jean Tiberi. D'ailleurs, ce sera l'essentiel de mon programme : restituer au 5e ce qui lui a été enlevé par Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo.
Pour cela, il faut d'abord gagner…
Toutes les conditions étaient réunies pour une alternance. Mais NKM s'est déchaînée d'une façon très bizarre. Elle a commencé par s'attaquer à Jean Tiberi, alors qu'il n'a rien à se reprocher. Je souhaite à Mme Kosciusko-Morizet de pouvoir en dire autant. Ensuite, elle a créé des problèmes dans la moitié des arrondissements de Paris. Où sont les grands projets ? Où sont les idées nouvelles ? De déclarations malheureuses en attaques injustifiées contre son propre camp, on est en train de faire un cadeau inespéré à Mme Hidalgo, qui n'en demandait pas tant.
Faut-il davantage que l'union pour l'emporter ?
L'union est une condition nécessaire, pas suffisante. Mais, sans l'union, la dynamique ne se crée pas. On nous refait le coup de 2001, avec les mêmes acteurs néfastes de l'équipe de Philippe Séguin, paix à son âme.
Irez-vous jusqu'au bout de votre démarche ?
Oui, bien sûr ! La question ne se pose même pas. J'irai de façon tout à fait naturelle. Ma candidature est légitime. Contrairement à celle de la candidate parachutée. Quant à ceux qui m'attaquent ou qui contestent ma légitimité… Bernard Debré, qui m'a agressé, ainsi que Jean Tiberi, a hérité de deux mandats électoraux à Amboise. Il a réussi à tout perdre. Il faut quand même le faire, Amboise, ce n'est pas Montreuil. Puis il est venu à Paris en dissident. Comme d'ailleurs tous ceux qui ont voulu ma procédure d'exclusion.
Fillon a mis le parti en danger en créant son propre groupe pour ses intérêts personnels ; Philippe Goujon, président de la fédération de Paris, était dissident aux sénatoriales de 2004, Jean-Pierre Lecoq aux municipales de 2001, Jean-François Copé également à Meaux, en 1995, etc.
Que pensez-vous de l'initiative de Charles Beigbeder, qui veut fédérer les mécontents ?
Rien. Ce n'est ni un programme ni une ambition, si tel est bien son souhait.
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