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Comment vérifier les images des réseaux sociaux ?

   

Comment vérifier les images des réseaux sociaux ?
Comment vérifier les images des réseaux sociaux ?
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De plus en plus d’intox circulent sur les réseaux sociaux, que ce soit sur les migrants, la guerre en Syrie. En fait sur à peu près tous les sujets d’actualité. Un type de manipulation y fleurit particulièrement : les détournements de photos et de vidéos. La mauvaise nouvelle, c’est que les médias n’ont pas les moyens de vérifier toutes ces images sur le terrain. La bonne, c’est qu’il existe aujourd’hui tout un panel d’outils et de techniques qui permettent d’enquêter sur ces hoax.

 

1- Peut-on être sûr à 100 % ?

2- Analyse technique et enquête

3- Première vérification : la date de l’image

4- Google image

5- Les données Exif

6- La géolocalisation c’est fantastique, mais…

7- L’analyse d’image

8- Google Maps, Earth, et Street View

9- Qui est l’auteur ?

10- Utilisez les réseaux pour vérifier les réseaux

11- Créez votre propre réseau

12- Et l’instinct dans tout ça ?

13- La manip’ ne vient pas toujours d’où on l’attend

14- Quelques personnes à suivre

15- Quelques lectures (en anglais)

Comme la désinformation n’est pas née avec Internet, la manipulation d’images n’est pas apparue avec Photoshop et Twitter. Même si leurs moyens nous paraissent aujourd’hui rudimentaires, les dirigeants soviétiques, pour ne prendre qu’un exemple, avaient pris l’habitude d’effacer de leurs photos les responsables politiques tombés en disgrâce.

 

Le commissaire Nicolai Yezhov et Staline dans les années 1930.

 

Ce qui a toutefois changé, c’est que la fabrication et la diffusion de ces intox sont aujourd’hui à la portée de tous. Les réseaux sociaux ont donné un terrain de jeu sans précédent aux complotistes et désinformateurs de tous bords. En France, la tragédie de Charlie Hebdo a mis au grand jour le problème. Dans les heures qui ont suivi la tuerie, des dizaines de fausses images ont commencé à se répandre sur les réseaux. À chaque fois, le même message : "on vous ment !". Peu importe finalement qui se trouve derrière ces mensonges – les juifs, les francs-maçons, les États-Unis, ou les trois… – l’important pour ces internautes est d’insinuer le doute dans les esprits, en décrédibilisant au passage les journalistes. 

 

Images censées prouver que la voiture des frères Kouachi n’est pas celle retrouvée dans le XIXe arrondissement de Paris. La différence de couleur des rétroviseurs n’étant pourtant due qu’à l’angle de réflexion du soleil… 

 

Pour tromper les réseaux, rien de mieux qu’une photo ou encore mieux, une vidéo. Comme le veut l’adage, on ne croit que ce qu’on voit.

Cette photo était présentée par des internautes pro-russes comme la preuve que des adorateurs du nazisme combattaient du côté ukrainien. Un photomontage grossier.

Voici donc quelques méthodes pour vérifier des images. Ces conseils sont basés sur l’expérience des journalistes de la cellule des "Observateurs", chargée depuis huit ans de vérifier les contenus amateur pour la chaîne d’information France 24.

 

Peut-on être sûr à 100 % ?

 

Avant d’entrer dans le détail du processus de vérification, petite remarque pour éviter de générer des attentes irréalistes : il est rarement possible d’affirmer avec 100 % certitude qu’une image est fausse. On pourra par exemple assurer que la date est incorrecte, ou que des détails de l’image semblent incohérents avec le lieu donné dans la légende. Le travail de vérification sert  le plus souvent à éclairer la décision éditoriale de diffuser une image. On peut par exemple décider de publier une vidéo sans en connaître la date exacte, mais en s’étant assuré que la scène est authentique.

 

Analyse technique et enquête

 

Le travail de vérification est basé sur deux types de compétences. Une analyse "technique", qui permet par exemple d’extraire des données cachées dans des fichiers photos ou vidéos. Et un travail d’enquête qui mêle des techniques journalistiques traditionnelles et des méthodes spécifiques aux réseaux sociaux. Car ne rêvez pas, il n’existe aucun logiciel capable de vous affirmer de manière certaine si une image est fausse. Et enquêter sur les réseaux sociaux nécessite bien des connaissances et une expérience spécifiques, que même des années de terrain ne peuvent remplacer.

 

Commençons par quelques outils simples, pour passer ensuite à des exemples d’enquête plus évolués.

 

Première vérification : la date de l’image

 

Modifier une image demande du travail. Même avec les technologies modernes, et réaliser un photomontage ou vidéomontage convainquant n’est pas aisé.

 

La presse chinoise, familière du genre, donne de multiples exemples de retouches hasardeuses. Cette photo par exemple est sortie dans une publication de Hangzhou.

 

 

Vous n’aurez pas besoin de lire la suite de cet article pour dénicher les erreurs de proportion et de perspectives… 

La retouche est compliquée, alors beaucoup d’internautes malintentionnés ont recours à une technique plus simple. Ils utilisent une image ancienne qu’ils sortent de son contexte en la reliant à une actualité récente. Exemple parmi tant d’autres, cette photo qui a beaucoup circulée après la bousculade meurtrière à la Mecque en septembre 2015.

 

 

Des internautes de tous bords se servaient de cette image pour affirmer que les Saoudiens avaient évacué les cadavres avec des bulldozers. Après enquête, nous avons pu montrer que cette photo a été prise en 2004, après un incident similaire, et que même à cette date, les cadavres n’avaient probablement pas été transportés par des engins de chantier. 

 

Google image

 

Pour repérer qu’une photo est plus ancienne que sa légende, le premier réflexe est de la passer dans Google Images ou TinEye, des outils qui détectent les occurrences de publication antérieures.

 

Ici, une photo présentée comme montrant une enfant victime de la guerre dans l’est de l’Ukraine.

 

En la passant dans Google Images, on s’aperçoit que cette photo a déjà été publiée en 2010, avant le début de la crise ukrainienne, et qu’elle a été présentée dans le cadre d’un concours de photos… en Australie. 

 

 

 

Cet outil est utile, mais attention, il ne résoudra pas tous vos problèmes. Des photos lui échappent et le fait que Google ne retrouve pas une image n’est pas la preuve irréfutable qu’elle n’a pas jamais été publiée sur Internet. Même le géant américain ne voit pas tout.

 

Autre problème, il n’existe pas d’outil aussi puissant pour retrouver les occurrences précédentes d’une vidéo. Amnesty a mis en place, avec l’aide de YouTube, un système en ligne où vous pouvez tester une URL de vidéo.

 

 

 

 

Si cette même vidéo a été postée à une autre date - et sur YouTube uniquement - l’outil la retrouvera. Mais si la vidéo a été éditée, même très légèrement, par exemple en coupant quelques secondes au début ou à la fin, ce système ne sera pas capable d’établir une correspondance et ne renverra aucun résultat.

 

Les données Exif

 

Toujours dans le domaine de l’analyse "technique", il est utile de se familiariser aux données Exif contenues dans les fichiers photos. Lorsqu’une caméra ou un smartphone prend une photo, il intègre automatiquement des données "cachées" dans le fichier qu’il produit. Un fichier .jpeg, ou autre, peut par exemple contenir la date de la prise de vue et la marque de l’appareil utilisé. Sur PC, un clique droit sur la photo (puis propriétés>avancées) permet d’accéder à ces informations. Un outil comme le Jeffrey’s Exif viewer peut aussi vous simplifier la tâche en extrayant ces données. Et même de placer l’image sur une carte, si la photo a été prise avec un smartphone.

 

 

Attention, là encore, n’espérez pas que la technologie résolve tous vos problèmes. Les données Exif se perdent très souvent lorsque les photos sont publiées sur Internet, sur un site ou sur les réseaux. Elles peuvent également disparaître lorsque le cliché passe sur Photoshop. Cherchez donc toujours à récupérer la photo originale. Si le cliché vous est envoyé directement par email, il devrait avoir conservé ses données Exif.

[ACTUALISATION] Certains outils d'analyse des métadonnées fonctionnent désormais également pour les vidéos. Si vous uploadez une vidéo sur Jeffrey’s Exif viewer, l'outil parvient parfois à récupérer la date et l'heure de la prise de vue. Mais comme pour les photos, la plupart des plateformes de partage de vidéos effacent les métadonnées. Cette technique ne fonctionnera donc que si vous disposez de la vidéo originale (envoyée par email, wetransfer, etc). Si la vidéo a été postée sur YouTube, ou Facebook, elle aura perdu ces informations. D'après nos tests, il semble que seules les vidéos postées en natif sur Twitter gardent ces données. Certains fichiers transférés par Whatsapp peuvent également être analysés grâce au Jeffrey’s Exif viewer, mais c'est assez rare, car en général cet outil efface lui aussi toutes les métadonnées.

 

Bémolimportant avec cette analyse de données : toutes ces informations peuvent avoir été modifiées par une personne qui cherche sciemment à vous manipuler. Il est en effet possible d’altérer ces données Exif. Même si en pratique, peu d’internautes vont aussi loin dans la manipulation.

 

 

La géolocalisation c’est fantastique, mais…

 

La date d’une image peut être fausse, la localisation aussi. Beaucoup de fake sont tout simplement des photos prises dans un pays et diffusées comme illustrant un événement qui se déroule dans un autre pays. Pour éviter cet écueil, de plus en plus de journalistes font des recherches géolocalisées sur les réseaux sociaux. L’objectif étant de ne s’intéresser qu’aux photos publiées à proximité de l’événement, en mettant en sourdine les internautes qui postent sur Twitter des messages alors qu’ils sont à des milliers de kilomètres de l’action. De nombreux outils, payants ou gratuits, existent pour géolocaliser les messages publiés sur les réseaux (Yomapic, Echosec, Gramfeed, SAM Desk, Geofeedia, etc). On peut aussi se servir du moteur de recherche avancé de Twitter (https://twitter.com/search-advanced?lang=fr).

 

 

 

Et pour ceux qui utilisent Tweetdeck – outil permettant d’organiser son fil Twitter – il est possible d’ajouter un code de géolocalisation à ses recherches (ex: geocode:44.467186,-73.214804,200km). Ça n’est pas si compliqué, et c’est expliqué ici.

 

La géolocalisation, ça aide, mais comme la plupart des outils que nous décrivons ici, on ne peut pas s’y fier aveuglément. Car un Yéménite peut très bien poster sur Twitter une photo qu’il a reçue par mail. L’outil de géolocalisation vous fera remonter son image comme pertinente si vous cherchez des images sur le conflit dans ce pays, même si elle a été prise à des milliers de kilomètres de là.

À la lecture de cet article, vous commencez à vous dire que les enquêtes sur les réseaux sociaux sont stériles, car aucun outil ne semble capable de déboucher sur la certitude qu’une image est vraie ou fausse. Pourtant, reprenez espoir, car l’analyse technique, aussi imparfaite soit-elle, est particulièrement efficace quand elle est couplée à une enquête journalistique. L’idée n’est pas ici de rappeler les principes de la vérification de l’information (le croisement des sources ; les cinq w, etc  ). Concentrons-nous sur les techniques qui sont plus spécifiques aux images publiées sur les réseaux sociaux.

 

L’analyse d’image

 

Là encore, pas de recette miracle. Il suffit d’exercer son regard à repérer les détails incohérents dans une image, et se poser les bonnes questions. Quelques exemples.

 

 

Cette image a été diffusée par erreur dans un JT de France 2. La scène était présentée comme se déroulant en Iran, en décembre 2009. Cette photo est intéressante car elle offre plusieurs détails permettant de la vérifier. Les boucliers de la police iranienne sont-ils de cette couleur ? Les trottoirs de Téhéran peints en jaune ? Les jeunes Iraniens habillés de cette façon ?

 

La photo avait en réalité été prise au Honduras. Et le moyen le plus sûr de savoir qu’elle était mal légendée était de la montrer à un Iranien : lui peut vous dire qu’à Téhéran en décembre, il fait froid, et qu’on on ne s’y promène pas en tee-shirt.

 

Autre exemple, plus récent. La crise des migrants est un thème qui génère une désinformation abondante. Nous avons démonté de nombreuses intox, dont cette vidéo partagée au départ sur des réseaux d’extrême droite.

D’après la légende sur YouTube, la vidéo montrerait un groupe de migrants attaquer une voiture de police à Erfurt, une ville du centre de l’Allemagne. Deux détails pouvaient néanmoins faire tiquer. D’abord, on entend les assaillants crier en allemand, ce qui peut sembler étonnant pour des migrants syriens ou afghans fraîchement débarqués. Ensuite, une recherche rapide sur Google permet de retrouver les modèles de camions dont dispose la police d’Erfurt. Or depuis plusieurs années, ces véhicules sont peints en bleu, et non en vert. La vidéo a été en réalité tournée en 2011 à Dortmund. Et, comble de la désinformation, ce sont les militants de groupuscules néonazis qui ont commis ces violences… 

 

Google Maps, Earth, et Street View

 

Pour examiner une photo ou une vidéo, il faut s’attacher aux détails : vêtements, architecture, météo, accents, forme des plaques d’égout, etc. Il suffira parfois de vérifier la météo du lieu (avec ce type d’outil http://www.wunderground.com/history/), ou de faire visionner les images à un local, pour repérer l’intox. Certains outils permettent également de visualiser des lieux qui vous intéressent. Vous pouvez par exemple tester Panoramio (http://www.panoramio.com/), un outil qui rassemble des photos amateur géolocalisées. Mais une fois encore, ce sont des services de Google qui vous seront le plus souvent utiles. Google Maps, Earth et Google Street View permettent d’entrer une adresse et de visualiser la topographie, voire les détails d’un lieu. Petit test. Regardez cette photo attentivement. Comment feriez-vous pour vérifier l’endroit où elle a été prise ?

 

 

Ici, rien de sorcier. On distingue une adresse sur un panneau de rue : 20, Bowery. Une recherche dans Google Maps vous indique qu’il s’agit d’une rue à New York, dans le quartier de China Town. Il suffit ensuite de cliquer sur Google Street View pour visualiser la rue et confirmer qu’il s’agit bien de l’endroit où a été prise la photo.

 

 

 

Google Maps et Google Earth peuvent être utilisés pour des enquêtes bien plus poussées. Ce sont parfois de petits détails dans une image (un pont en arrière plan, un panneau à demi caché, etc)  qui permettent de confirmer une localisation. Le groupe d’internautes Bellingcat mène par exemple régulièrement ce type d’enquête, appelant même les internautes à y participer. 

 

Qui est l’auteur ?

 

Toujours dans les réflexes à avoir lorsqu’on scrute les réseaux sociaux : s’intéresser au profil de l’internaute qui a posté l’image. On parle ici de la première personne l’ayant publiée, que l’on peut retrouver par exemple en utilisant Google Images (voir plus haut…). Une fois le "premier-posteur "retrouvé, il s’agit donc de regarder son historique de publication : publie-t-il régulièrement ? Toujours des vidéos prises dans la même zone ? Ses précédentes publications semblent-elles cohérentes ? Des petites questions qui permettent de déterminer un profil de YouTuber ou de Twittos et fait gagner du temps en écartant notamment les complotistes avérés. Prenons par exemple les premières frappes russes en Syrie, fin septembre 2015. De nombreuses vidéos sont sorties rapidement sur cette chaîne YouTube.

 

 

Avant même de comparer les images à celles de Google Earth, ou de les écouter pour vérifier les accents, la première chose à faire est de remonter le fil de publications du YouTuber. On s’aperçoit rapidement que cette chaîne poste depuis plusieurs mois des vidéos qui sont toutes tournées à Talbiseh, une ville syrienne où a effectivement frappé l’aviation russe. Un détail rassurant, même si cela n’est pas un élément de vérification suffisant.

 

Ce type de vérification est possible sur des réseaux tels que Facebook, Twitter, ou YouTube car ils gardent la trace de l’activité de l’internaute. L’arrivée des applications de messagerie instantanée, de type Whatsapp, rend ce travail plus difficile. Ces apps ne donnent presque aucune information sur la personne qui a posté la photo. Cette dernière n’est identifiée que par son numéro de téléphone – ce qui donne une indication sur son pays de résidence – mais il n’est pas possible de savoir ce qu’elle a posté avant, ou quels sont ses "amis". Dernière difficulté, Whatsapp efface dans la plupart des cas les données Exif des images qu’elle héberge. Un calvaire pour notre travail de vérification.

 

Utilisez les réseaux pour vérifier les réseaux

 

Quel que soit votre niveau de compétence, vous vous rendrez vite compte qu’on vérifie mieux à plusieurs que seul. D’une part parce que, par définition, un détail passe inaperçu. Et qu’il faut donc souvent que des milliers d’yeux regardent la même image pour qu’une incohérence soit repérée. On se rappelle de la célèbre fausse photo de Ben Laden mort. Alors que l’image avait déjà fait le tour des télévisions du monde entier, ce sont des internautes qui ont retrouvé les différents clichés qui ont servi à son trucage.

 

 

Une vraie photo de Ben Laden, vivant, a été "mixée "avec une photo de cadavre en Irak. On retiendra de cet exemple qu’il faut toujours lire les commentaires des internautes sur les images, surtout lorsqu’on a un doute. Il y en aura toujours un pour avoir repéré ce que vous n’avez pas vu.

 

Ensuite, sur les réseaux, on parle toutes les langues. Vous ne parlez probablement pas ourdou ou lingala, mais vous trouverez sur les réseaux des internautes qui ont cette compétence. Et, croyez en notre expérience : beaucoup de gens acceptent de vous aider lorsqu’on leur demande gentiment. Servez vous par exemple des réseaux pour demander les traductions des légendes sous les images, ou des commentaires des internautes. C’est plus fiable que Google Translate.

 

Créez votre propre réseau

 

S’appuyer sur les réseaux, donc sur des internautes que l’on ne connaît pas, a toutefois ses limites. Créer sa propre communauté est donc essentiel. À France 24, nous avons mis en place en 2007 la communauté des Observateurs, qui compte aujourd’hui plus de 6000 personnes, partout dans le monde, des "amateurs "qui collaborent avec nos journalistes pour couvrir l’actualité. Ce réseau de contacts, des personnes que nous connaissons et avec qui s’est établie une relation de confiance, nous permet de vérifier l’info plus rapidement, et mieux. Un exemple parmi d’autres. En octobre 2009, nous recevons les photos d’un assassinat en pleine rue à Conakry en Guinée. Très peu de journalistes sont basés dans ce pays, donc comment vérifier ?

 

 

Nous avons envoyé ces images à plusieurs de nos Observateurs dans cette ville. L’un d’entre eux y a repéré le panneau d’une pharmacie et à reconnu l’endroit. Il s’est donc rendu sur place et en parlant à des témoins de la scène, il a pu établir ce qu’il s’était passé ce jour là.

 

Certes, tout le monde ne dispose pas d’un réseau d’Observateurs. Grâce aux réseaux sociaux, n’importe qui a en revanche l’opportunité de se créer une communauté. Au travers de son compte Facebook, ou de Twitter, on peut engranger des contacts qui, parce qu’ils sont experts sur un sujet, ou parce qu’ils sont au bon endroit, vous aideront dans votre travail de vérification.

 

Et l’instinct dans tout ça ?

 

On a parlé technique, enquête, mais doit-on se fier également à son instinct ? Certainement, mais même l’instinct, ça s’acquiert. Que diriez-vous par exemple de cette vidéo ?

 

 

La scène a été relayée par de très nombreux médias. Elle avait tout pour faire le buzz, mais justement, la vidéo nous a semblé trop parfaite. On peut dire que c’est notre instinct qui nous a mis sur la piste, mais il s’appuyait en fait sur des éléments concrets. La vidéo est courte, l’action resserrée, et elle se passe entièrement dans l’axe de la caméra. Trop parfait. Ensuite, l’homme tombe à terre, puis s’enfuit sans demander son reste malgré l’humiliation qu’il vient de subir… étonnant. Nous avons donc retrouvé le bar russe dans lequel s’est passée cette scène, nous l’avons appelé, et nous avons découvert le pot-aux-roses. Il s’agissait d’une mise en scène filmée par une agence de publicité.

 

La manip’ ne vient pas toujours d’où on l’attend

 

Ce genre d’intox lancée par des publicitaires est malheureusement de plus en plus courant. On se rappelle aussi de ce périple d’un faux migrant monté de toutes pièces pour promouvoir un festival de photo. 

 

Les publicitaires ne se préoccupent pas de la crédibilité des médias ou des réseaux sociaux. Vous faites une erreur et vous partagez leur intox ? Tant mieux, ils ont réussi leur coup.

 

Gardons en tête qu’ils sont nombreux ceux qui ont intérêt à nous désinformer. Des États, des groupes politiques, des complotistes… et même des personnes bien intentionnées. Des ONG, ou de sympathiques activistes peuvent aussi vous transmettre sans le savoir une photo complètement fausse. Et parce que vous avez tendance à soutenir leur cause, vous risquez d’être moins vigilant dans votre travail de vérification. Donc doutez, doutez, doutez… Et contactez notre équipe si vous avez besoin d’un coup de main : observateurs@france24.com

 

Quelques personnes à suivre

 

Les spécialistes de vérification des images à suivre absolument sur Twitter (liste non exhaustive) :

 

Malachy Browne, @malachybrowne de @reportedly (et bien sûr son collègue @acarvin)

Tom Trewinnard, @Tom_El_Rumi de @checkdesk et @Meedan

Claire Wardle du @TowCenter

La coalition d’experts @firstdraftnews menée par Jenni Sargent, @JenniSarge

Dhruti Shah, @dhrutishah de @BBCnews

Joey Galvin @Joey_Galvin de @storyful

Jochen Spangenberg, @jospang de @revealEU

Anne-Marie Lupu, @amloopoo de l’EBU

 

 

Quelques lectures (en anglais)

 

Le guide le plus complet de vérification

 

Les 12 conseils de Malachy Browne

 

Le site spécialisé First Draft

 

Le blog de l’agence spécialisée en UGC Storyful

 

Le guide de vérification du Citizen Evidence Lab

 

 

 

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