RUGBY - Peut-être encore plus que d'autres sports d'équipe, le rugby est une discipline par essence collective. La cohésion entre les différentes lignes est prépondérante et il ne suffit pas d'avoir deux ou trois individualités talentueuses pour s'imposer. Même si le professionnalisme et une médiatisation toujours grandissante sont passés par là, on est aussi encore loin du star system du foot ou du basket.
Il existe finalement peu de célébrités dans le rugby, qui reste un sport populaire dans un nombre limité de pays. Pas de Cristiano Ronaldo ou de Messi dont le nom est connu dans les cours de récréation du monde entier, donc. Mais si vous suivez le Mondial qui débute ce vendredi 18 septembre à Twickenham (Londres) avec un Angleterre-Fidji, vous risquez tout de même d'entendre parler de quelques joueurs hors normes par leur talent, leur parcours ou leur physique.
De la France à la Nouvelle-Zélande en passant par l'Uruguay, Le HuffPost fait les présentations:
Sam Burgess (Angleterre)
Il ne sera pas titulaire face aux Fidji ce vendredi 18 septembre pour l'ouverture de la Coupe du monde, mais vous risquez de vite entendre parler de lui. A 26 ans, Sam Burgess a une trajectoire particulière. Il s'agit d'un novice du rugby à XV, qui n'a disputé qu'une saison avec le club de Bath et joué à seulement deux reprises sous le maillot de la sélection anglaise, la première fois il y a tout juste un mois lors du Crunch Angleterre-France à Twickenham.
Mais Sam Burgess est loin d'être un débutant, c'est même une star de son sport d'origine, le rugby à XIII. Demi-finaliste de la Coupe du monde 2013 dans cette discipline très populaire outre-Manche, il a décidé fin 2014 de se "reconvertir" à XV avec l'objectif de disputer le Mondial. Pari réussi, il a été retenu par le sélectionneur Stuart Lancaster. L'Angleterre pourra compter sur la puissance de ce centre très physique (1m96, 116 kg) qui jouait au poste de pilier ou deuxième ligne à XIII et pourrait faire des ravages.
Metuisela Talebula (Fidji)
Dans la tradition des ailiers explosifs, rapides et puissants qui ont fait la réputation des Fidji, Metuisela Talebula pourrait montrer l'étendue de son talent pour son premier Mondial, peut-être dès vendredi 18 septembre au soir face à l'Angleterre en ouverture de la compétition. Venu du rugby à 7, sport roi aux Fidji, il joue à XV depuis son arrivée en France en 2012. Sous les couleurs de l'Union Bordeaux-Bègles, il a inscrit 36 essais en trois saisons, devenant l'un des meilleurs ailiers du Top 14.
En Angleterre, "Met" Talebula aura donc la lourde tâche de faire oublier ses compatriotes Timoci Nagusa et Napolioni Nalaga, eux aussi ailiers et souvent décisifs mais non retenus par leur sélectionneur. D'autant plus que les Fidji se retrouvent dans la "poule de la mort" avec le XV de la Rose qu'ils affrontent ce vendredi soir, le Pays de Galles, l'Australie et le "petit poucet" uruguayen. Gros test en perspective pour le joueur de 24 ans.
George North (Pays de Galles)
Il est peut-être l'un des joueurs les plus prometteurs du rugby européen. A seulement 23 ans, l'ailier gallois George North va disputer sa deuxième Coupe du monde et il est devenu en 2011 le plus jeune joueur à avoir inscrit un essai durant un Mondial.
Comme si cela ne suffisait pas, George North compte déjà la bagatelle de 51 sélections (dont 50 comme titulaire), un record là aussi pour son âge, et a disputé cinq Tournoi des Six Nations (deux remportés, dont un Grand chelem). Un jeune prodige qui sera sans doute très surveillé en Angleterre.
Brodie Retallick et Julian Savea (Nouvelle Zélande)
Difficile de retenir un seul joueur qui sorte du lot chez les All Blacks, qui comptent de nombreuses stars. Mais derrière les "anciens" Richie McCaw, Kieran Read ou Dan Carter, icônes du rugby dans leur pays, la jeune garde néo-zélandais pourrait aussi se révéler au monde.
C'est le cas pour le deuxième ligne Brodie Retallick, champion du monde junior en 2011 et désigné meilleur joueur du monde à seulement 23 ans en 2014. On pense aussi à l'ailier Julian Savea, 30 essais en 35 sélections, que beaucoup comparent déjà au mythique Jonah Lomu. Tous deux s'apprêtent à disputer leur 1er Mondial.
Uini Atonio (France)
Un renfort de poids pour le XV de France. Parfois en manque de puissance et ne possédant pas dans son réservoir de joueurs français un gabarit aussi impressionnant, le sélectionneur Philippe Saint-André est allé chercher en 2014 ce Néo-Zélandais d'origine samoane. Le pilier droit du Stade Rochelais étant arrivé en France en 2011 et n'ayant jamais été appelé en sélection, il était donc éligible pour rejoindre les Bleus.
Avec une taille d'1m97 et un poids oscillant entre 145 et 150 kg, Uini Atonio est tout simplement le joueur le plus massif ayant jamais évolué en équipe de France, et il y aura bien peu de joueurs capables de tenir la comparaison sur ce plan au Mondial. Plutôt utilisé comme "impact player" (entrant en fin de match pour apporter sa puissance), le capitaine rochelais n"aura pas le plus de temps de jeu mais sera difficile à rater sur les pelouses anglaises.
Victor Matfield (Afrique du sud) et Vasil Lobzhanidze (Géorgie)
Le doyen, tout simplement. S'il n'a pas autant de sélections que le Néo-Zélandais Richie McCaw (123 contre 142) ou de Coupes du monde disputées que le Roumain Ovidiu Tonita (bientôt 4 contre bientôt 5), Victor Matfield sera du haut de ses 38 ans le joueur le plus âgé de la compétition. Cela fait plus de 14 ans que ce deuxième ligne, qui vient de rejoindre Northampton, est sélectionné avec l'Afrique du sud. Il a remporté la Coupe du monde en 2007.
A l'extrême opposée, on retrouve Vasil Lobzhanidze. A même pas 19 ans (il les aura en octobre prochain), le demi de mêlée s'apprête lui à battre un record puisque (s'il joue), il deviendra le plus jeune joueur à disputer une Coupe du monde. Le Géorgien compte déjà six sélections cette année, il y a donc de bonnes chances pour qu'il entre en jeu et inscrive son nom dans l'histoire du rugby.
Jamie Cudmore (Canada)
"LE" bad boy du rugby par excellence. Sur le terrain, le vétéran canadien de Clermont est un habitué de la castagne et des cartons à répétition, qui lui ont valu jusqu'à 110 jours de suspension cumulés durant la saison 2010-2011. Deuxième ligne au physique de bûcheron (métier qu'il a exercé avant le rugby), Jamie Cudmore n'a pas eu une jeunesse d'enfant de chœur et a même été "homme de main pour un dealer de sa ville de Squamish", raconte L'Equipe.
S'il s'est assagi avec l'âge et l'expérience - il a 37 ans, est le fer de lance de sa sélection et s'apprête à disputer sa quatrième Coupe du monde -, Jamie Cudmore reste tout de même un joueur réputé pour ses coups de sang. Face au XV de France, que les Canadiens rencontreront jeudi 1er octobre, son éventuelle confrontation avec son bouillonnant homologue du Stade Français, Pascal Papé, est déjà très attendue.
Israel Folau (Australie)
Âgé de 26 ans, ce trois-quarts polyvalent a un parcours similaire à celui de Sam Burgess puisqu'il vient aussi du rugby à XIII (il est même passé par le football australien). Mais à la différence de l'Anglais, il a déjà fait ses preuves à XV, à tel point qu'il est considéré comme l'un des meilleurs joueurs du monde actuellement.
A 26 ans, il totalise déjà 18 essais en 33 sélections. Très puissant (1,93 m pour 103 kg) Israel Folau se distingue sur le terrain par des appuis de feu, une capacité à gagner les duels et son habileté sous les ballons hauts.
Agustin Ormaechea (Uruguay)
En tombant dans la "poule de la mort" avec l'Angleterre, l'Australie, le Pays de Galles et les Fidji, l'Uruguay a tiré le gros lot. Autant dire que le "petit poucet" de la compétition aura du mal à exister, surtout en l'absence de son deuxième ligne star, Rodrigo Capo Ortega, qui a préféré rester jouer en France dans son club de Castres.
Autre valeur sûre de la sélection uruguayenne, Agustin Ormaechea aura la lourde tâche de mener les siens, essentiellement des joueurs amateurs. Ce demi de mêlée de 24 ans est l'un des seuls Uruguayens à jouer en Europe, même s'il n'a disputé que 4 rencontres comme titulaire la saison dernière avec son club de Mont-de-Marsan (Pro D2). Un capitaine plutôt atypique à ce niveau.