Les USA parachutent au moins 50 tonnes d’armes et de munitions au YPG et à ses alliés
L’échec retentissant des Etats-Unis, qui ont dépensé des millions de dollars à former des rebelles “modérés” pour avouer récemment qu’ils ne sont que cinq, opérationnels, en Syrie, c’est déjà du passé. Les Américains ont trouvé de nouveaux alliés sur le terrain: l’alliance des Forces démocratiques syriennes (FDS), qui regroupe la guérilla kurde du YPG/YPJ - avec laquelle Washington travaille depuis la libération de Kobanê - des groupes rebelles arabes proches des Kurdes (Burkan al-Furat, Jaysh al-Thuwar, Sanadid) et des Syriaques.
Les FDS ont été portées sur les fonds baptismaux dans la nuit du 11 au 12 octobre 2015. Et lundi matin,elles recevaient déjà 50 tonnes d’armes et de munitions (grenades plus munitions pour M-16 et AK-47) parachutées sur 112 palettes par des C17 escortés de chasseurs. Des sources au sein de l’UPK, au Kurdistan irakien, ont même évoqué le chiffre de 120 tonnes d’armes et de munitions “livrées” à cette nouvelle alliance dirigée par le YPG, mais il s’agissait d’une confusion entre le tonnage et le nombre de palettes.
“Ils ont commencé à larguer les armes au Kurdistan syrien tôt ce matin”, a de son côté confirmé Polat Can, porte-parole du Parti de l'union démocratique (PYD), la branche politique du YPG qui, avec l'aide des bombardements américains, a déjà regagné 6800 miles carré sur Daesh, en quelques mois, au nord de la Syrie (article en anglais en lien).
FDS, l’équivalant de SDF (Syrian democratic forces) en anglais.
La livraison aurait été effectuée dans le secteur d’Ayn Issa, dernière ville conquise par les combattants kurdes avec leurs alliés arabes d’Euphrate Volcano (Burkan al-Furat, mais aussi les forces syriaques et les Arabes révolutionnaires), le 15 juin 2015…. à 50 km de Raqqa, la capitale de Daesh. Et pour cause… Les Kurdes tiennent une base de l’armée syrienne, tout près d’Ayn Issa. Bien pratique pour un parachutage. Et les Etats-Unis ont fait de la prise de Raqqa leur nouvelle priorité, histoire de couper Daesh en deux en empêchant tout lien entre leurs forces en Irak et en Syrie.
Retour aux fondamentaux, donc. Quels sont les combattants qui, jusqu’ici, ont été les seuls à véritablement faire leurs preuves contre les terroristes au drapeau noir? Les Kurdes bien sûr. Et ils manquent d’armes. Restaient à trouver une excuse honorable pour Ankara. Une alliance officielle avec des Arabes sunnites a fait l’affaire.
Un camouflet pour la Turquie
Quel camouflet, néanmoins, pour la Turquie, membre de l’Otan et allié de longue date des Etats-Unis. La Turquie qui considère le YPG comme une organisation terroriste au même titre que le PKK et Daesh!
Mais voilà, il y avait urgence. L’entrée en guerre de la Russie aux côtés de Damas a sans doute convaincu les Etats-Unis de passer à la vitesse supérieure avec les Kurdes, trois jours après que le leader du PYD (branche politique du YPG) a rencontré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, à Paris.
Il ne faut pas croire pour autant que les Kurdes baiseront à terme la main de ceux qui les arment… même s’ils réclamaient ces armes à Washington depuis des mois. Kurdes et Américains sont politiquement très différents. Mais ils se trouvent qu’ils ont le même ennemi. Une alliance de circonstance. Pour l’instant, elle avait simplement permis au YPG de relier les cantons de Cizrê et Kobanê. Les Américains pilonnaient les positions de Daesh, les Kurdes et leurs alliés avançaient. Mais il se trouve qu’une guerre se gagne au sol et que les FDS auront affaire à forte partie à Raqqa. Alors, il fallait bien se rendre à l’évidence. Et donner enfin aux Kurdes de quoi éradiquer Daesh du nord de la Syrie. Reste maintenant à savoir comment va tourner le jeu des dominos.
Plus d’infos dans cette vidéo en anglais de CNN: U.S. delivers 50 tons of ammunition to Syria rebel groups.
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