Marine Le Pen le 25 mars 2014 à Nanterre

Marine Le Pen le 25 mars 2014 à Nanterre

afp.com/Pierre Andrieu

Une opportunité "de faire gagner le souverainisme", c'est ce qui a poussé Vincent Morelle à rejoindre le Front national en avril 2013. Lundi, cet ex-directeur de campagne a rendu sa carte, "écoeuré" par le racisme et l'amateurisme du parti frontiste. Dans Libération, il raconte son passage au sein du mouvement d'extrême droite.

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"Notre score sera celui de Marine Le Pen"

Ce qui interpelle dans le récit de ce jeune homme de 24 ans, c'est le manque de sérieux des personnes avec qui il a travaillé. "J'ai adhéré au Front en avril 2013, quand je me suis installé en Seine-et-Marne avec ma compagne" raconte-t-il. Quelques mois plus tard, il rencontre Béatrice Roullaud la candidate aux municipales investie par le FN pour affronter Jean-François Copé à Meaux.

"Dès la première rencontre, elle m'a proposé de devenir son directeur de campagne" poursuit Vincent Morelle. Un peu surpris, il accepte tout de même.

L'étonnement est encore là, à la rentrée 2014, lorsque débute réellement le marathon électoral. Le choix des thèmes de campagne? "Pour le moment, c'est une perte de temps: on va d'abord boucler la liste. Notre score sera celui de Marine Le Pen" lui assure la candidate.

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Un colistier ivre du soir au matin

Béatrice Roullaud est sujette à la paranoïa raconte le Vincent Morelle. "Elle est persuadée que Copé l'a mise sur écoute, elle a peur qu'il la cambriole pour obtenir sa liste. Même à moi, qui étais son directeur de campagne, elle ne voulait pas donner le nom de ses colistiers" raconte-t-il à Libération. Une situation qui trouve un semblant d'explication quelques mois plus tard lorsque la candidate se plaint d'avoir du mal à constituer sa liste. Commence alors une campagne de recrutement.

"Elle a pris un candidat tellement ivre du matin au soir qu'il en oubliait son nom, un autre qui entend des voix! Un soir, on a toqué chez une mémé de 88 ans, qui venait de perdre sa fille, et pendant une demi-heure, elle lui fait un câlin, lui a proposé de sortir son chien, de l'emmener au cimetière, tout en insistant pour qu'elle soit sur sa liste..." déplore l'ancien directeur de campagne.

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"Riester, cette pédale..."

L'amateurisme n'est pas le seul problème que rapporte le jeune homme. Vincent Morelle raconte aussi le racisme et l'homophobie endémique au Front national. "A l'inauguration de la permanence de La Ferté-sous-Jouarre, le 9 décembre, j'ai aussi entendu 'Taubira, la sale guenon', ou 'Riester, cette pédale, on ne sait même pas si c'est un homme ou une femme'". Le mariage pour tous n'est pas loin et l'homosexualité assumée du député UMP ne passe pas auprès de sympathisants frontistes.

"L'amateurisme, c'est une chose. Après tout, des incompétents, on en trouve partout. Mais les propos que j'ai entendus n'ont pas à être tenus ni tolérés. Ce n'est pas ma guerre: je ne me bats pas contre les Juifs ou les Noirs" explique l'ancien directeur de campagne dans les colonnes de Libération avant de mettre en cause la direction nationale. "Un général d'armée est responsable des exactions de ses troupes" conclut-il.

Malgré cette expérience, Vincent Morelle n'a pas l'intention d'abandonner la politique. "Je compte bien me réengager" explique-t-il. Si pour l'instant, l'ancien cadre a sa carte à Debout la France, il affirme avoir plusieurs pistes et ne pas avoir pris de décision définitive.

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