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Renault-Nissan : c’est l’histoire d’un sauvé qui sauve ensuite son sauveteur...

En seize ans, l’équilibre de l’alliance entre les deux groupes est passée par tous les états.

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Louis Schweitzer et Yoshikazu Hanawa, les patrons de Renault et Nissan, lors de la signature de l’alliance entre les deux constructeurs automobiles, en 1999.

Par Julien Dupont-Calbo

Publié le 27 oct. 2015 à 19:46

Seize ans et demi. L’âge des doutes. L’alliance Renault-Nissan vit aujourd’hui une vraie crise de croissance – ses fées japonaises, brésiliennes ou françaises ne sachant manifestement pas quel destin lui réserver, ou plutôt comment parvenir à leurs fins. A la décharge de ces dernières, depuis la signature à Tokyo de l’accord entre la régie de Boulogne-Billancourt et le keiretsu de Yokohama, l’équilibre de celui-ci est passé par tous les états.

Retour en 1999. Nissan, essoré par des années de combat avec son cousin Toyota, croule sous les dettes – 200 milliards de francs. A l’autre bout du monde, Louis Schweitzer, le PDG de Renault, flaire l’occasion du siècle. Mettre la main sur un morceau plus gros que lui, très présent en Asie et aux Etats-Unis (les lacunes du Renault d’alors), pour un prix modeste. En mars 1999, l’affaire est conclue : Renault prend 37 % du capital de Nissan pour 33 milliards de francs.

Le nouvel attelage voit rapidement arriver Carlos Ghosn. Le numéro 2 de Renault devient directeur des opérations de Nissan et reçoit pour mission de remettre à flot le groupe japonais – à la paille de fer si besoin. Epaulé par son « commando », une vingtaine de Renault, le « cost-killer » fait des étincelles, ce qui lui vaut une aura quasi-impériale au Japon. En 2002, il est intronisé PDG de Nissan. Quelques mois plus tard, Renault monte à 44,3 % du capital du japonais, tandis que ce dernier récupère 15 % du groupe français, comme prévu. Puis Carlos Ghosn obtient le volant de Renault, en sus de celui de Nissan, en 2005.

Equilibre en question

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Avec leur pilote commun, une exception dans le « big business », Renault et Nissan mettent les bouchées doubles. L’alliance, qui permettait déjà de faire les achats en commun, s’étoffe. Directions communes, programmes de recherche, architecture industrielle, sites de production. De larges synergies qui font économiser au duo jusqu’à 2,8 milliards d’euros en 2013 – et qui renforcent les liens opérationnels.

EDITO VIDEO - Nissan peut-il mettre la main sur Renault ?

De fait, si Nissan a pu être sauvé par Renault aux premiers tours de roues de l’alliance, le japonais a depuis largement rendu la pareille. Les milliards de dividendes versés et la flambée de la valorisation boursière de Nissan ont permis au losange de surmonterla crise de 2008. Assez pour donner des arguments aux tenants d’un rééquilibrage de l’alliance, Carlos Ghosn en tête. Si Renault et Nissan disposent chacun de deux places au conseil de l’autre, le japonais ne bénéficie d’aucun droit de vote chez Renault. Chose réclamée depuis dix ans par Carlos Ghosn. Mais chose refusée avec constance par les gouvernements successifs, tous inquiets de l’avenir de l'un des emblèmes de l’industrie française. En cas de fusion totale, Renault ne serait pas celui qui contrôle l’autre... Le sauveteur et le sauvé ont inversé leurs rôles. Normal : dans toute son histoire, Renault n’a valu plus que Nissan que quelques trimestres.

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