Aberkane - Un Français a trouvé la solution pour la pénurie de sang dans le monde

Franck Zal a fait une découverte révolutionnaire. Mais, en France, le temps entre la découverte fondamentale et la création d'emplois reste très long.

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La pénurie mondiale de sang à transfuser est estimée par l’Organisation mondiale de la santé à 100 millions de litres par an.
La pénurie mondiale de sang à transfuser est estimée par l’Organisation mondiale de la santé à 100 millions de litres par an. © VACCA/SINTESI/SIPA

Temps de lecture : 3 min

Cet homme pourrait avoir un Nobel. Mais dans le cas de Franck Zal, ce qui compte, ce ne sont pas les prix, mais les vies sauvées, et les emplois créés. En France, la conversion recherche-emploi est fragile. La grande précarité des doctorants et des post-docs en témoigne, alors que la demande de tels profils ne cesse d'augmenter dans le privé. D'aucuns prétendent assister, tout de même, à une « renaissance du docteur » en France. Mais convertir la recherche en emplois reste structurellement difficile. Franck Zal a pu en témoigner. Lui qui a eu toutes les difficultés du monde à valoriser ses remarquables travaux. Qu'importe, le voilà à la tête d'une start-up révolutionnaire, Hemarina, qui produit les meilleures solutions au monde pour oxygéner les greffons, et une solution pour résoudre la pénurie mondiale de sang à transfuser, estimée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à 100 millions de litres par an.

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La découverte de Franck Zal porte sur un ver pourtant très connu des biologistes, l'arénicole, dont l'apparence est proche de celle du premier animal à avoir développé l'hémoglobine dans l'évolution. Du coup, son sang possède des propriétés très précieuses, et c'est là que se situe la géniale découverte de Zal. D'une part, l'hémoglobine d'arénicole est universellement transfusable, et, n'étant pas portée par des globules rouges, elle peut être lyophilisée ; d'autre part, elle est cinquante fois plus oxygénante que l'hémoglobine humaine. Le potentiel d'application de cette découverte est immense, et l'une d'elles consiste à oxygéner les organes à greffer. Lors d'une transplantation, en effet, le premier ennemi du chirurgien est l'hypoxie (la suffocation) du greffon ; des centaines d'organes sont ainsi perdus dans le monde entier par manque d'une hémoglobine suffisamment performante pour les préserver.

L'armée américaine fascinée par les recherches de Zal

Si Zal a eu tant de mal à traverser le Rubicon qui sépare encore le laboratoire public de la création d'emplois, l'armée américaine est déjà fascinée par ses recherches. Philosophiquement, ce cas est remarquable : quand les GI ont débarqué en Normandie, ils cherchaient désespérément un substitut d'hémoglobine humaine ; l'albumine, bien que très inefficace, était le moins mauvais des ersatz. L'ironie de cette histoire, c'est que la solution était sous leurs pieds ! Les arénicoles des plages du Débarquement détenaient le secret d'une transfusion universelle. La nature est une bibliothèque, il faut la lire au lieu de la brûler…

En France, le temps entre la découverte fondamentale et la création d'emplois reste très long. Si Hemarina prépare une levée de fonds de plus de 14 millions d'euros en 2016, je ne peux donc que lui souhaiter de viser le Nasdaq quand elle entrera en Bourse, à l'instar de Criteo. En effet, l'histoire du Français Franck Zal, dont la découverte date de vingt ans, et qui a tout de même eu besoin de l'armée américaine pour percer, me rappelle ce discours de Barack Obama : « Les idées, voilà ce qui fait tourner notre économie. C'est ça qui nous distingue. C'est ce que l'Amérique a toujours été. Nous avons toujours été une nation de rêveurs, de preneurs de risques ; des gens qui voient ce que personne ne voit, avant tous les autres. Nous faisons de l'innovation mieux que personne - et cela rend notre économie plus forte. Quand nous investissons dans les meilleures idées avant tous les autres, nos entreprises et nos travailleurs peuvent faire les meilleurs produits, et délivrer les meilleurs services avant tout le monde. » Voilà qui éclaire le différentiel de dynamisme entre la France et les États-Unis.

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Commentaires (17)

  • Jean François Chaussier

    Pasteur n’était pas médecin bien qu’étant membre associé libre de l’académie de médecine et à ce titre il a été confronté au scepticisme scientifique de détenteurs de la science achevée. Combien d’innovations en France ont subi le même sort avant d’être reconnues en France après avoir été exploitées à l’étranger ? L’innovation en France est victime de son élitisme et nos innovateurs s’exilent. Cette remarque s’appuie sur des travaux personnels portés à la connaissance de stagiaires chinois et exploités avec succès et efficacité dans leur pays.

  • Rocla

    Cette start up me fait penser à l'un des leaders (français) des impression 3D passé sous pavillon américain l'année dernière, parce qu'elle était prometteuse. C'est sûr qu'avec des socialistes (mentalement étatiques pour ne pas dire marxistes) au pouvoir, nous ne sommes pas prêt de favoriser le business tricolore...

  • Est-ce l'argent ? Le savoir-faire ? La volonté de foncer dans le vide ? Question fondamentale : Est-ce que le produit est monnayable ?