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Aujourd'hui l'économie

Un patron du Nord veut faire barrage au Front national

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En France, à un mois des élections régionales, la poussée du Front national commence à inquiéter les milieux économiques. Dans le Nord-Pas-de-Calais, l'une des figures du patronat est montée au créneau pour stopper la progression de Marine Le Pen, candidate favorite du scrutin dans cette région.

Marine Le Pen, présidente du Front national, en campagne à Calais, le 2 octobre 2015.
Marine Le Pen, présidente du Front national, en campagne à Calais, le 2 octobre 2015. REUTERS/Pascal Rossignol
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C'est une forte personnalité des milieux d'affaires lillois qui est sortie du bois cette semaine : Bruno Bonduelle, l'ancien dirigeant du groupe familial champion des légumes en conserve, publie dans la presse locale une tribune au titre explicite : No Pasaran. C'était le mot d'ordre des républicains espagnols contre Franco. Il appelle donc ses concitoyens à faire barrage au Front national, en leur rappelant quelques vérités économiques propres à leur région.

Le Nord-Pas-de-Calais (aujourd'hui fusionné avec l'Aisne) est une région frontalière, proche de la Belgique, du Royaume-Uni. Sa géographie en a fait une bénéficiaire naturelle de la mondialisation. Après l'Ile-de-France, c'est la région française qui reçoit le plus d'investissement direct étranger. Un salarié sur quatre travaille dans une entreprise partiellement détenue par des étrangers, nous rappelle Bruno Bonduelle. C'est aussi une région où la réussite des entreprises passe par des succès à l'exportation. Dans un tel environnement, la fermeture des frontières, le patriotisme économique décliné sur tous les tons par Marine Le Pen serait totalement contre-productif, voire nocif pour l'économie locale.

D'autres patrons l'ont rejoint dans son combat ?

Ils sont discrets même s'ils partagent son point de vue et ses craintes. Ils sont bien conscients que le rejet de l'ouverture sur le monde justement défendue par Bruno Bonduelle a été l'un des arguments cultivés par le Front national pour attirer ceux que la mondialisation ignore quand la croissance se dérobe. Cette analyse est valable dans toute l'Europe, selon l'économiste américain Nouriel Roubini.

Du Front national de Marine Le Pen aux indépendantistes de Nigel Farage au Royaume-Uni en passant par le parti conservateur revenu aux affaires en Pologne ou par le président Orban en Hongrie, tous prospèrent sur un même rejet du libéralisme politique et économique. L'économie de marché propice aux investissements étrangers, aux migrations est néfaste selon eux, parce qu'elle remet en cause la souveraineté, l'identité nationale.

Quels sont arguments développés par les candidats opposés au Front national pour contrer ce discours ?

Il n'y en a guère. Ils ont du mal à répondre à Marine Le Pen quand elle dénonce l'absence de prise en compte du désarroi des laissez pour compte de la mondialisation par les partis de gouvernement. Dans cette période de ralentissement de la croissance, voire de stagnation, Nouriel Roubini suggère aux dirigeants démocrates européens de changer de politique économique pour adoucir le contre coup de la mondialisation.

En réduisant le fossé des inégalités, en favorisant la création d'emplois et une plus grande intégration des jeunes sur le marché du travail. Sans quoi, prédit ce Cassandre de l'économie, la montée de ces partis anti-capitalistes pourrait disloquer toute l'Europe, de l'intérieur, dans les pays où les séparatistes sont populaires, comme au niveau transnational avec la menace du Brexit qui succède à celle du Grexit.

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