Si nous laissons faire, a prévenu aujourd’hui le Parlement européen, la contagion va s’étendre à d’autres pays. Ce n’est pas la première fois que les députés dénoncent l’atteinte aux libertés fondamentales de la part de la Hongrie, dont le premier ministre affirmait récemment à un quotidien allemand que « l’afflux de réfugiés musulmans constituait une menace pour l’identité chrétienne de l’Europe ».
Lors d’un précédent débat début décembre, Viktor Orban avait trouvé des alliés de choix et une caisse de résonnance au Parlement européen du côté des députés d’extrême droite, tout spécialement ceux du Front national. Nicolas Bay avait ainsi chaudement soutenu son modèle, affirmant que «Viktor Orban fait ce que tous les dirigeants européens auraient dû faire». Comme quoi, la « contagion » dont s’inquiètent aujourd’hui les députés européens, est déjà plus qu’avancée.
Depuis quelques mois, la dérive anti-démocratique de la Hongrie a d’abord frappé de plein fouet les migrants qui fuient les pays du Proche Orient ravagés par la guerre. Comme toujours dans les états en voie de radicalisation vers la droite extrême, ce sont les plus faibles, ceux à qui il ne reste plus rien, ces demandeurs d’asile « arbitrairement assimilés à des criminels », note le Parlement, qui deviennent les premières victimes.
Après avoir fait installer un mur de barbelés de 175 kms le long de sa frontière avec la Serbie, la Hongrie a promulgué une loi qui criminalise les passages illégaux de la frontière, augmentant dans le même temps les pouvoirs de l’armée, désormais autorisée à tirer.
Mais les députés ont pointé bien d’autres dérives menaçant l’état de droit en Hongrie : la liberté d’expression baillonnée, aussi bien dans la presse que dans les institutions universitaires ; « les restrictions et les obstructions aux activités des organisations de la société civile «, le Parlement pense ici aux menaces contre les ONG; « les droits des personnes appartenant à des minorités, comme les Roms, les Juifs et les personnes LGBTI ; le fonctionnement du système constitutionnel, l’indépendance du pouvoir judiciaire et de nombreuses allégations inquiétantes de corruption et de conflits d’intérêts ».
Déjà, il y a plusieurs mois, des députés avaient alerté sur l’explosion des affaires de corruption en Hongrie.
La résolution du Parlement européen, adoptée par 327 voix contre 293, et 61 abstentions, réitère l’appel du Parlement à la Commission pour “engager immédiatement un processus de surveillance en profondeur concernant la situation de la démocratie, de la primauté du droit et des droits fondamentaux en Hongrie”.