Transport : la France accélère sur l’hydrogène

Alors que le gouvernement en fait l’un des axes de développement de l’industrie française, l’hydrogène fait l’objet de nombreuses initiatives à travers le pays.

Alors que le coût sociétal provoqué par les émissions de CO2, les bruits et les polluants locaux s’établit à 510 euros/an pour un véhicule thermique, il atteint seulement 160 euros pour un véhicule hydrogène.
Alors que le coût sociétal provoqué par les émissions de CO2, les bruits et les polluants locaux s’établit à 510 euros/an pour un véhicule thermique, il atteint seulement 160 euros pour un véhicule hydrogène.
(Photo iStock : adrian825)

    Certaines technologies d’avenir restent éternellement à venir. Inventée en 1839, la pile à combustible s’est cantonnée aux laboratoires jusqu’en 1965 avant d’embarquer à bord d’une capsule spatiale américaine.

    Réservé pendant longtemps à l’aérospatiale et ce malgré ses promesses, l’hydrogène a mis du temps à émerger dans le transport. A tel point que certains lui prédisaient une mort certaine avant même sa naissance. Depuis quelques mois, la donne a changé. En avance de phase, le Japon développe son réseau de stations-service alors que la France tente de rattraper son retard en multipliant les initiatives.

    Du plus modeste au plus important, plusieurs projets ont rythmé l’actualité automobile ces derniers mois. Ainsi, le conseil départemental de la Manche a commandé 5 Hyundai ix35 Fuel Cell dont il prendra possession en décembre 2015. Ce SUV est propulsé par une pile à combustible qui fonctionne à l’hydrogène.

    Avec une vitesse maximale de 160 km, le véhicule affiche une autonomie de 600 km avec un seul plein. Prix de ce bijou technologique : 59 700 euros grâce au versement du bonus de 6 300 euros. La facture pour les cinq exemplaires avoisine donc les 300 000 euros. Jolie somme que le Conseil départemental de la Manche a pu débourser grâce à une aide de la Commission Européenne.

    L’enveloppe globale de 4 millions d’euros servira également à financer les 15 stations de ravitaillement d’hydrogène qui seront construites en Basse Normandie entre 2015 et 2018.

    Autre signe annonciateur d’un développement à venir, Michelin s’est invité dans le capital de Symbio FCell, PME Grenobloise qui travaille sur les technologies de la pile à combustible. La start-up a déjà livré plus de 50 Renault Kangoo équipé d’un prolongateur d’autonomie qui fonctionne à l’hydrogène et a d’ores et déjà enregistré 1 000 commandes pour 2016.

    La Poste et le chimiste Solvay expérimentent déjà des véhicules de ce type sur le territoire hexagonal. Mais la plus grande flotte roule dans les régions de Grenoble et Lyon dans le cadre du projet HyWay. Déjà 21 véhicules hydrogène ont été livrés et 50 le seront à terme. Soutenue financièrement par l’Ademe, la région Rhône-Alpes et les fonds européens FEDER, cette expérience rassemble 18 entreprises utilisatrices autour de quatre stations de ravitaillement.

    De son côté, la Mairie de Paris vient d’intégrer 6 Renault Kangoo et une Toyota Mirai qui fonctionnent à l’aide d’une pile à combustible. Pour accompagner ce déploiement, la municipalité inaugure une station d’hydrogène à Ivry-sur-Seine (94) au moment de la COP21. Ce nouveau point de distribution viendra compléter le réseau français qui compte seulement 7 stations.

    D’après l’Association française pour l’hydrogène et la pile à combustible (Aphypac), le nombre de points de ravitaillement devrait atteindre la vingtaine d’ici à fin 2016 et 600 véhicules à hydrogène devraient rouler sur les routes hexagonales à cette date.

    Le Gouvernement français a également décidé de développer l’hydrogène dans le cadre de son plan baptisé Nouvelle France Industrielle. Réunissant des entreprises publiques et privées (*), le consortium Mobilité Hydrogène France a lancé en 2013 une étude sur l’évaluation du potentiel de développement de l’hydrogène sur le territoire hexagonal et a proposé un plan de déploiement.

    Si le Gouvernement suit ses préconisations, 800 000 véhicules hydrogène pourraient rouler sur les routes françaises à l’horizon 2030 et, à cette même date, 600 stations devraient permettre de les alimenter. Alors que le coût sociétal provoqué par les émissions de CO2, les bruits et les polluants locaux s’établit à 510 euros par an pour un véhicule thermique, il atteint seulement 160 euros pour un véhicule hydrogène. En suivant les conseils de Mobilité Hydrogène France, l’économie réalisée serait de 500 millions d’euros entre 2015 et 2030.

    D’ici 15 ans, 1,2 million de tonnes de CO2 ne serait pas dégagé dans l’atmosphère, soit l’équivalent des émissions de 780 000 véhicules diesel. Le bénéfice environnemental est bel et bien prometteur et si la volonté politique s’affirme, l’hydrogène devrait trouver sa place en France dans les 15 prochaines années.

    (*)Le consortium « Mobilité Hydrogène France » regroupe les acteurs suivants : Air Liquide, Alphéa Hydrogène, AREVA Stockage d'Energie, CEA, AREVA H2Gen, EDF, GDF SUEZ, GRTgaz, H2 Logic, Hyundai, IFPEN, INEVA-CNRT, Intelligent Energy, ITM Power, Linde, Michelin, McPhy Energy, Plateforme de la Filière Automobile, Pôle Véhicule du Futur, PHyRENEES, Renault Trucks, Solvay, Symbio FCell, Tenerrdis avec des experts de l'ADEME, de la DGEC et du FCH-JU.