Cette nuit en Asie : pourquoi 630.000 jeunes sud-coréens « jouent » leur vie aujourd’hui ?
Les lycéens sud-coréens passent ce jeudi leur examen d’entrée à l’université. Les résultats de ces tests nationaux détermineront l’accès des élèves aux différentes universités du pays et impacteront ensuite leur entrée dans les conglomérats les plus prestigieux de la nation.
Par Yann Rousseau, Alain Ruello
Aujourd’hui, 69 décollages et atterrissages d’avions ont été reportés, entre 13h10 et 13h35, dans les grandes aéroports de Corée du Sud pour ne pas perturber l’oral d’anglais des 631.178 lycéens du pays qui « jouent » leur vie au fil des huit heures d’examen d’entrée à l’université. Pour garantir en douceur l’arrivée des jeunes dans les 1.212 centres d’examen, le gouvernement avait, comme chaque année, demandé aux entreprises de décaler les heures d’arrivée de leurs employées.
La bourse de Séoul a même ouvert avec une heure de retard sur son horaire habituelle. La fréquence des transports en commun avait, elle, été augmentée dans la matinée. De son côté, la police a restreint la circulation dans une zone de 200 mètres autour des lycées pour réduire les nuisances sonores. Avant de se rendre au temple pour prier, les parents et les proches ont tout de même été autorisés à accompagner leur progéniture pour les encourager jusqu’au dernier instant avant le début du « College Scholastic Ability Test » qui déterminera l’essentiel de leur carrière et de leur vie.
Les résultats de ces tests nationaux portant sur cinq matières - le coréen, les mathématiques, l’anglais, les sciences sociales et naturelles et une deuxième langue vivante - vont, en effet, déterminer l’accès des élèves aux différentes universités du pays et impacteront ensuite leur entrée dans les conglomérats les plus prestigieux de la nation. Perpétuant ce système très sélectif, les entreprises, qui forment en interne toutes leurs recrues, sélectionnent leurs futurs employés en fonction de la cote de l’université qu’ils ont réussi à intégrer plutôt qu’en fonction de leurs spécialités ou de la réussite de leurs parcours dans l’enseignement supérieur. Ce recrutement aura ensuite un impact sur la vie sociale des employés et pèsera, dans une société très rigide, sur leurs capacités à réaliser un « beau » mariage avec un partenaire affichant une réussite similaire.
De plus en plus de voix s’élèvent contre ce système de sélection particulièrement stressant qui exclut tout droit à l’échec et alimente une poussée du suicide chez les jeunes sud-coréens. Ses défenseurs continuent de louer son caractère « juste » et son efficacité, la Corée du Sud apparaissant désormais aux meilleures places dans les classements PISA.
Uber retente une percée en Corée
S’il mise massivement sur le marché chinois, l’américain Uber a pour l’instant échoué à se développer au Japon et en Corée du Sud, où il se heurte à des cadres légaux complexes ou à des cultures différentes. En mars dernier, le groupe avait ainsi dû mettre fin dans des villes sud-coréennes à son service UberX qui met en relation les clients avec des conducteurs n’ayant pas de licence de taxi.
Il ne pouvait dès lors plus que pousser sa plateforme UberTaxi, qui relie, elle, les particuliers et les chauffeurs de taxi agréés ainsi qu’une forme très restreinte de son service UberBlack de berlines haut de gamme avec chauffeurs. Elles n’étaient jusqu’ici utilisables que par les étrangers, les personnes âgées et les handicapés.
Profitant d’un récent aménagement légal du gouvernement sud-coréen, le groupe vient d’annoncer qu’il allait pouvoir enfin pouvoir proposer ce service à tous les consommateurs. Il lancera donc une flotte de berlines en décembre à Séoul mais devra affronter un service concurrent monté depuis par le géant local de l’Internet Daum Kakao, sous le nom original de « Kakao Black ».
Jeux électroniques : jackpot pour le chinois NetEase
L’économie chinoise a beau montrer des signes d’essoufflement, les chinois, eux, jouent. Et de plus en plus si l’on en juge par les résultats spectaculaires de NetEase, l’un des leaders des jeux électroniques, qui a enfoncé les attentes des marchés avec ses derniers résultats.
L’éditeur de jeux, dont les productions où les licences sont accessibles depuis des ordinateurs mais de plus en plus sur téléphones mobiles, a publié un chiffre d’affaires de 6,7 milliards de yuans (un peu moins d’un milliard d’euros) pour son troisième trimestre, en hausse de 114%.
Tout a progressé : les jeux, qui représentent les trois quart des revenus, de 125% ; le commerce en ligne de 162%, et la publicité de 10,5%. « L’industrie chinoise du jeu en ligne est bien partie pour devenir la première du monde », a commenté William Ding, le directeur général de NetEase cité dans un communiqué.
La société revendique plus de 50 titres accessibles sur téléphones mobiles, et ce chiffre va augmenter, a-t-elle prévenu. Les Chinois utilisent massivement des smartphones pour tout type d’actes quotidien, des achats à la messagerie instantanée en passant par les paiements. WeChat par exemple, le « WhatsAPP » local, compte 650 millions d’utilisateurs, soit environ la moitié de la population !
Forts de ces revenus, NetEase, qui est côté à New York, a dégagé un bénéfice net de 1,9 milliard de yuans (270 millions d’euros environ), contre 1,2 milliard lors du même trimestre de l’année précédente (+58%).