128 morts dans l’attentat contre la paix à Ankara: le PKK déclare un cessez-le-feu immédiat
Les leaders du PKK avaient clairement annoncé un cessez-le feu du 15 octobre au 2 novembre pour laisser la chance au parti pro-Kurdes du HDP de gagner la paix dans les urnes, lors des élections du 1er novembre en Turquie. Mais leurs ennemis ont fait en sorte d'attiser encore la haine, ce matin à Ankara où le HDP avait organisé une manifestation pour la paix, en lien avec des syndicats (DIS et KESK) mais aussi l'Union des médecins TTB et l'Union des architectes et ingénieurs TMMOB.
PATLAMA ANI #Ankaradayız pic.twitter.com/7n9OMAerAE
— öz yönetici (@laluttee) 10 Octobre 2015
Les Kurdes et des Turcs membres de partis de gauche étaient en train de se rassembler aux abords de la gare. Certains dansaient. L’ambiance était joyeuse. Quand soudain, une première explosion suivie d’une seconde a semé la panique.
Les premiers bilans font état de 27 à 35 morts selon les sources et de 100 à 300 blessés.
Comment réagira le PKK après ces images terribles? Un attentat du même type avait déjà fait plusieurs morts et blessés lors d'un meeting du HDP à Diyarbakir, peu avant les élections législatives de juin 2015, élections qui avait permis au parti pro-Kurdes (13% des voix) de faire entrer 81 députés au Parlement, privant du même coup l'AKP de la majorité absolue qui aurait permis à Erdogan de renforcer son pouvoir présidentiel.
En juillet, après un nouvel attentat anti-Kurdes qui avait fait 32 morts à Suruc (le 20), des ultras du PKK avaient revendiqué l’assassinat de deux policiers connus pour leur soutien aux jihadistes afin de dénoncer la politique du gouvernement turc plus que complaisant avec Daesh. Un prétexte dont s’était aussitôt emparé Ankara pour relancer la guerre contre le Parti des travailleurs du Kurdistan qui avait décrété un cessez-le-feu unilatéral fin 2012 pour tenter de trouver une solution politique à un conflit qui avait fait 40.000 morts depuis 1984.
Cette fois, si les pays occidentaux et l'Otan - dont la Turquie est membre - n'interviennent pas, on peut craindre le pire.A l'instant, on vient d'apprendre que le Premier ministre turc a réuni les membres de son conseil de sécurité intérieur. Dans le même temps, le Ministère de l'intérieur annonce au moins 30 morts et 126 blessés, bilan provisoire.
#Explosions à #Ankara: voici les terribles images peu de temps après le drame (VIDEO CHOC) https://t.co/QodDm3wrKNhttps://t.co/L0zURQ0lU2
— RT France (@RTenfrancais) 10 Octobre 2015
La police tire en l'air pour disperser les manifestants en colère. Des chiffres évoquant plus de 40 morts commencent à circuler sur les réseaux sociaux.
Le chef du groupe parlementaire HDP, Idris Baluken, déclare: “Nous connaissons les responsables des massacres commis à Suruc,à Diyarbakir et à Ankara”. Pervin Buldan, coprésidente du groupe parlementaire HDP, ajoute que les responsables du massacre d'Ankara sont ceux qui dirigent le pays.
“Les mains de l'AKP sont rouges sang. Ils soutiennent cette terreur”, dénonce Selahattin Demirtas devant une foule de journalistes au siège du HDP à Ankara. Pour lui, la politique de l'AKP a libéré la haine anti-Kurdes. “[Le gouvernement] veut nous faire taire, mais nous allons poursuivre notre lutte pacifique jusqu'à la dernière goutte de notre sang et je leur ai dit: "Si vous voulez nous arrêter avec ces explosions lâches, vous ne pourrez pas.” Demirtaş ajoute: “Nous sommes confrontés à l'état d'esprit de l'Etat qui est devenu une mafia, meurtrier et tueur en série.” Demirtas annonce que le HDP a annulé son programme électoral partout: “La liberté et la paix sont beaucoup plus importants que les élections”, a-t-il ajouté.
Pendant ce temps, les gens qui tentent de venir en aide aux blessés sont repoussés par la police à coups de gaz lacrymogène. Mais… le président Erdogan compatit: “Je condamne fermement cette attaque haineuse contre notre unité et la paix de notre pays”, fait savoir le chef de l'Etat turc dans une déclaration publiée sur le site internet de la présidence.
En France, les organisateurs du meeting pour la Paix à Sarcelles, cet après-midi, annulent et proposent une manifestation place de la République, à 14 heures à Paris, pour dénoncer l'attentat d'Ankara. Le PC, le Front de gauche et Europe Ecologie les Verts y seront.
Révolté par l'attentat d'Ankara. Toute ma solidarité et mon soutien aux victimes. #HDP
— Pierre Laurent (@plaurent_pcf) 10 Octobre 2015
#Turquie Meeting hdp Sarcelle remplacé par grand rassemblement place Republiqur à 14h
— Clémentine Autain (@Clem_Autain) 10 Octobre 2015
L'attentat pendant le rassemblement de kurdes et de pacifistes de gauche est abject. La politique de tension d'Erdogan doit être dénoncée.
— Cécile Duflot (@CecileDuflot) 10 Octobre 2015
En France, des manifestations pour protester contre le massacre sont aussi annoncées à Strasbourg, Marseille, Montpellier, Nice, Cannes, Nantes, Lorient et Rennes.
Le président @fhollande adresse toutes ses condoléances au peuple turc et condamne l'attentat terroriste à Ankara. pic.twitter.com/jy1IUfixBg
— Élysée (@Elysee) 10 Octobre 2015
A 13h30, le procureur chargé de l'enquête évoque 52 morts et de nombreux blessés. Le HDP avance de son côté le chiffre de 69 morts et 230 blessés.
LE KCK ANNONCE UN CESSEZ-LE-FEU UNILATERAL DU PKK CONTRE L'ETAT TURC
Le KCK vient de publier une déclaration disant qu'il tient compte des appels à l'extérieur et à l'intérieur de la Turquie et annonce sa décision d'arrêter toute action militaire contre les forces turques de l'État “tant qu'il n'y a pas d'attaques contre leur mouvement, la population et les forces de la guérilla”.
Rappelons que le cessez-le-feu du PKK devait initialement entrer en vigueur le 15 octobre. Il est donc avancé de cinq jours pour signifier au monde que la guérilla refuse de rentrer dans le piège de l'escalade après l'attentat contre la paix qui a fait 52 à 69 morts, samedi matin à Ankara.
14H45, LE BILAN EST MAINTENANT DE 86 MORTS
Samedi après-midi, trois ministres venus sur les lieux de l'attentat d'Ankara sont repartis sous les insultes et les “Erdogan assassin”. Un peu plus tôt, un autre membre du gouvernement avait tenu le HDP pour responsable des événements. Plusieurs candidats du HDP aux élections du 1er novembre font partie des victimes.
15H45, CONFERENCE DE PRESSE DES ORGANISATIONS SYNDICALES COORGANISATRICES DU RASSEMBLEMENT POUR LA PAIX
“Les assassins nous les connaissons. Ce sont ceux qui déclenchent la guerre pour obtenir 400 députés”, déclarent les organisateurs du rassemblement pour la paix.
17H15, LE BILAN PASSE A 97 MORTS
18 HEURES, TENTATIVE DE RECUPERATION DU GOUVERNEMENT TURC
“Il existe de fortes preuves montrant que cette attaque a été perpétrée par deux kamikazes”, a déclaré le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, lors d'une conférence de presse au cours de laquelle il a décrété trois jours de deuil national. “Cette attaque n'a pas seulement visé un groupe de gens qui venaient participer à un rassemblement ou une communauté politique, elle a visé notre peuple tout entier, alors que nous allions vers les élections (…) une telle attaque a directement visé notre démocratie, nos droits et nos libertés”. Et le chef du gouvernement d'ajouter que, pour l'instant, aucune revendication ne lui était parvenue. Mais il a cité trois organisations capables, à ses yeux, de commettre un tel attentat: l'Etat islamique (dit Daesh), le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), et le groupe révolutionnaire d'extrême gauche, le Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C)… ce qui fait deux suspects de trop, au regard du mode opératoire et de la cible visée.
Reste Daesh. On sait les jihadistes étrangers très nombreux en Turquie, pays qu'ils traversent en toute liberté pour rejoindre la Syrie quand les Kurdes de Turquie ont toutes les peines du monde à franchir la frontière pour porter assistance aux Kurdes du Rojava, au nord de la Syrie. Mais lors des deux attentats similaires à celui du 10 octobre, à Diyarbakir et à Suruc, Daesh n'a rien revendiqué. Etait-ce pour ne pas gênér le gouvernement turc? Ou faut-il chercher les suspects dans la mouvance nationaliste xénophobe, anti-Kurde? Voire, dans les services secrets turcs, ou plus exactement de ce que l'on appelle ce qu'on appelle “l'État profond” en Turquie? Ces pistes-là ne sont certainement pas à négliger alors que le pays marche droit vers la guerre civile.Question: qui a intérêt à faire avorter le processus démocratique pour imposer la loi martiale et réduire les droits de la population à néant? Vous avez une petite idée?
21 HEURES, LE BILAN S'ELEVE A 107 MORTS
20 des 516 bléssés seraient en outre dans un état critique.
22H30, LA CELLULE DE CRISE DU HDP VIENT D'ANNONCER 128 MORTS
Attention, vidéo (4'32’’) contenant des images susceptibles de choquer les âmes sensibles.
C'est le pire attentat qu'ait jamais connu la Turquie. Dans ce contexte, quelque 10.000 personnes ont manifesté samedi soir à Istanbul pour dénoncer la responsabilité du gouvernement dans ces attentats. Des rassemblements similaires ont été signalés notamment à Diyarbakir et dans d'autres villes du pays.
23H30, ACTION VILLES MORTES DIMANCHE
Les kurdes de Bakur (Turquie) annoncent une journée morte dimanche. Les commerces seront tous fermés, les véhicules à l'arrêt…
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