Les Kurdes de Limoges à l’origine d’un vaste élan de solidarité pour les réfugiés
Shaban est policier. Aujourd’hui, c'est un Français comme les autres. Mais il n'a jamais oublié qu’il est arrivé dans l’Hexagone en tant que réfugié, au début des années 90, alors qu'il n'avait que 9 ans. Après ça, il a fait sa vie, délaissant le métier d'imprimeur - auquel il avait été formé - après avoir réussi le concours de Gardien de la paix en 2002. Il a fini par être titularisé à Limoges, sa ville d’adoption, s'est marié et a eu deux enfants. Il a aussi participé au renforcement de l’amitié franco-kurde, en créant l’association culturelle des Kurdes de Limoges en 2013. Mais, depuis que Daesh a mis sa région d’origine à feu et à sang, il n’a eu de cesse de se demander comment aider ceux qui sont à leur tour déracinés à cause de la folie des hommes. Avec son ami Showan, un Kurde de 37 ans salarié chez Renault Trucks Defense, ils ne savaient pas trop comment s’y prendre. Ils ont activé leur réseau relationnel et ont commencé à collecter des médicaments. Des familles ont aussi tenu à donner des vêtements. La collecte a pris de l’ampleur. Restait à acheminer les dons vers ceux qui en avaient le plus besoin.
Shaban a alors contacté le groupe Parezvanen Valety au Kurdistan, une association locale qui intervient dans plusieurs camps autour de Duhok, la troisième ville de la région autonome du Kurdistan irakien. Le président lui a conseillé trois camps de toile. Shaban et Showan n’ont fait ni une ni deux. Le 22 mars 2015, ils ont pris l’avion à Bordeaux. Ils se sont envolés pour Istanbul puis Diyarbakir et ont pris un taxi pour la frontière avec les seuls habits qu’ils portaient sur le dos… mais des valises remplies. A l’intérieur, 60 kg de médicaments. Les douaniers kurdes ont fermé les yeux.
A Bashur, le Kurdistan irakien, Shaban et Showan ont retrouvé le président de Parezvanen Valety qui avait déjà prévenu les directeurs des camps. “Et là, on a distribué tout ce qu’on avait amené de France. J'avais tout marqué en kurde sur les boites: à quoi ça servait, les posologies… Et j'ai laissé mon numéro au cas où ils auraient eu besoin de précisions. En plus des médicaments (on en avait pris aussi pour la dépression, car on savait qu’il y avait beaucoup de gens traumatisés dans les camps) on a distribué pas mal de bandages et de seringues. Avec l'association kurde, on a aussi acheté de la nourriture. Et on a encore collecté l’équivalent de 500 euros sur place, grâce à des cousins et à des Kurdes de France qui étaient en vacances là-bas; ça nous a permis d’acheter des vêtements qu’on a également donnés dans les trois camps. On n’a pu en donner qu’à 150 enfants malheureusement.”
Ce n'est pas sans un pincement au coeur que Shaban et Showan sont rentrés en France le 6 avril. Ces deux papas étaient heureux d’avoir fait un geste grâce aux adhérents de l’association culturelle des Kurdes de Limoges, mais ils auraient voulu faire plus. Alors, ils ont organisé plusieurs rassemblements à Limoges pour parler du sort des Yézidis et de toutes les personnes déplacées en Syrie et en Irak. “Près de 2 millions sont réfugiés au Kurdistan qui fait le maximum, mais les besoins sont immenses!” explique Shaban. Au départ, il n’y avait guère que des membres de l’association et quelques “Français d’origine” pour les accompagner. Et puis, il y a eu l’électrochoc du petit Aylan, ce jeune Kurde de 3 ans photographié mort sur une plage de Turquie.
“A partir de là, il y a eu une vraie prise de conscience des gens, observe Shaban. Le 9 septembre, on était dans les 300 à un rassemblement de soutien aux réfugiés, dans le parc Victor-Thuillat, à Limoges. Le Collectif CAR 87 (collectif accueil réfugiés en Haute-Vienne) s’est montré très intéressé par ce qu’on faisait. En fait, beaucoup de gens voulaient aider mais ne savaient pas comment faire. On travaille avec eux sur un projet de grande ampleur pour les réfugiés restés au Kurdistan, avec peut-être même l’envoi de fauteuils roulants, de lits médicalisés… De notre côté, avec les Kurdes de Limoges, on va pouvoir servir de traducteurs aux réfugiés qui seront accueillis dans le département.”
Conférence le 21 septembre à Limoges
Pour dynamiser encore plus cet élan, Shaban a prévu d’intervenir lors d’une conférence qui sera organisée le lundi 21 septembre, de 12 heures à 14 heures, amphi 3, à l’université des lettres de Limoges. Le thème? “Migrants, réfugiés: l’urgence. Et au-delà?”
Diaporama sur leur 1re opération humanitaire
Abonnez-vous au tableau “Les Kurdes de Limoges se mobilisent pour les réfugiés” sur Pinterest. C'est gratuit ;-)En revanche, si vous tenez absolument à donner, voici une autre adresse: association culturelle des Kurdes de Limoges, 29 rue Othello, 87280 Limoges. Les dons en chèque donnent droit à un abattement fiscal. Mais vous pouvez aussi donner des vêtements et/ou des médicaments; l'association prévoit un nouvel aller-retour dans les camps autour de Duhok en octobre 2015.
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