VIDEOS. Pacte de responsabilité : une partie de la droite prête à soutenir Hollande

 

VIDEOS. Pacte de responsabilité : une partie de la droite prête à soutenir Hollande

    Lors de sa conférence de presse mardi, François Hollande a clairement revendiqué sa ligne sociale-démocrate et choisi de faire un geste important en direction des entreprises, auxquelles il a promis un allègement des charges de 30 milliards d'euros via la suppression des cotisations familiales d'ici 2017. Ce mercredi matin, alors que le gouvernement défend les annonces présidentielles, les réactions de l'opposition sont partagées. Si certains, à droite, dénoncent un manque de crédibilité, d'autres se montrent plutôt satisfaits des propositions du chef de l'Etat : ils se disent presque prêts à apporter leurs voix à ce «pacte de responsabilité des entreprises», sur lequel le gouvernement engagera sa responsabilité devant le Parlement. En revanche, l'extrême gauche dénonce «un coup de barre à droite».

    «S'il y a une politique qui redonne confiance aux entreprises, je la soutiendrai», déclare François Fillon. L'ex Premier ministre UMP, François Fillon, a affirmé ce mercredi soir sur TF1 que si le président François Hollande menait avec son pacte de responsabilité «une politique qui redonne confiance aux entreprises», il «la soutiendrait». «Mais je veux des preuves, des preuves maintenant», a-t-il ajouté. «Est-ce qu'il (François Hollande) a un gouvernement et une majorité pour le faire (...) je n'en suis pas sûr». «65 milliards d'économie, cela veut dire qu'il faut faire des choses totalement contraires à la politique de ce gouvernement. Par exemple, il faut réduire les effectifs des fonctions publiques y compris dans l'éducation nationale (...) il faut baisser les fonctions publiques des collectivités locales, il faut réduire les prestations sociales, il faut réformer l'indemnisation du chômage», a-t-il affirmé. «En tout cas si François Hollande le fait, moi je le soutiendrai parce que ce qui compte c'est le redressement de mon pays», a déclaré l'ancien premier ministre.

    «Pourquoi bouder notre plaisir ?», demande Alain Juppé. L'ancien Premier ministre a estimé ce mercredi que François Hollande a effectué une «révolution copernicienne de la pensée présidentielle» en mettant «l'entreprise privée au centre de sa stratégie». Mais il manifeste des réserves sur la «crédibilité» de ce changement de cap. «Pourquoi bouder notre plaisir devant une conversion aussi spectaculaire au social-libéralisme ?», a-t-il demandé. Mais «le flou persiste», estime Alain Juppé. «Où va-t-on trouver les 35 milliards nécessaires» à la baisse des charges ? On nous parle de 50 milliards d'économies supplémentaires. Mais où ? Dans les budgets des collectivités locales ? Je ne suis pas sûr que la réduction du nombre des régions y suffise... si elle est acceptée. Dans la lutte contre la fraude sociale (autre conversion)? Les sommes en jeu ne sont pas à la hauteur du problème», dit-il.

    Raffarin, Baroin, Le Maire, Lefebvre plutôt enthousiastes

    «Une vision lucide», salue Jean-Pierre Raffarin. «Il faut dire clairement que ce changement de discours est le bienvenu», a commenté, sur France Culture, le sénateur UMP de la Vienne. «Finalement le Président de la République rejoint une vision lucide de la situation économique mondiale», a-t-il ajouté. Prudent toutefois, l'ancien Premier ministre a ajouté qu'il attendait des actes. François Hollande est «plus à l'aise dans la promesse. Maintenant on l'attend dans l'acte», a-t-il ajouté, tout en saluant un «discours qui change et c'est déjà un acquis très important (...) Je note que c'est très important que le président revienne à la lucidité. Nous avons besoin d'une politique de compétitivité et de l'offre».

    François Baroin salue la «prise de conscience» de Hollande. Sur Europe 1, l'ex-ministre UMP de l'Economie a vu dans le discours du président «une prise de conscience d'une réalité économique qui s'impose à tous». Il a estimé que l'opposition, «objectivement, ne peut qu'accompagner cette démarche» si elle est «sérieuse». Pourrait-il voter ce pacte de responsabilité ? «On verra les discussions, on verra surtout l'affectation, c'est le grand manque, à mon sens, de François Hollande. Il faut rappeler qu'il a fait perdre deux ans au pays, que cette politique est à rebours complet de ce qui est mené depuis 18 mois», a répondu le député-maire de Troyes.

    VIDEO. Baroin dit «chiche !»

    Frédéric Lefebvre veut prendre Hollande «au mot». Se disant «adepte d'une opposition constructive», le député UMP des Français de l'étranger entend «prendre au mot» François Hollande. «Je propose au président de la République qu'on mette en place en France une limite, que ni un gouvernement de gauche, ni un gouvernement de droite ne pourra dépasser, pour les prélèvements obligatoires, qui est la moyenne des pays européens» , a-t-il proposé sur TV5. Ainsi qu'«une baisse des charges de 20% sur l'ensemble des charges pesant sur les salaires».

    Hollande donne raison à la droite, selon Bruno Le Maire. L'ex-ministre UMP ne juge «pas gênant du tout», pour son camp, le discours favorable aux entreprises tenu par François Hollande. Sur LCP, le député de l'Eure a estimé que cette conférence de presse avait permis «de rappeler» que le chef de l'Etat s'était «trompé pendant 18 mois». «François Hollande prend conscience que sa politique va droit dans le mur, donc il change de pied et reprend un certain nombre de propositions que nous avons faites depuis plusieurs mois», a-t-il ajouté. «Si ça va dans le bon sens, si cela peut améliorer situation des Français et créer de l'emploi, tant mieux».

    Jean-Louis Borloo veut une baisse «immédiate» des charges des entreprises. Mardi soir, le président de l'UDI s'est dit «prêt à soutenir» le pacte de responsabilité des entreprises s'il est «concret». Ce mercredi, lors de ses voeux devant les parlementaires centristes, le leader centriste a appelé le président de la République à une baisse des charges «immédiate» en faveur des entreprises pour «crédibiliser» ses annonces faites la veille.

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    «Un discours qui va dans le bon sens» salue Pierre Gattaz. «C'est un discours qui va dans le bon sens. Il y a une prise de conscience de la réalité de la France», a déclaré devant la presse le président du Medef. Pierre Gattaz a toutefois demandé des clarifications «pour le 21 janvier», lors des voeux du chef de l'Etat aux forces vives.

    Copé, Bertrand, Morin plus sévères...

    «Un projet assez restreint», selon Copé. Sur France 2, le président de l'UMP Jean-François Copé, qui avait parlé d'«usine à gaz» à propos du pacte de responsabilité de Hollande, a surtout critiqué le chef de l'Etat sur la forme de son intervention, minimisant ses promesses. «Deux heures d'antenne pour nous annoncer une chose : je vais baisser les charges des entreprises. Le diable est dans les détails», a-t-il fustigé. «On a là un président de la République qui a changé les mots. En réalité, il a passé l'essentiel de cette conférence de presse à nous présenter un projet assez restreint».

    VIDEO. L'UMP critique les annonces et la méthode de Hollande

    «Un oral de rattrapage», estime Xavier Bertrand. Sur France Inter, l'ancien ministre UMP du Travail Xavier Bertrand a dénonc?une forme d'orale de rattrapage». Le député-maire de Saint-Quentin (Yvelines) a fustig?un monologue pas à la hauteur des enjeux». «Je ne fais pas confiance à François Hollande» a-t-il ajouté, critiquant un «manque de crédibilité» de François Hollande. «La France est un pays sans chef» a-t-il ajouté.

    Hervé Morin n'y «croit pas». Le député UDI s'est montré très sceptique, mercredi, quant aux annonces faites par François Hollande. «Dans trois mois le décor s'effondrera à nouveau et rien n'aura vraiment changé», a-t-il dit en marge des voeux du président de l'UDI Jean-Louis Borloo. «Le chef de l'Etat est tellement aux abois qu'il est prêt à raconter n'importe quoi en fonction du vent», a-t-il ajouté. «Je n'y crois pas. J'espère me tromper», a-t-il poursuivi. Interrogé sur le fait de savoir s'il apportera sa voix au pacte de responsabilité des entreprises, sur lequel le gouvernement engagera sa responsabilité devant le Parlement, Hervé Morin a répondu: «Il ne les (les voix) trouvera pas chez moi».

    VIDEO. Annonces d'Hollande: réaction favorable de la classe politique

    Mélenchon dénonce un «coup de barre à droite»

    «Une tromperie géante», attaque Jean-Luc Mélenchon. Le coprésident du Parti de gauche a jugé sur RTL que le discours de François Hollande lors de sa conférence de presse représentait «le coup de barre à droite le plus violent qu'on ait vu de la part d'un gouvernement de gauche depuis Guy Mollet». Le responsable d'extrême-gauche a dénoncé «une tromperie géante». «On n'a jamais vu quelque chose de ce niveau. Il a démarré avec le discours contre la finance et il termine par des cadeaux sans contrepartie au patronat». Lors de cet oral présidentiel, l'ancien candidat à la présidentielle a vu «tout le vocabulaire de la droite, tout le point de vue des néolibéraux» repris par Hollande.

    AUDIO. Jean-Luc Mélenchon sur RTL

    «C'est une politique de gauche» répond Moscovici. A la question de savoir si la nouvelle politique économique sera plus à droite que la majorité qui a élu M. Hollande, le ministre de l'Economie a tranché : «C'est une politique de gauche. La social-démocratie, c'est la gauche, depuis toujours dans l'histoire de la gauche, c'est la gauche qui est dans le réel, c'est la gauche des résultats, c'est la gauche du compromis, de la négociation sociale», a-t-il déclaré sur Radio Classique. Concernant les réactions à droite, le ministre de l'Economie a jugé que l'opposition ne savait «pas quoi dire». «Et pourquoi ? Parce que François Hollande a donné aux problèmes du pays une réponse d'intérêt général, parce qu'il appelle à la mobilisation», a-t-il analysé. Et d'ajouter :«Si d'autres estiment que c'est une politique d'intérêt général, qu'ils approuvent cette politique».