ECONOMIE - Avec une croissance du PIB de 1,1% sur les trois premiers trimestres, selon les données de l'Insee, le gouvernement peut se réjouir d'avoir rempli l'objectif qu'il s'était fixé en début d'année.
Il n'en fallait pas plus au ministre des Finances Michel Sapin pour crier victoire. Dans une interview, il a estimé que le pays était "sorti de cette trop longue période de croissance extrêmement faible".
"Nous sommes entrés dans une nouvelle phase. Cela présage, sans pour autant que ce soit une certitude, une croissance plus élevée pour l'année prochaine", a-t-il ajouté. Pour 2016, le gouvernement table officiellement sur une hausse de 1,5% du produit intérieur brut. Un objectif accessible selon la Banque de France qui prévoit 0,4% de croissance pour le dernier trimestre.
Si les prévisions de Michel Sapin sont donc crédibles, ses conclusions sur une "nouvelle phase de croissance" sont un peu hâtives. "Le ministre est dans son rôle quand il dit ça, mais la reprise est très lente et fragile", regrette Christopher Dembik, économiste chez SaxoBank.
Les entreprises n'ont toujours pas repris confiance en l'avenir
Dans le détail des données Insee, on découvre, pour les bonnes nouvelles, que la consommation des ménages est stable, et que la production industrielle enregistre un sursaut. Mais on constate aussi que les investissements des entreprises n'ont toujours pas redémarré, tandis que le moral des entrepreneurs est en berne.
"Malgré tous les efforts du gouvernement, et un contexte international favorable [euro faible, baisse du pétrole, NDLR], les entreprises n'ont toujours pas confiance en l'avenir", décrypte Christopher Dembik.
Or, sans reprise des investissements, pas de baisse du chômage. Le gouvernement le sait très bien, lui qui fait tout depuis le début de l'année pour les motiver: "coup de pouce fiscal" de 2,5 milliards d'euros, simplification du code du travail, déclaration publique, etc.
Inquiétude sur l'impact de la croissance mondiale
Le 10 novembre, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a exprimé ses doutes sur le retour de la croissance sur Europe 1."Ce qui est vrai, c'est que nous avons une économie qui reste extrêmement atone, que ce sera vraisemblablement la même chose pour l'année prochaine", a-t-il reconnu.
"Les bonnes nouvelles ne viendront pas de l'extérieur. […] Nous avons un problème de demande au niveau mondial aujourd'hui et il n'y a plus qu'un moteur qui est allumé", celui des États-Unis, a ajouté Emmanuel Macron.
Comme en écho à ses inquiétudes, les doutes sur la réalité du PIB chinois sont de plus en plus vifs. La réalité du la croissance de son PIB s'annonce plus de 3% que des 6-7% annoncés par le gouvernement chinois. Ce ne serait évidemment pas une bonne nouvelle pour la croissance mondiale, et celle de la France dans son sillage.
Du coup, le consensus des économistes envisage une croissance de 1,5% en 2016, et de 2 à 2,5% grand maximum dans les années à venir. C'est mieux qu'aujourd'hui, mais encore trop faible pour faire baisser rapidement le nombre de chômeurs.