Les réfugiés sont les bienvenus en Allemagne. Il n’est pas question de fixer une limite au-delà de laquelle ils ne seraient plus admis dans le pays. Mais pour qu’ils aient une chance de s’intégrer, il faut absolument que le rythme auquel ils entrent dans le pays diminue. Tel est le message que le parti social-démocrate (SPD) réuni en congrès du 10 au 12 décembre a voulu faire passer. Alors que le sujet divise la CDU d’Angela Merkel qui tient son propre congrès lundi 13 et mardi 14 décembre, le SPD a tenu à afficher son unité sur cette question.
Au nom de la direction du parti, c’est Malu Dreyer, ministre-présidente de la Rhénanie-Palatinat, qui a présenté une motion sur le sujet. Après avoir mis en valeur un réfugié célèbre – Willy Brandt qui avait émigré vers la Norvège dès 1933 –, Malu Dreyer a prononcé un vibrant plaidoyer en faveur de l’intégration et de la cohésion sociale. Au nom de cette dernière, le SPD refuse que les réfugiés qui entrent sur le marché du travail perçoivent moins que le salaire minimum, comme l’envisagent certains conservateurs.
Martin Schulz dénonce une UE de moins en moins solidaire
Les dirigeants sociaux-démocrates ont pris soin de préciser qu’il ne fallait pas opposer les réfugiés et les Allemands modestes et avoir l’air de retirer à ceux-ci ce que l’on donne à ceux-là. De son côté, Martin Schulz, président du Parlement européen et membre du SPD, a dénoncé une Europe de moins en moins solidaire, évoquant « la vingtaine de pays » qui ne veulent pas accueillir de réfugiés, y compris certains dirigés par des sociaux-démocrates, a-t-il dit. Il a par ailleurs dénoncé la Pologne qui reçoit d’importantes subventions européennes mais dont le nouveau gouvernement, très à droite, refuse d’accueillir des réfugiés.
Comme Sigmar Gabriel, président du SPD, vice-chancelier et ministre de l’économie, doit prendre la parole vendredi matin, la première journée a également été marquée par un discours de Frank-Walter Steinmeier, ministre des affaires étrangères. Alors que, traditionnellement, le SPD est sensible aux sirènes pacifistes, M. Steinmeier a exhorté ses camarades à faire preuve de « courage ». Face à certains militants sociaux-démocrates qui regrettent que le gouvernement allemand envoie la Bundeswehr combattre l’organisation Etat islamiste, M. Steinmeier a affirmé qu’ « il y aura une solution politique mais je ne peux pas ne pas voir que l’IS [Etat islamique] ne veut pas de solution politique ».
Plaçant ses espoirs dans les négociations qui se sont engagées à Vienne et qui réunissent la Russie, les Occidentaux, l’Iran, l’Arabie saoudite et la Turquie, Frank-Walter Steinmeier en a profité pour rappeler, sous les applaudissements, qu’« il faut plus et non pas moins de dialogue avec la Russie ». Pour lui, les conflits en Syrie et en Ukraine sont « trop complexes » pour pouvoir « toujours faire la différence entre les bons et les méchants ». Tout n’étant pas toujours « noir ou blanc », il faut faire preuve « de courage » et donc être capable de faire des concessions. Peut-être une référence implicite au rôle que devrait jouer à l’avenir le président syrien, Bachar-Al-Assad.
Samedi, Manuel Valls, le premier ministre français, interviendra au cours d’un débat sur l’Europe. Depuis plusieurs mois, celui-ci travaille discrètement avec, entre autres, Sigmar Gabriel, le chancelier autrichien Werner Faymann et Stefan Löfven, le premier ministre suédois, sur le rôle de la social-démocratie en Europe.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu