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Pourquoi le débat intellectuel penche à droite

Où sont aujourd’hui les penseurs et les écrivains de la stature d’un Jean-Paul Sartre, d’un Michel Foucault ou même d’un Raymond Aron ?

Publié le 02 octobre 2015 à 17h05, modifié le 12 octobre 2015 à 06h51 Temps de Lecture 4 min.

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Les écrivains et philosophes français, Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre se promènent sur la plage de Copacabana à Rio, le 21 septembre 1960.

De la polémique provoquée par les propos de Michel Onfray, accusé de faire le jeu du Front national, l’histoire retiendra sans doute que les débats intellectuels auront occupé les « unes » des journaux et des sites à une époque qui n’est pas toujours considérée comme la plus brillante de la vie de l’esprit dans l’Hexagone. Où sont aujourd’hui les penseurs et les écrivains de la stature d’un Jean-Paul Sartre, d’un Michel Foucault ou même d’un Raymond Aron, alors même que jamais les clercs n’ont bénéficié d’une telle chambre d’écho ? L’épisode a démontré également que, depuis l’irruption des « nouveaux philosophes » dans les années 1970, les intellectuels qui interviennent sur la place publique savent désormais s’accommoder des exigences médiatiques. Parallèlement, la constitution d’une catégorie de journalistes spécialisés dans l’observation de leurs débats amplifie leurs controverses auprès d’un public bien plus large qu’autrefois.

Goût pour les apocalypses négatives remplaçant l’utopie

Naguère, la fonction critique de l’intellectuel dans sa version dite « tribunitienne » avait une dominante « de gauche ». Mais la polémique actuelle montre que c’est maintenant un pessimisme culturel et une conception défensive ou nostalgique d’une France perdue qui donnent le ton. Ce goût pour les apocalypses négatives remplaçant l’utopie se répercute dans la littérature, comme le montre le succès rencontré par les romans de Michel Houellebecq. L’inquiétude sur le monde comme il va, la méfiance à l’égard du progrès ou de la raison technique s’accompagnent de plus en plus d’un lamento conservateur volontiers qualifié de « néoréactionnaire » ou de « décliniste ». Le peu de voix qui se sont faites entendre lors de la crise des réfugiés pourrait être l’un des symptômes de cette évolution. Alors que les protestations pleuvent devant la moindre manifestation dite de « bien-pensance » ou de « politiquement correct », jugés comme le mal absolu de notre temps, les soutiens intellectuels à la cause des migrants sont restés bien discrets.

Certes, les contestations de gauche du capitalisme, du marché et, plus généralement, de la modernité connaissent de forts regains. L’impressionnant tirage de L’insurrection qui vient (La Fabrique, 2007) le manifeste-pamphlet du groupe post-situationniste de Tarnac, ou d’Indignez vous ! (Indigène, 2010) de Stéphane Hessel en sont des marques, mais sporadiques. Il est d’ailleurs frappant que ce soit en Espagne surtout, et non en France, que le mouvement des Indignés ait eu son expression politique la plus durable, se prolongeant par le mouvement Podemos. Trois raisons peuvent éclairer cette crispation.

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