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La psychiatrie, oubliée des Nobels

La psychiatrie ne compte que trois Nobel de médecine sur les 106 décernés depuis 1901.

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Publié le 09 octobre 2015 à 11h51, modifié le 13 octobre 2015 à 12h36

Temps de Lecture 3 min.

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La médaille des lauréats du prix Nobel, à l'effigie d'Alfred Nobel

Le prix Nobel de médecine ou de physiologie, décerné le 5 octobre à William Campbell, Satoshi Omura et Youyou Tu, à l’origine de deux médicaments contre des maladies parasitaires tropicales, a été unanimement salué. D’autant qu’il récompense des découvertes concrètes, qui ont sauvé la vie de millions de personnes. Ce n’est pas toujours le cas. Ce prix couronne souvent des travaux fondamentaux, en génétique, immunologie…

Mais qu’il s’agisse de thérapeutiques ou de percées dans la compréhension des maladies, certaines spécialités n’ont guère la cote auprès du jury suédois. Ainsi la psychiatrie ne compte que trois Nobel de médecine sur les 106 décernés depuis 1901. Et si l’on excepte le Suédois Arvid Carlsson (corécipiendaire en 2000 pour ses travaux sur la dopamine, neurotransmetteur impliqué dans le Parkinson, la dépression et la schizophrénie), ces lauréats ne reflètent guère les progrès dans la discipline.

L’Autrichien Julius Wagner-Jauregg a reçu le prix en 1927 pour la malariathérapie, consistant à inoculer le paludisme pour déclencher une fièvre et soigner les formes cérébrales de syphilis. Quant au Portugais Egas Moniz, Nobel 1949 pour la leucotomie (section chirurgicale de connexions au niveau des lobes frontaux) dans le traitement des psychoses, c’est l’un des Nobel les plus controversés de l’histoire.

De bons candidats oubliés

« C’est un sujet de blague entre nous  : un prix pour la psychochirurgie, qui fut une catastrophe, et un pour la malariathérapie, une supercherie, s’amuse Bruno Falissard, psychiatre (Inserm). Peut-être que la complexité de la ­psychiatrie ne se prête pas à des découvertes aussi élégantes que dans d’autres disciplines. De plus, le Nobel récompense rarement des ­recherches cliniques. »

«  Le trio Jean Delay, Pierre Deniker et Henri Laborit aurait mérité le Nobel de médecine » Jean-Pierre Olié, ex-chef de service à l’hôpital Sainte-Anne (Paris)

De bons candidats ont-ils été injustement oubliés  ? Les médecins associés à la chlorpromazine, le premier neuroleptique, sont unanimement cités. «  Le trio Jean Delay, Pierre Deniker et Henri Laborit aurait mérité le Nobel de médecine  », estime le professeur Jean-Pierre Olié, ex-chef de service à l’hôpital Sainte-Anne (Paris), en précisant que Deniker et Laborit ont eu le Lasker, son équivalent américain, en 1957.

L’histoire commence en 1951, quand le ­chirurgien Henri Laborit, qui travaille sur le choc postopératoire, demande au laboratoire Rhône-Poulenc de lui fournir un anesthésique plus efficace que le Phénergan. Le composé 4560 RP, la chlorpromazine, se révèle précieux pour alléger les anesthésies, mais pas seulement. «  Avec une grande perspicacité, Laborit décrit des effets de “désintéressement” chez ses patients, qu’il juge possiblement utiles en psychiatrie, raconte M. Olié. Mais ce sont Jean ­Delay et Pierre Deniker, de Sainte-Anne, qui auront le génie de tester la chlorpromazine en monothérapie en la donnant tous les jours à quarante malades. En quatre semaines, avec un protocole moderne, ils ont démontré qu’elle soulage l’agitation mais aussi les hallucinations  !  »

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