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En 20 ans, les Français n’ont jamais autant utilisé le découvert bancaire

Les encours de découvert des particuliers atteignent à présent le niveau record de 7,6 milliards d’euros. Longtemps stigmatisé, ce mode de financement est désormais intégré dans l’offre classiques des banques.

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Les encours de découvert des particuliers atteignent à présent le niveau record de 7,6 milliards d’euros.

Par Édouard Lederer

Publié le 10 déc. 2015 à 18:07

Fins de mois difficiles ou simple recherche de souplesse budgétaire ? Trimestre après trimestre, la tendance se confirme : sur leurs comptes bancaires, les Français sont de plus en plus souvent « dans le rouge ». Au total, selon la Banque de France les comptes ordinaires étaient débiteurs de 7,6 milliards d’euros à fin juin (dernières données disponibles), ce qui représente le plus haut niveau de déficit depuis 1993 (date des premières statistiques).

Malgré quelques à-coups, la hausse est continue depuis 2008. Dans le même temps, le nombre de foyers à découvert a lui aussi augmenté. Selon l’Observatoire des Crédits au ménages, à fin 2014 plus d’un ménage sur quatre (26,4 %) utilisait cette possibilité, contre 24,5 % dix ans plus tôt. L’évolution peut paraître modeste en pourcentage, mais elle correspond en réalité à plusieurs dizaines de milliers de ménages supplémentaires qui affichent une attitude désormais décomplexée vis-à-vis du découvert.

Changement d’attitude de fond à l’égard de l’endettement

Il ne s’agirait de fait que marginalement de dépassements « accidentels », la grande majorité correspondant à un changement d’attitude de fond à l’égard de l’endettement. Ainsi, plus un ménage est endetté par ailleurs, plus il a tendance à utiliser son découvert. Pour l’Observatoire des crédits, il peut s’agir d’une personne « pilotant » simplement ses dépenses en anticipant ses revenus futurs, soit - à l’inverse - « de pallier les insuffisances du revenu courant », le risque étant alors de basculer dans le surendettement en cas « d’accident de la vie », comme un divorce ou une perte d’emploi.

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C’est paradoxalement la loi Lagarde de 2008 - qui visait notamment à encadrer beaucoup plus strictement les solutions de crédits renouvelables (« revolving ») - qui a favorisé ce retournement de tendance. En effet, cette réforme - ainsi que la crise financière - ont conduit au repli très prononcé de ce mode de crédit qui - lorsqu’il est bien maîtrisé - sert de réserve d’argent. Désormais, le « revolving » existe toujours, mais il a été repositionné par les établissements de crédit : les emprunteurs y ont recours en appoint et sur de plus petits montants que par le passé. Au total sa place s’est fortement réduite, son encours passant de 31 milliards d’euros en 2008 à 20 milliards d’euros à la fin du deuxième trimestre.

Les banques intéressées

Les consommateurs en recherche de facilités de caisse se sont pour partie reportés sur le découvert...autorisé. En effet, c’est bien parce que la banque « autorise » dans certaines limites ces dépassements de budgets que l’offre se développe. Il faut dire que le risque est très limité, puisqu’il porte sur des montants relativement faibles, et que la banque connaît par définition très bien cet « emprunteur ». Surtout, ce risque est très bien rémunéré, le taux effectif moyen du découvert étant actuellement de 10,02 %. Dans un environnement de taux actuellement au plancher, un tel niveau de rémunération fait pour les banques figure d’heureuse exception.

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