Presque personne n’en a entendu parler et pourtant, un événement majeur vient de se produire en Afghanistan, affirme Taran Khan dans un billet posté lundi 23 novembre sur le site d’information indien Scroll.in. La journaliste, qui vit entre Bombay et Kaboul, raconte : “Le 11 novembre, deux jours avant les attentats de Paris, les rues de la capitale afghane se sont remplies de manifestants portant sept cercueils sur leurs épaules”.

Une démonstration puissante

La foule, de plusieurs milliers de personnes, s’est dirigée vers le palais présidentiel pour rendre hommage aux membres de la minorité chiite hazara, parmi lesquels deux femmes et un enfant de neuf ans, qui avaient été enlevés, probablement par des membres de l’organisation Etat islamique. Leurs corps ont été retrouvés égorgés dans la province de Zaboul, dans le sud du pays.

Element inconnu

“Dans le défilé, il y avait des Hazaras mais aussi des membres d’autres ethnies, souligne Taran Khan, c’était un moment remarquable de solidarité et de résistance, la démonstration puissante de la colère du peuple afghan face à la haine et à la violence qui détruit la société”. Selon elle, le silence des médias d’Inde, du Bangladesh et du Népal a été dur à supporter, alors que les principaux journaux occidentaux relataient l’événement. Dans le sous-continent, seule la voix de la chercheuse Martine Van Bijlert s’est fait vaguement entendre, pour souligner que si l’Afghanistan “est peut-être un pays violent, il n’en est pas moins sensible”.

Des histoires simples

Taran Khan s’interroge : “Est-ce parce que les images du rassemblement ne correspondaient pas à l’idée que l’on se fait de cette ville que l’on ne connaît qu’à travers la guerre ?” Pour avoir été correspondante de journaux indiens à Kaboul, elle sait combien il est difficile de “sortir de la caricature” et de “raconter des histoires simples” sur l’Afghanistan.

“Ce dont Kaboul a besoin, ce n’est pas de prières ou de larmes, mais de la dignité d’être écoutée”, conclut la journaliste. Tant que leurs appels à la paix ne seront pas entendus, les Afghans “ne seront pas en mesure de comprendre pourquoi ils devraient être en deuil pour Paris”.