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Ventre pointu, garçon attendu… et autres idées reçues sur la grossesse

Forme du ventre, prénom ou alimentation, les mythes qui tournent autour de la grossesse sont tenaces, en dépit d’une littérature scientifique abondante.

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Publié le 21 septembre 2015 à 12h31, modifié le 22 septembre 2015 à 07h04

Temps de Lecture 5 min.

Une femme est sur le point d'accoucher, le 07 mars 2008 à la maternité associative à but non lucratif des Bluets à Paris.

C’est la période des naissances : l’Institut national d’études démographiques (INED) enregistre, depuis 1975, un léger pic des naissances à la fin du mois de septembre – une grossesse durant en moyenne 265 jours, cette hausse correspond à une conception le soir du Jour de l’an.

Septembre, avec son modeste pic, est donc une bonne occasion pour évoquer légendes urbaines, idées reçues et autres astuces de grand-mère liées à la maternité.

  • La forme du ventre permet de déterminer le sexe

Comme une bouée, c’est une fille ; en obus, c’est un garçon. C’est en tout cas ce que dit la sagesse populaire.

C’est faux

En réalité, la forme du ventre dépend plus du développement de l’utérus (transversalement ou en avant) et de l’élasticité de la paroi abdominale de la femme enceinte… « Ce qui est tout simplement lié au nombre d’enfants qu’une femme a eus », ajoute Marc Dommergues, chef du service gynécologie-obstétrique de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. « Le ventre est plus détendu et on porte davantage les enfants vers l’avant quand on a 40 ans et qu’on a eu trois enfants. »

  • Il y a plus d’accouchements les nuits de pleine lune

En fait non

« C’est une croyance très répandue, mais elle n’est pas basée sur des faits étudiés », pointe le docteur Dommergues. Scientifiquement parlant, en effet, aucune donnée ne permet d’établir un lien entre le cycle lunaire et les règles, et encore moins avec les accouchements… même si de nombreux professionnels évoquent une recrudescence des naissances à ce moment.

Aux Etats-Unis, une étude menée, en 1999, sur 50 millions de naissances montre que, en réalité, s’il existe une corrélation entre le cycle lunaire et le taux de naissances, ce dernier ne culmine pas lors de la pleine lune.

  • Faire l’amour permet de déclencher la naissance

Pas vraiment

Cette technique, parfois appelée « à l’italienne », est peut-être un moyen agréable de se détendre, mais son efficacité sur le déclenchement de l’accouchement n’est pas prouvée.

Le docteur Norbert Winer, chef du service de gynécologie-obstétrique du CHU de Nantes, a mené, en 2009, une expérience sur la relation entre l’activité sexuelle et l’entrée en travail des patientes. La méthodologie est la suivante : le groupe « activité sexuelle » est encouragé à avoir des rapports vaginaux, un groupe témoin ne bénéficie d’aucune consigne encourageant ou interdisant les rapports sexuels. Leurs résultats montrent alors une tendance inverse entre le coït et l’entrée en travail spontanée, mais à la limite de la significativité.

« Les données existantes sont contradictoires et insuffisantes pour recommander ces méthodes pour déclencher le travail à terme », conclut le docteur Winer.

  • L’alimentation permet de choisir le sexe de l’enfant

C’est impossible

Manger salé pour avoir un garçon, sucré pour une fille… On peut ainsi lire sur ce forum : « Une des méthodes les plus connues pour programmer le sexe de son futur bébé est celle du régime alimentaire : elle doit être entreprise plusieurs mois avant la conception. »

C’est évidemment impossible, puisque le sexe de l’enfant est déterminé lors de la fécondation grâce au chromosome sexuel apporté par le spermatozoïde. Le chromosome peut être soit X soit Y ; il viendra faire une paire avec le chromosome X de la mère. Une paire XX donnera une fille, une paire XY un garçon. Manger sucré ou salé n’y changera rien.

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En revanche, ce qui a été montré, c’est que le sucre a un effet analgésique pour l’enfant, c’est-à-dire qu’il prévient ou diminue la sensation de douleur. Le goût ne se développe de toute façon qu’à partir du quatrième mois de vie fœtale, comme le rappelle cette étude française sur l’évolution des perceptions gustatives.

  • Etre trop sportive rend plus difficile l’accouchement

C’est un peu vrai

S’il est conseillé d’avoir un périnée musclé, c’est parce que ce groupe de muscles qui forme le plancher du bassin a un rôle capital dans le soutien des organes. Mais un périnée trop musclé peut être une difficulté pour l’accouchement – certains sports peuvent engendrer un périnée trop tonique : natation, équitation, gymnastique…

« Il peut y avoir des difficultés lors de l’expulsion, avec un risque de déchirure et d’épisiotomie, et le risque de prolonger l’accouchement si la tête reste bloquée dans le petit bassin puisque le périnée sera moins relâché », explique le gynécologue Nathan Wrobel.

Un vrai mythe, en revanche, concernant le sport, est celui des « grossesses dopantes », pratique attribuée à des gymnastes d’Allemagne de l’Est mais qui repose en réalité sur un faux témoignage et un effet d’emballement dans le contexte des années post-guerre froide.

En 1994, Olga Kovalenko – Karaseva, de son nom de jeune fille –, qui se présente comme une ancienne gymnaste, affirme sur le plateau de la télévision allemande RTL que ses entraîneurs l’ont contrainte à provoquer une grossesse avant d’avorter à dix semaines afin d’améliorer ses performances physiques en profitant des changements hormonaux, sous peine de non-sélection aux Jeux de 1968.

En réalité, la véritable Olga Karaseva n’était pas l’invitée du plateau de RTL ; non, elle n’a pas été enceinte ni n’a subi d’avortement durant sa carrière ; et non, elle n’a jamais entendu parler de « grossesse dopante ».

  • Il ne faut pas croiser les jambes

Aucun rapport

Voilà une croyance qu’on retrouve sur de nombreux forums, comme sur Doctissimo, où des mères angoissées se demandent si le fait de croiser les jambes pendant leur grossesse peut provoquer une naissance avec le cordon autour du cou.

S’abstenir de croiser les jambes pendant neuf mois est totalement inutile pour éviter que le bébé naisse avec le cordon autour du cou ; en revanche, c’est un bon conseil pour les femmes qui ont les jambes lourdes à cause de problèmes de circulation… parfois aggravés par la grossesse (dilatation des veines, flux sanguin plus important et compression des veines par l’utérus n’aidant pas).

  • Un prénom à la sonorité dure influera sur son caractère

Hautement improbable

Si vous avez déjà choisi son prénom et que vous l’utilisez, le fœtus peut l’entendre… à partir de 6 mois environ, et pas de façon distincte. « Mais il n’est absolument pas prouvé que certaines sonorités lui plaisent ou lui déplaisent », explique le docteur Wrobel. « Ce qu’on voit en haptonomie [communication avec le bébé grâce au toucher prénatal], c’est que le bébé réagit à certaines vibrations mais, pour le reste, il n’y a pas d’évidence médicale concernant une transmission d’émotions, encore moins de sens, de la mère au fœtus. Ce qui compte, c’est surtout le contact après la naissance… »

A plus long terme, son prénom influera peut-être sur sa vie, une fois l’enfant inséré dans un cadre social. « Nom et prénom sont les éléments les plus intimement, durablement et précocement attachés à notre personne. Ils participent à la construction de notre identité », estime Nicolas Guéguen, docteur en psychologie sociale, professeur à l’université de Bretagne-Sud et directeur d’un laboratoire de recherche. Mais, là encore, aucune causalité n’est prouvée.

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